Christian Philip à l’Elysée

29 novembre, 2007 | LES GENS | 0 commentaires

philip1 Photo © Jean-Luc Mège

 

Propos recueillis par Marc Polisson

 

Il a abandonné à regret sa circonscription au profit de Dominique Perben. Mais, à l'entendre, Christian Philip n'a pas perdu au change. Conseiller personnel du président pour la francophonie, il occupe désormais l'ancien bureau de Claude Chirac, rue de l'Elysée où il a reçu Lyonpeople à l'occasion d'une interview exclusive.  

 

Ce poste de conseiller à la francophonie, est-ce une vraie satisfaction ou un pis-aller ?

Pour être franc, j'ai beaucoup aimé mon mandat de député, aussi bien le rôle du député à Paris, que les contacts d'un député en circonscription avec les Lyonnais et je mentirais en disant que j'ai abandonné ces fonctions avec plaisir. Ceci étant, dans le contexte qui a été celui du printemps dernier, la proposition qui m'a été faite de suivre les affaires de francophonie auprès du président de la république ne peut être considérée comme un pis-aller. C'est très intéressant, d'abord parce que je crois, de longue date, à la francophonie, et que j'y ai des amis, des réseaux, et j'espère avoir un rôle utile dans des fonctions qui sont aujourd'hui les miennes. J'aurais, c'est clair, préféré poursuivre mon mandat mais être aujourd'hui présent ici, c'est une expérience différente et c'est passionnant.

 

Est-ce mieux que président de Réseau ferré de France ou président de Lyon III ? Vous avez eu du mal à choisir…

Dans la vie il faut être disponible à des expériences. C'est vrai que RFF avait été une proposition, mais à un moment où je n'étais pas décidé à quitter mes fonctions de député, où j'espérais que la sagesse l'emporterait et que Dominique Perben comprendrait que ça n'était pas une bonne solution pour ma famille politique que de créer la division. Lyon III c'est autre chose, la proposition qui m'a conduit à être candidat, a été faite juste après la période électorale, parallèlement à ce qui s'est fait ici, et la vie en a décidé. Si l'élection à Lyon III avait eu lieu à la date prévue, et si j'avais été élu, finalement, je serais peut-être aujourd'hui président de Lyon 3 mais l'élection à la présidence a été retardée. Une fois que j'avais accepté des responsabilités ici, je suis pris 4 jours par semaine minimum, ce n'était plus possible.

 

Etes-vous conscient que ces renoncements successifs sont déplorables pour votre image ?

Je sais que certains le présentent comme cela, mais encore une fois, ce sont les circonstances de la vie. J'ai accepté cette fonction ici. Il se trouve qu'au mois de juillet, parallèlement à cette fonction ici, on m'a proposé une autre fonction très intéressante, qui est la présidence de la Fédération des Industries Ferroviaires. Il ne s'agissait pas de renoncer à Lyon III mais il y avait des choses qui se sont faites en juin et juillet qui rendaient, je dirais non sérieux, de poursuivre, car je n'aurais pu consacrer qu'une journée par semaine à Lyon III. La vie elle est faite de ça. Je n'ai pas eu l'impression de renoncer.

 

En quoi consiste exactement votre poste ici ?

Cette la fonction était occupée auparavant par Maurice Ulrich, ancien directeur de cabinet de Jacques Chirac lorsqu'il était premier ministre en 1986, et ancien sénateur de Paris jusqu'au dernier mandat. Mitterrand avait également un représentant personnel. J'assure le contact avec l'Organisation internationale de la francophonie, son secrétaire général le président Abou Diouf, l'agence universitaire de la francophonie, TV5, l'université Sangore, l'association des maires francophones…  Il s'agit d'assurer pour le président de la république le suivi de la francophonie multilatérale. Je proposerai dans les prochaines semaines, au président de la république, une stratégie globale en matière de francophonie.

philip2 Avez-vous déjà rencontré Nicolas Sarkozy pour en discuter ?

Oui, nous nous sommes rencontrés, et puis lorsqu'il y a des audiences, par exemple, lorsqu'il a reçu à la fin du mois de juillet le président Diouf, je suis avec lui. Donc, j'ai, en quelque sorte, un rôle de conseiller, de coordonnateur, en liaison avec le gouvernement et le secrétaire d'Etat à la francophonie.

 

Quelles sont les lignes directrices de votre projet ?

Mon premier projet c'est de convaincre le président – j'espère ne pas avoir trop à le convaincre, si l'on en juge par les propos tenus lors de la campagne électorale – d'avoir un vrai discours en matière de francophonie. La francophonie n'est pas une idée ringarde, ni un relent du colonialisme. L'idée de la francophonie, c'est que dans le monde d'aujourd'hui, si on veut éviter que mondialisation égale uniformité, il faut défendre la diversité culturelle et la diversité linguistique. Qu'on ait des vecteurs d'expression qui peuvent être l'anglais, bien sûr, mais que ça ne soit pas seulement l'anglais et je crois que c'est un combat très important.

 

Comment cela va-t-il se traduire concrètement ?

Et ce que je souhaite, c'est que le président de la république puisse s'exprimer clairement sur le sujet et qu'il adopte une ligne de route pour le gouvernement en la matière, donc  je me suis engagé à faire des propositions sur le sujet, après il y aura le temps de la concertation avec tous les ministres intéressés. La France aura un projet global qu'on réalisera point par point. Ça part de la promotion du français, ça passe par le multilinguisme, par un renforcement de notre présence dans le numérique, par des initiatives propres pour le développement. Ce que l'on aimerait faire, c'est apporter aux 68 pays qui appartiennent aujourd'hui à la francophonie une valeur ajoutée. Aujourd'hui, on a conscience de la nécessité de réaffirmer une identité. L'identité passe par la langue. La francophonie s'inscrit dans ce débat, sur l'identité, sur les valeurs.

 

Comment organisez-vous votre emploi du temps ?

Grosso Modo, j'essaie et je continuerai, pour autant que je le peux à exercer certains enseignements à Lyon III, le lundi matin et le vendredi après-midi. En fin de semaine mon activité locale de conseiller municipal. Je serai à Paris pour la francophonie et pour l'industrie ferroviaire environ 4 jours par semaine au-delà des voyages qu'il faut faire mais qui s'intègrent dans mon temps. Je reviens d'une semaine au Canada pour préparer le sommet de la francophonie qui aura lieu en octobre 2008 à Québec.

 

4 jours à Paris et 3 jours à Lyon, la vie lyonnaise vous intéresse-t-elle toujours autant ?

C'est la ville où je suis installé personnellement, c'est ma ville et je n'ai pas l'intention de l'abandonner.

 

En voulez-vous toujours à Dominique Perben de vous avoir piqué votre fauteuil de député ?

Je continue à penser que ça n'était pas souhaitable, ça n'est jamais souhaitable de diviser sa propre famille politique. Ceci étant, encore une fois, ça ne sert à rien de se retourner toujours sur le passé, ce qui est important aujourd'hui c'est l'action, c'est demain !

 

Demain, justement, allez-vous le soutenir pour les prochaines municipales ?

Il appartiendra à Dominique Perben de savoir s'il souhaite mon soutien et sous quelle forme. Je n'ai pas l'habitude – et je l'ai montré au mois de mai – de jouer contre mon camp. Donc si Dominique Perben souhaite que je participe à la campagne électorale et à l'équipe qu'il composera, j'y prendrai ma place. Mais c'est à lui de savoir s'il souhaite rassembler ou pas.

 

Estimez-vous qu'il soit le bon candidat pour battre Gérard Collomb ?

C'est le candidat, d'abord, et ça serait une erreur pour ma famille politique de changer de candidat à quelques mois des élections. Donc je crois que Dominique Perben peut être un très bon candidat à condition, je l'ai toujours dit, qu'il veuille bien rassembler autour de lui. Non seulement tous ceux qui partagent ses convictions au sein de l'UMP mais autour de l'UMP toute la droite et le centre lyonnais car à cette condition seule que l'on peut espérer battre Gérard Collomb.

 

Avez-vous des nouvelles de votre ex-suppléante, Marie Chantal Desbazeille ?

Oui, bien sûr. Elle reste présente à Lyon, et je crois, même si je n'ai pas à parler en son nom, et au-delà de son problème personnel, qu'elle souhaite aussi le rassemblement. Je crois que tous les élus et tous ceux qui sont militants ont envie de gagner. Ce qu'on attend du leader, c'est qu'il rassemble.

 

A vous voir ici dans vos bureaux de la rue de l'Elysée, on vous sent bien dans vos baskets, à votre place. N'est-ce pas ce rôle de conseiller qui vous convient  le mieux plutôt qu'un poste purement politique pour lequel on a l'impression que vous n'êtes pas franchement taillé ?

C'est aux autres de le dire. Ce que j'aime c'est l'action, c'est clair. Donc, quand on est en situation d'avoir la possibilité de jouer un rôle pour que certaines choses évoluent, c'est intéressant. Dans la fonction de député que j'ai eue, sincèrement je le disais, ce que j'ai apprécié aussi, c'est le contact sur les marchés, dans les magasins avec tout un chacun.

 

Vous n'aviez pas besoin de vous forcer là ?

Au début un peu, mais certainement pas après. J'ai appris à aimer être présent sur un marché. J'ai été plus présent que d'autres et j'ai apprécié cette opportunité de contact et quelques fois quand on est derrière un bureau, on est aussi un peu en dehors des réalités de la vie de tous les jours. C'est pour ça que c'est intéressant de rester un élu local, d'avoir la possibilité en fin de semaine, d'entendre un certain nombre de gens vous dire un certain nombre de choses directement. De sentir comment ils réagissent face aux décisions. Et je crois que c'est ça qui est aussi passionnant dans la vie politique, avoir ce contact avec les gens. Je n'ai peut être pas été formé pour ça mais j'ai appris à l'aimer et c'est vrai, ça me manque.

 

Vous n'avez donc pas abandonné toute ambition politique pour Lyon ?

D'abord dans la vie est faite d'expériences successives. Ensuite, j'aime ma ville. Raymond Barre m'a convaincu, il y a 12 ans de revenir à Lyon, de m'y installer, de m'y engager dans la mesure où je peux continuer à être utile à ma ville, je continuerai. Maintenant, on ne décide pas tout seul, mais de toute façon, je continuerai à agir, et on peut aussi bien agir par la voie d'être élu, que par la voie associative. Donc de toute façon, je resterai présent, et je continuerai à agir à Lyon.

 

Votre frère Thierry va mener la bataille dans le 3ème contre Dominique Perben, un petit mot pour l'encourager ?

Malgré nos divergences politiques, nous restons très proches. Il m'a toujours encouragé, même s'il ne s'exprimait pas en ma faveur ou qu'il ne votait pas pour moi, c'est la même chose dans l'autre sens. Je ne peux que lui souhaiter de réussir, même s'il sait que je ne partage pas son combat. Je crois qu'il ne faut pas mélanger les choses, mais je sais qu'il a envie, lui-aussi, de se battre pour notre ville, je sais qu'il aime Lyon, je sais qu'il a un contact facile avec les gens, c'est normal que je lui souhaite de réussir, mais je ne serai pas à son service. Ceci-dit, ça ne nous empêchera pas de continuer à nous voir régulièrement.

 

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