Photos © Fabrice Schiff
Propos recueillis par Benjamin Solly
« Mon boulot, c’est d’essayer de maitriser économiquement l’aléa sportif. » Vice-président et manager général du LOU -en charge des pools marketing, commercial, communication, merchandising et « food & beverage »- Franck Isaac-Sibille a reçu dans ses bureaux l’équipe de Lyon People.
Sauf catastrophe, le Top 14 tend les bras au LOU Rugby. Le ballon circule-t-il aussi bien sur le terrain que dans les bureaux de la direction ?
C’est à la fin du championnat que nous ferons les comptes. Mais, aujourd’hui, nous sommes en phase avec nos actionnaires que sont Olivier Ginon (GL Events), Guy Mathiolon (Serfim) et Yvan Patet (E2MC). Nous essayons d’optimiser nos recettes et de maitriser nos dépenses. L’objectif est de monter une grande équipe et un grand club, avec un développement à la lyonnaise dans la 2e région économique de France. Le rugby est un sport devenu « inflationniste », notamment au niveau des droits TV (acquis par le groupe Canal + jusqu’en juin 2019 pour 355 millions d’euros – NDLR). Nous visons un développement harmonieux entre le sportif, les infrastructures, le club. Notamment du côté du centre de formation avec l’arrivée d’un nouveau président de l’Association LOU, Patrick Celma, qui en aura la responsabilité.
Le LOU a déjà vécu une montée en Top 14, quelles seront les erreurs à ne pas reproduire pour s’installer durablement parmi l’élite ?
En Top 14, nous avons appris ce qu’il fallait faire et ne pas faire. Quand nous sommes montés, nous avions découvert un championnat de haut-niveau alors que nous devions dans le même temps nous adapter à notre nouvelle infrastructure sportive : le Matmut Stadium. Si nous montons l’année prochaine, l’immense avantage que nous aurons, c’est que nous maitrisons désormais l’infrastructure. Côté sportif, la recette serait de bien démarrer parmi l’élite. On sait que ceux qui sont restés en Top 14 sont ceux qui ont attaqué tambour battant le championnat. Le plus important est certes de savoir si nous allons monter, mais quand et dans quelles conditions nous serons amenés à rejoindre l’élite. Plus on le sait tôt, plus on optimise les recrutements et les partenariats pour gagner en visibilité.
Vous évoquez le recrutement. Vous avez bien failli réaliser un coup tonitruant en faisant signer Lionel Beauxis…
Je tiens à rappeler que le sportif est le domaine du président Yann Roubert et des managers sportifs Tim Lane et Olivier Azam. Lionel Beauxis n’est pas venu car il voulait jouer en Top 14. Nous ne pouvions pas lui garantir à 100% que nous serions parmi l’élite dans six mois. S’il s’agissait de trouver des astuces juridiques en rajoutant une clause de caducité en cas de non montée en Top 14, cela ne nous intéressait pas. Il a signé à Bordeaux-Bègles, qui est un beau club avec un super président, très charmeur, qui a bien vendu son produit. Lionel Beauxis préfère peut-être d’ailleurs le Bordeaux au Beaujolais (rires).
Quelle est la pertinence de réinvestir sur l’infrastructure en augmentant la capacité du Matmut Stadium alors que –théoriquement- vous pourriez occuper Gerland dans deux ans ?
Nous sommes dans un stade de 8 000 places. Nous travaillons pour ajouter 3 000 places. C’est en discussion avec GL Events, la Ville de Vénissieux et le Grand Lyon. Nous avons la chance d’avoir un très bon relationnel avec les acteurs institutionnels. Gerland est certes l’objectif final, mais il faudra voir avec la Ville de Lyon dans quelles conditions. Un stade de 40 000 places pour le rugby n’est peut-être pas la bonne jauge. Il faudra à la fois redimensionner ce stade pour être pertinent dans l’offre commerciale au public et à nos partenaires. Il faudra que Gerland soit un outil au service d’une double ambition : sportive et économique. Cette notion de « sportainment » est fondamentale pour notre développement.
D’autant que le LOU commence à gagner le cœur des Lyonnais…
C’est vrai. Nous le voyons, notamment avec notre noyau dur de 3 000 abonnés et les trois clubs de supporters. Nous faisons tout pour fertiliser le LOU sur cette vieille terre de rugby qu’est Lyon. Nous avons passé des partenariats avec les grandes écoles lyonnais, des classes préparatoires et les universités. Le LOU va organiser pour la fin de l’année un championnat universitaire de rugby à Lyon. Hors du Matmut Stadium, nous avons monté un réseau d’une quarantaine d’ambassadeurs qui regroupe des bars et des restaurants, appelés les LOUbars. C’est un outil de fidélisation parfait pour l’avant match entre supporters avant de covoiturer jusqu’au stade.
Le mensuel Capital faisait de la Brasserie du LOU (le LOUndge) un des lieux incontournables du business lyonnais. Le cercle vertueux est-il en marche ?
Complètement. Le LOU, avec 230 partenaires, est un club d’affaires majeur de Lyon que nous continuons à développer. En termes de business, le LOU est probablement l’un des meilleurs réseaux d’affaires qui existe à Lyon aujourd’hui. A la fois pour les locaux et pour les nationaux qui veulent s’implanter en Rhône-Alpes. La brasserie est un lieu de vie qui permet de rencontrer des joueurs. Notre boutique est également incontournable et notre « Espace 15 » propose des packages événementiels aux entreprises dans l’enceinte du stade. La location d’espace aux entreprises fonctionne très bien. Nous avons pratiquement trois évènements par semaine.
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