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Par Benjamin Solly

Frères ennemis pendant la quasi-totalité du 2^e mandat de Gérard Collomb, les Verts emmenés par Étienne Tête s’unissent aux listes « Évidemment Lyon » du sénateur-maire. Une manœuvre qui provoque l’ire d’une partie de la gauche et l’ironie de la droite.

« PS/EELV, d’accord sur rien, sauf sur la répartition des postes. » Le tract d’entre-deux-tours de Michel Havard rapporte rose sur vert le ressenti du landerneau. Il pourrait être relégué au simple document de propagande s’il ne traduisait pas également une rancœur qui a dépassé les frontières partisanes. Notamment du côté des militants Verts, qui ont commencé à grincer des dents dès lundi soir. Mercredi, c’est l’écologiste Philippe Meirieu qui est monté au créneau, dénonçant « un accord conclu sur des postes avant d’envisager les moindres questions de programmes. » Des éléments de langages similaires chez Meirieu et Havard. L’inimitié entre le vice–président du Conseil régional et Collomb est décidément tenace. En juin 2012, le sénateur-maire de Lyon lui avait barré la route de la 1^e circonscription en envoyant l’adjoint aux Sports Thierry Braillard (PRG), malgré l’investiture PS/EELV accordée à Meirieu.

L’accord prévoit l’intégration de 17 candidats écologistes sur les listes de Collomb. Dans la corbeille de la mariée, le 1^er arrondissement où la collombiste Odile Belinga laisse la tête de liste à Emeline Baume, qui fera face à Nathalie Perrin-Gilbert au 2^nd tour. La communication de campagne du candidat socialiste assure que la tête de liste du sénateur-maire « a proposé » la place à l’alliée verte, pourtant 4^e (11,28%) au soir du 1^er tour. « Curieusement, rien n’est dit sur les projets, sur le fond, les engagements et les promesses des uns et des autres devant les Lyonnais », raille le porte-parole de Havard, Emmanuel Hamelin. Les désaccords entre le socialisme sauce Collomb et l’écologie sauce Tête sont majeurs : Grand Stade de l’OL, bouclage du périphérique, Métropole…  A telle enseigne que Philippe Meirieu, qui fut pourtant président du comité de soutien d’Étienne Tête et Émeline Baume « souhaite vivement la victoire de Nathalie Perrin-Gilbert, dimanche, dans le 1^er arrondissement de Lyon. »

Traité de « khmer vert » par Collomb pendant la campagne des législatives, Meirieu assure ne pas vouloir contribuer « à satisfaire à l’oukase du maire sortant qui veut éradiquer tout ce qui pourrait compromettre son hégémonie et contester son modèle de développement. » Des mots aussi forts que le relationnel est glacial entre les deux hommes. Qualifié pour le 2^nd tour dans 6 arrondissements à Lyon, le FN regarde avec délectation ces mouvements de troupes. « Je dénonce cet accord chinois d’arrière-boutique et de basse politique qui donnera la main aux écologistes sur la vie des Lyonnais notamment sur les transports et les déplacements », critique la tête de liste Christophe Boudot. Également conseiller régional, le secrétaire départemental du FN du Rhône connaît bien les chausse-trappes de ces majorités élargies, notamment à la Région, où le président Queyranne peine souvent à faire voter des délibérations pourtant portées par son exécutif.