Par Nadine Fageol
Quand Jean-Louis Manoa fait dans le développement durable, on est aux antipodes des Planches. Chez Paul'O, restaurant transparent posé sur une île sauvage avec chemin détourné où le castor butine de l'orchidée rare. Et, Benoît, chef habité d'envies de dimanche à la campagne. Out of Manoa !
Ne lui dites pas que Paul'O est une guinguette, ça énerve Jean-Louis Manoa simplement parce que son dernier opus est ouvert à longueur d'année. On y va en famille avec son fiston rivé sur une console. Il s'appelle Paul ! Ceci explique cela. Sachant que dans la Manoa family, les grands-pères se prénommaient Louis et Paul, précision de l'enfant absolument délicieux quand il sort le museau de sa console. On y va avec un ami érudit, Jacques Bertinier que l'on découvre auteur épicurien pour Glénat et la Martinière, désormais à la tête des Éditions des Trois Fleuves montées avec l'homme Manoatoufaire. À commencer par un livre à la gloire des 30 ans du Mercière, un truc différent comme attachant avec de mignonnes anecdotes, la colère de Michel Serrault… On sort de l'autoroute à Solaize pour emprunter un rond-point à la gloire des travaux publics, puis avant un pont de métal, on bifurque raide dans un virage en épingle à nourrice pour l'île au trésor. Voilà Paul'O installé dans une boîte transparente posée là en pleine nature de façon bucolique chic. Déjà un affairiste tendance vert rendement a installé le début d'un parcours aventure dans les arbres. On rêve de passer un moment dans le petit salon dardé de peau de zouzou avec un joli Mossieur conteur de fleurettes. Et puis il y a ces estrades qui nous promènent joliment de-ci de-là jusqu'au Vernaison International Pétanque club avec Daniel Chapuis pour président. Même par un triste jour de février c'est beau. C'est dire. Manoa se transforme en patron mutant invisible mais il y a Benoît Toussaint qui s'échappe des fourneaux. Un visage doux (les filles, dossier entre de bonnes mains comme il s'écrit dans Lyon Mademoiselle). L'île au sud de Lyon, protégée par une orchidée nommée « épipactis du castor » car il s'en passe de belles sur un chemin détourné, on ne sait comment l'orchidée et le castor ont fait affaire pour donner naissance à la fleur rarissime même que Google est au courant. Des éléments probablement à l'origine du coup de torchon du chef Benoît. Dans une ode naturaliste, il a commandé des blouses révélant les épaules rondes de son personnel féminin, pour un look façon Monet un soir d' « Été Meurtrier ». Et puis encore, un kiosque complètement gâteaux où pendant que ces messieurs émoustillés par la carte des cotes du Rhône locaux très en vue joueront aux boules… Ben, ces dames se prélasseront dans un transat et les enfants dévaliseront le kiosque rempli tout plein de glaces aux saveurs Nardone dedans parce que : pourquoi chercher ailleurs ce qui se fait très, très bien à Lyon. Manoa déboule et d'en rajouter une couche, « n'oublie pas, il faut aussi des ateliers pour enfants, je veux qu'ici on s'amuse, que l'on soit heureux comme avant ». Entre temps, on s'est gavé de Saint Jacques en pleine forme, de chou bien farci sur un Faurie médaillé à la foire d'Ampuis. Un simple moment de vraie vie durant lequel avec Jacques Bertinier on a eu envie d'écrire des livres de cuisine resplendissant de recettes toutes simples.
Chez Paul'O
351 Chemin Traille, 69360 Solaize
Tél. 04 78 46 06 47
Carte de 3,50 à 26 €
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