Photo © Saby Maviel

Par Nadine Fageol

Le Zinc Zinc, un joli nom pour une réhabilitation de l'esprit bistrot en bonne et due forme. L'authenticité faite marketing et le jambon au diapason exposé au caveau à la manière d'un escarpin Gucci. Tout de même. 

« Du temps de la Bourse, ce n'était pas terrible. Nous, on est assez sûr de nous de ce côté-là ». On ne regrette pas d'avoir attendu Philippe Florentin, le ventre criant famine, rien que pour cette phrase-là. Ras le bol de la crise et ras le bol de ces gentils professionnels qui disent franchement mou, de peur d'être décriés alors qu'ils n'en pensent pas moins. Florentin nous fait du bien d'autant plus que grâce à lui il y a une vie sans le resto design, bien que l'on ait eu de sérieux doutes sur la question. Philippe Florentin a fait carrière dans la communication à Paris, ceci explique cela. Il sait dire et semble savoir faire pour avoir inventé en 1987 au sein de son agence Kourosivo les fameux coffrets cadeaux comportant des invitations à de grandes tables. Un jour Florentin s'est encore souvenu être né à Mezeriat dans l'Ain. Son arrière-grand-mère tenait l'hôtel de Chatillon sur Chalaronne et avait pour bonne copine la grand-mère de Georges Blanc… C'est dans les vieux pots que l'on fait la bonne soupe, alors à son tour il a craqué pour ouvrir en 2000 un premier Zinc Zinc au Pont de Neuilly à Paris. Un fier bistrot à la devanture Bordeaux livrant une sage version modernisée du limonadier d'antan. Il avait des envies de ZZ à Lyon mais il a commencé par faire main basse sur Abel, belle adresse à Ainay, menée par l'emblématique Michel Réaud. Ce dernier en a profité pour prendre ses aises en Saône et Loire mais un simple coup de fil de Florentin et le voilà frais comme un gardon à la tête du Zinc Zinc de Lyon. 65 couverts un lundi soir, le bouche à oreilles a produit illico son œuvre. En bon vivant, le grand gaillard de Florentin d'en rajouter une couche, « on sert la meilleure viande de la Presqu'île car on veut faire partager notre passion tout en proposant un bon rapport qualité prix. Les gens sont contents, du coup la nouvelle se propage ». Pour la viande, effectivement aucun doute sur la Salers en pavé ou entrecôte (à savoir, on ne prononce pas le s final en Auvergne) accompagnées de frites maison et du pain perdu au dessert. Conséquence, les hommes d'affaires affluent à nouveau dans ce lieu régénéré de frais qui se démarque définitivement par ses apéros tapas. De 18 à 20h, on souffle devant un ballon avec enfin quelque chose à manger devant comme des brochettes, tortillas, des chèvres frais au pistou ou des anchois marinés et surtout une assiette « des meilleurs jambons du monde ».  Serrano, Cecina, du noir de Bigorre du Bellota Pata Negra, finement taillées en lichettes à savourer en toute décontraction sur le zinc ou mieux sur la table d'hôtes du caveau entre bouteilles sagement ordonnancées et les fameux jambons présentés dans une mise en scène d'un chic absolu à l'instar d'un escarpin Gucci, le clinque en moins. Tout de même. Ici on fait jamon jamon, ne manque que la compagnie de mademoiselle Cruz.

45-47, rue de la Bourse, Lyon 2 – Tél 04 78 92 82 96

Du lundi au dimanche midi

Tapas jambon de 7,50€ les 50g à 22,50€ l'assiette de 100g