Après la CCI, Philippe Grillot porte son regard vers l’Afrique – Photo © Fabrice Schiff

Par Benjamin Solly

L’ancien président de la CCI de Lyon a porté sur les fonts baptismaux une association baptisée Club IFARI, qui vise à développer des coopérations décentralisées avec les pays d’Afrique francophone sur les thèmes de la santé, de l’urbanisme, de la formation et de la citoyenneté.

Les statuts ont été déposés en préfecture du Rhône le 3 juin 2014. « Cette démarche que j’engage, c’est avant tout un coup de cœur », explique Philippe Grillot. Et l’histoire est belle. L’ancien homme fort du Palais de la Bourse était au Sénégal pour passer les fêtes de fin d’année. Préférant les pistes en terre battue aux resorts standardisés de Dakar, Philippe Grillot a pris la tangente pour réaliser un tour du Sénégal, à la rencontre du patronat local. « Le constat, c’est que la France a perdu pied en Afrique, abandonnant ce continent à la voracité des Américains puis des Chinois », glisse-t-il.  L’Africain revient en France avec un ambitieux projet : créer un outil pour établir une coopération entre les pays d’Afrique, francophones dans un premier temps, et les secteurs d’expertise de la métropole lyonnaise. Le Club Initiative Franco Africaine et Relations Inter-métropolitaines (IFARI) voit le jour six mois plus tard pour porter cette ambition, sur quatre thèmes en particulier.

La santé tout d’abord, en s’appuyant que les gros porteurs lyonnais du secteur que sont Sanofi et Mérieux. L’urbanisme ensuite, en menant des projets d’infrastructures en collaboration avec les directions des coopérations décentralisées des collectivités locales. La formation pour suivre, avec déjà quelques fers déjà lancés auprès des grands organismes lyonnais, dont la fondation pour l’université de Lyon et l’Isara. La citoyenneté enfin, à travers l’enjeu culturel notamment. La directrice de la Maison de la danse Dominique Hervieu, le chorégraphe lyonnais Mourad Merzouki, l’auteur-compositeur interprète sénégalais Youssou N’Dour et le réseau des Maisons de la Francophonie sont déjà dans la boucle. Objectif ? Cheminer main dans la main vers l’autonomie dans tous ces domaines d’activité. « Aujourd’hui, les populations sont en déshérence totale et ne rêvent que de traverser la Méditerranée pour venir en Europe », rappelle-t-il.

Grillot a déjà posé les premiers jalons. En effet, depuis son départ de la CCI, l’homme a encouragé et contribué à la création de plus d’une dizaine de clubs « business » bilatéraux entre la France et les pays d’Afrique francophone via le réseau des consuls honoraires. « J’aurais souhaité le faire à l’époque à la CCI de Lyon mais le quai d’Orsay freinait des quatre fers sur ce type de structures bilatérales », rappelle-t-il à dessein. Au-delà des déclarations d’intention, l’IFARI porte déjà un projet tangible : le déménagement d’une usine de traitement des déchets proche de Rennes vers Rosso, situé en Mauritanie, à la frontière sénégalaise. « C’est cinq millions d’euros tout compris. Cela permet de créer de l’emploi sur place auprès de personnels que nous aurons préalablement formés. C’est aussi un bon moyen de recycler notre outil industriel », précise-t-il.

Si l’homme possède le savoir-faire, il est en aujourd’hui au stade du faire savoir. Il teindra jeudi 10 juillet une seconde réunion d’informations sur le projet auprès de partenaires potentiels. Philippe Grillot compte construire dans un deuxième temps un solide réseau de partenaires financiers. Il a déjà posé des jalons auprès de la Banque Mondiale et de Bruxelles. Dès le mois de septembre, il rencontrera les conseillers du Roi du Maroc pour évoquer une collaboration avec ce pays déjà très actif sur le sujet, en particulier sur les questions des déchets, du traitement de l’eau et de l’agriculture.