Julien Sunier au milieu de ses parcelles de Fleurie. Photo © Virginie Bisignano – By Vivie

Par Benjamin Solly

L’artisan-vigneron Julien Sunier illustre bien ce renouveau du Beaujolais, moins focalisé sur le primeur et à l’écoute de ses crus. Nouvelle génération.

« Je fais du vin comme on l’a fait pendant des millénaires et comme on ne le fait plus depuis 50 ans. » Détermination intacte et faconde plus Fleurie que le cru éponyme qu’il bichonne sur 2,4 hectares, Julien Sunier détonne. Quand il accueille l’équipe de Lyon People à la ferme des Noisetiers, acquise en 2005 sur les hauteurs d’Avenas, le viticulteur a la banane. Pas celle, pseudo-bachique, que les « vin-dustriels » présentent chaque 3^ème jeudi de novembre comme la patente gustative du Beaujolais Nouveau. Non, le sourire de Julien est plus modeste. C’est celui du travail accompli. « Je suis dans mes vignes depuis 5h ce matin », glisse-t-il face à ses palettes de cuvée 2012, prêtes à l’expédition. Viticulteur depuis 2008, ce fils de commerçants originaire de Dijon travaille trois crus en fermage (AOP Fleurie, Morgon, Régnié) sur 6,3 hectares, exclusivement en agriculture biologique. « Tout engrais chimique de synthèse et désherbant sont bannis, nous préférons stimuler la vie microbienne grâce à l’apport de fumiers compostés, les sols sont travaillés en surface », explique-t-il. La vigne est chouchoutée à grand renfort de tisanes et extraits fermentés à base de plantes issues de la ferme comme l’ortie, la consoude, la fougère aigle ou la prêle. Bouteilles cirées, sans levures et peu sulfités, ses vins sont cousus main. « Je suis le sillon tracé par les aînés que sont Marcel Lapierre ou Yvon Métras », rappelle-t-il.

Après une jeunesse passée à découvrir les vignobles du monde entier et à surfer les plus belles vagues du monde, Julien blanchit sous le jarlot chez Momessin de 2003 à 2007. Il affine alors une conception exhaustive du métier. « Nous devons mieux réfléchir à la commercialisation de nos produits », insiste-t-il. A rebours des us et coutumes locales, il choisit d’embouteiller et de commercialiser le fruit de son labeur. Où trouve-t-il le temps pour gérer tout à la fois son vignoble et son carnet de commande en direct ? « Tout est une question de répartition des tâches », sourit-il. Sur les mois d’hiver où le travail de la vigne est moins chronophage, Julien s’attelle à la commercialisation de ses flacons. « J’ai grandi en même temps que la demande. » Pas question de se voir plus gros que le (Du)bœuf, même si son frangin Antoine va venir développer la petite entreprise familiale sur l’appellation Régnié. Julien peut également compter sur l’expertise de sa compagne Sylvie, qui a poussé à l’ombre de son père Gérard Potel au domaine de la Pousse d’Or à Volnay. « Il y a beaucoup de vignerons de Bourgogne qui viennent s’installer en Beaujolais où les parcelles sont encore accessibles, comme Lafarge à Fleurie », embraye-t-il, conscient que cette diaspora peut aussi apporter de la qualité à la production beaujolaise. Ajoutez à cela un intérêt pour la vigne de certains autochtones ostracisés à Paris et quelques belles vocations en Beaujolais (voir encadrés). « On est quand même les seuls au monde à envoyer du gamay sur une arête granitique, du fruit sur du minéral, c’est ça notre trésor. » Canaille le Jul’, comme un bon verre de Beaujolais !

Julien Sunier – Ferme des Noisetiers – 69 430 Avenas – 04 74 69 91 74 – contact@julien-sunier.com.
Retrouvez tous les distributeurs et revendeurs des vins de Julien Sunier sur www.julien-sunier.com.