La Malmaison va être découpée en 22 appartements. Le parc restera intact. – Photo Fabrice Schiff
Par Marc de Jouvencel
Une page vient de se tourner au sein de la Fondation Bullukian qui a refermé définitivement les portes de la Malmaison, la propriété léguée par Napoléon et Léa Bullukian. Et déclenché une grosse polémique.
Napoléon Bullukian à son bureau de l’usine Astra Plastique de Saint-Georges de Reneins (Photo © Le Progrès)
À Champagne au Mont d’Or, la demeure d’époque Napoléon III et son immense parc ont accueilli dans les années 70-80 l’effervescence mondaine qui sied à ce type de lieu. Point d’orgue de ces festivités, le gigantesque méchoui réunissant chaque été plusieurs centaines de convives, ravis de profiter de la prodigalité de Napoléon Bullukian. Un homme au destin hors du commun dont l’enfance fût marquée par le martyr et le génocide du peuple arménien sous le joug des Turcs. Arrivé orphelin à Lyon, il construisit en 50 ans l’une des plus belles carrières industrielles de sa ville d’adoption. Une fortune immobilière et culturelle qui échut à sa disparition en 1984 à la Fondation qu’il avait créée avec son épouse. Nous l’avions croisé au 26, place Bellecour lors de notre dossier patrimoine de juin 2012.
Nous le retrouvons le 27 septembre 2014 lors de la cession de sa propriété et de la quasi-totalité des tableaux et de son mobilier. Une vente diligentée par les commissaires-priseurs Anaf, Jalenques, Martinon et Vassy qui a soulevé une certaine indignation dans le monde des arts. Déplorant cette dispersion, les frondeurs menés par Alain Vollerin n’ont pas eu le dernier mot. Jean-Pierre Claveranne, président de la Fondation Bullukian qui a justifié la vente par les coûts d’entretien de la maison, a tenu à préciser que le produit de la vente (+ de 500 000 euros) serait affecté à la lutte contre le cancer, l’aide à l’Eglise arménienne et le soutien aux jeunes artistes. Les amoureux du patrimoine y verront un moindre mal : la propriété ne se sera pas démolie mais saucissonnée. Rachetée par Foch Investissement, elle sera découpée en 22 appartements (du T2 au T5 duplex).
Maître Anaf lors de la vente organisée à l’Espace Ecully. Clou de la vente, un fauteuil de dignitaire chinois estimé 700 euros et finalement adjugé 370 000 euros !
C’est à la Malmaison que le peintre Jean Couty a reçu la cravate de commandeur des Arts et des Lettres des mains du préfet Carrère en 1965
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