Les élus présents à la marche lyonnaise, le 11 janvier 2015 – Photo MP
La tribune libre de Justin Calixte
« J’aimerais tenir l’enfant de salaud/qui a fait graver sur ma statue/il est mort comme un héros/il est mort comme on ne meurt plus… »*
Voilà ce que doivent chanter à tue-tête, dans un au-delà auquel ils ne croyaient ni les uns ni les autres, les humoristes iconoclastes de Charlie Hebdo, excédés par le déluge de louanges dithyrambiques dégoulinant sur leur journal que plus personne ne lisait et qui sans doute se préparait à mourir de sa belle mort, comme feu Hara-Kiri, en son temps. Faute de lecteurs.
Que de larmes de crocodiles pour encenser les papys de l’humour gaucho-anarchistes pré- soixante-huitards (même si en 2012, Guy Bedos, leur ex pote de gauche, souhaitait qu’ils crèvent !) assassinés par les nouveaux barbares que la société bien-pensante refuse de voir depuis une dizaine d’années.
Bien sûr qu’il fallait condamner cet acte innommable, bien sûr qu’il fallait défendre leur liberté d’expression même si on la jugeait irresponsable et inconséquente, bien sûr qu’il fallait dénoncer l’aveuglement de la classe politique et des médias, bien sûr qu’il fallait réagir, mais de là à se faire les complices de cet hommage grandiloquent et récupérateur. Non merci !
Dommage que Cabu, Wolinski, Charb, Honoré et les autres soient morts. Eux seuls auraient pu trouver les mots et imaginer les dessins convenables, c’est-à-dire inconvenants, pour se moquer de l’incongruité mais aussi des arrière-pensées politiciennes de ces funérailles nationales qui les auraient révulsés.
Justin Calixte
*Extrait de «la Statue » J.Brel
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