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Par Jean-Marc Requien
C’est en 1962 (je crois) que j’ai découvert les collages de Philibert Charrin. Un émerveillement. Une révélation. Il les avait baptisés « Equivaucluses » parce que, disait-il, ils allaient plus loin que des « Equi-Valence ». Tout était dit.
Des petits bijoux d’humour et de poésie. J’avais trouvé mon maître. Héritier des dadaïstes et de Marcel Duchamp, cousin de Schwitters, Philibert Charrin n’appartient à aucune chapelle, ne s’inscrit dans aucun courant, ne revendique aucune école. Il est unique et multiple à la fois. Ses collages n’ont rien de commun avec ceux de Picasso, de Braque ou de Max Ernst. Encore moins avec ceux de Prévert. Il a su s’inventer un univers bien à lui, unique dans l’histoire du collage. Si ses dessins, comme sa peinture expriment une sensibilité subtile, ô combien pudique, ses collages révèlent son goût pour le cocasse et une rare maîtrise du hasard qui peut-être n’existe pas. Il incite le spectateur à découvrir derrière chaque image une autre image cachée et à en imaginer d’autres. Quant à sa peinture et ses sculptures moins connues, elles montrent qu’il a retenu les leçons de ses maîtres Henri Vieilly et Antoine Chartres dont il fut l’élève aux Beaux-Arts de Lyon avant de s’envoler pour Paris. En tout cas, si vous n’allez qu’à une seule exposition cette année, n’hésitez pas, c’est cette rétrospective qu’il ne faut pas manquer. Emmenez vos enfants : c’est toujours bon de leur faire découvrir que, derrière une réalité, peut s’en cacher une autre.
Maison Forte de Vourles – Du 27 février au 15 mars 2015
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