La directrice de cabinet du conseil général de l’Yonne, soupçonnée d’abus de faiblesse sur une personne sous curatelle dépouillée de centaines de milliers d’euros, a été suspendue vendredi de ses fonctions, a indiqué mercredi le président du département, André Villiers (NC).
"Récemment, j’ai été alerté de faits à caractère privé concernant Mme Joëlle Hénot et remontant à plusieurs années", précise le sénateur de l’Yonne dans un communiqué. "Une enquête est en cours depuis juillet 2010" sur la gestion entre 2002 et fin 2009 par Joëlle Hénot du patrimoine de cette personne majeure, selon le procureur de la République d’Auxerre, François Pérain. Mme Hénot "n’a pas encore été entendue" dans le cadre de cette enquête, qui devrait être clôturée d’ici la fin de l’été, a-t-il ajouté. Joëlle Hénot avait été nommée directrice de cabinet de M. Villiers après l’élection de ce dernier fin mars à la tête du conseil général. Elle avait auparavant été son attachée parlementaire. Au total, la collaboration de M. Villiers avec Mme Hénot s’est déroulée sur 18 mois. Selon M. Pérain, les enquêteurs étudient "des mouvements de fonds suspects" sur le compte bancaire de la majeure protégée, placée sous curatelle renforcée depuis 1999.
Les sommes détournées alors que cette dernière était sous la responsabilité de Joëlle Hénot, membre à l’époque de l’Association tutélaire icaunaise (ATI), "pourraient être de plusieurs centaines de milliers d’euros", a indiqué le procureur. La présidente de l’ATI, Danièle Tremblay, avait décidé fin 2009 de lui retirer ce dossier car Mme Hénot "ne remplissait pas ses obligations". "Elle rendait ses compte-rendus annuels avec beaucoup de retard et nous avons été alertés par des mouvements bancaires importants pour lesquels nous n’avions pas de justificatifs", selon Mme Tremblay. Par la suite, l’ATI s’est aperçue "qu’il y avait eu une perte importante de patrimoine depuis 2002" et que les compte-rendus de Mme Hénot étaient "falsifiés" pour dissimuler des "retraits par chèque très fréquents à son propre bénéfice". L’association a alors alerté le juge des tutelles d’Auxerre, qui a saisi le parquet. Le 5 janvier, l’ATI a déposé plainte pour "abus de faiblesse au préjudice d’une personne vulnérable".
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