Par Alain Vollerin

Lyon subit une hécatombe qui n’est pas sans rappeler l’année 1958, qui vit la mort de trois personnalités déterminantes de l’Art à Lyon : Henri Béraud, Marcel Michaud et Marius Mermillon, père de Denise Festaud-Mermillon qui vient de nous quitter au terme d’une longue maladie.

En effet cette année, Françoise Juvin, Henri Ughetto, Jean-Jacques Lerrant et Pierre Montheillet, nous ont quittés. Née dans le monde de l’Art, au milieu des relations prestigieuses de son père, elle fut bercée par des journalistes et critiques d’art comme Gabriel Chevallier, Joseph Jolinon, Pierre Scize, Georges Besson, André Warnod et Pierre Bonnard, Jean Puy, Paul Signac, Albert André, Albert Marquet des artistes exposés dans la galerie des Archers (1927) d’Antonin Ponchon et Marius Mermillon. Comme beaucoup d’entre nous, j’ai entretenu ma passion pour l’aventure des arts plastiques à Lyon pendant de très nombreuses et très longues visites à la galerie Saint-Georges, à partir de 1969. Tous les passionnés de peinture passaient par ce haut lieu d’activité des années soixante à quatre-vingt-dix. Ensuite, vint une période pendant laquelle Denise Mermillon réduisit son action. Je me souviens dans le milieu des années soixante-dix du vernissage d’une exposition des œuvres récentes de Joannès Veimberg. André Mure était là, triomphal avec son large chapeau et déjà son écharpe rouge à la Aristide Briand. Il tonitruait, en face de Joannès qui roulait de grands yeux ronds. « Ah ! Les soleils de Veimberg ! » lançait-il à la cantonade, avec de larges mouvements de bras, comme un acteur en représentation. Et le gentil Veimberg stupéfait et ravit qui lui répondait : « Oui, oui ! Oui, oui, oui !… Oui! » etc. Quel merveilleux souvenir ! Tout comme ce samedi après-midi, où l’éditeur Robert Morel avait convié une de ses filles à danser nue. Nous étions une petite foule pressée dans la modeste galerie pour assister à ce "miracle". Quelle émotion pour un jeune homme de vingt-ans !

Denise Mermillon était fascinante et intarissable. Profondément engagée, elle supportait assez mal la contradiction. Je l’écoutais subjugué. Je n’ai jamais été en désaccord avec elle. N’abordant jamais le sujet de l’Art contemporain qui la défrisait, tout comme l’Art abstrait donnait de l’urticaire à son père. Je lui dois mon intérêt indéfectible pour Henri Béraud, dont elle me parla avec fougue, bien avant que je ne découvre l’immense culture béraldienne de l’ami Jean Butin. Elle porta le marchand Olivier Houg à bout de bras. Il ne lui en fut pas reconnaissant. Elle en conserva un certain dépit. Parmi ceux qui apprirent beaucoup à son contact Paul Dini et Régis Neyret. Denise Mermillon rédigea le catalogue de l’exposition Ziniar au musée des beaux-arts en 1976. Quel meilleur témoin que celle qui avait fréquenté au quotidien les amis de son père : Pierre Combet-Descombes, Jacques Laplace, Emile Didier, Charles Sénard, Louis Bouquet, Claude Dalbanne,Marcel Gimond,Etienne Morillon, Venance Curnier, Georges-Albert Tresch, etc. Denis Mermillon avait organisé à la galerie Saint-Georges en 1960 sa première exposition dédiée à Georges Rouault. Elle avait soutenu Jacques Truphémus, Jean Fusaro, André Cottavoz, Henri Lachièze-Rey, Hélène Mouriquand, Micheline Colin,  Marcel Saint-Jean, René Tavernier, Maly, etc. Plus récemment, elle avait révélé Jacques Flacher, Régis Bernard, Alain Demond, Eric Gouttard, Eric Schmid, Evelyne Chevalier, Marcelle Bénamou, Pim de Chabannes etc… Quel admirable parcours ! Nous présentons nos condoléances à la famille qui a demandé une inhumation dans la plus stricte intimité.