Harvey Milk

9 mars, 2009 | CINEMA | 1 commentaire

harvey-milk Par Aymeric Engelhard

 

L'une des plus grandes figures politiques gay fait son apparition sur nos écrans. Harvey Milk, ou l'homme qui est parvenu à faire accepter l'égalité des orientations sexuelles. Récit enchanteur et provocateur d'une Amérique qui joue la carte des valeurs familiales, Milk surprend et dévoile une nouvelle facette du talent d'un acteur immense: Sean Penn.

 

Les films présentant des personnages purement homosexuels passent difficilement à Hollywood. Mais en général les acteurs qui se prennent au jeu sont bien récompensés. Tom Hanks a reçu l'oscar du meilleur acteur pour « Philadelphia » et le regretté Heath Ledger fut nominé pour « Le Secret de Brockeback Mountain ». Par ailleurs ces deux films ont fortement contribué au décoinçage de l'industrie du cinéma américain. « Harvey Milk » ne déroge pas à la règle et vient se classer au dessus de ses illustres prédécesseurs, et Sean Penn a lui aussi reçu l'oscar. Le film raconte la vie de Harvey Milk dans les années 70, du jour de ses quarante ans à sa mort en 1978. De la période en marge où il se découvrira des qualités de défenseur à celle où il est homme politique américain. C'est l'histoire d'un homme qui défendra la cause de l'homosexualité jusqu'à sa mort. Son grand adversaire fut cette Amérique puritaine et ses idéaux familiaux, bien décrite par le personnage de Dan White, son défenseur. Milk soulève les foules gays à travers le pays, son charisme et sa bonne humeur éclipsent les autres militants. Quoi de plus naturel que Gus Van Sant, réalisateur de « Will Hunting » et « Elephant », lui-même homosexuel, s'intéresse à la vie du premier homme politique américain ouvertement gay. Cela se voit d'ailleurs sur sa mise en scène. Dans « Elephant » et « Paranoïd Park », il montrait les difficultés de l'adolescence avec une façon de filmer quelque peu déprimante et spéciale. « Elephant » n'en reste pas moins une expérience passionnante.

 

Mais pour Milk, Van Sant passe du noir à la couleur, il teinte son film de l'ambiance rétro des 70's tant visuellement que musicalement. Et sans jeu de mot, les personnages de ce film sont gais et joyeux. Il a toujours été reconnu que cette communauté fait preuve d'une joie de vivre enivrante. Le réalisateur filme les choses telles qu'elles étaient à l'époque, alternant images d'archives et scènes filmées. Le résultat est frais, doux, drôle… On est bien loin des long-métrages rasoirs sur la politique que nous sert régulièrement Hollywood. Van Sant ne va pas trop loin dans les scènes intimes, se concentrant sur les dialogues et ce qui passe par la tête des personnages. Son coup de maître réside dans son casting et plus particulièrement l'extraordinaire Sean Penn. En dehors des écrans, c'est un rebelle associable qui ne sourit jamais. Déjà oscarisé en 2004 pour « Mystic River » de Clint Eastwood, son talent a bien souvent été montré au cinéma. Mais ici l'acteur se surpasse, il fait preuve d'une émotion rare et contagieuse. Quand il sourit, on sourit, quand il pleure, on pleure. Il est sidérant de vérité, n'en fait jamais trop, il atteint la perfection d'un rôle pas forcément facile à la base. Magnifique de bout en bout, mister Penn porte littéralement le film sur ses épaules. Et ce qui est génial c'est que les autres interprètes ne déméritent pas face à lui. James Franco (« Spider-Man ») est fantastique et gagne à chaque film un peu plus ses galons de star, Emile Hirsch (« Into the Wild ») sort un fabuleux numéro de folie et Josh Brolin (« No Country for old Men ») est impeccable. Sans ce casting exceptionnel, « Harvey Milk » n'aurait jamais été aussi réussi. Le scénario est intelligent et la partition musicale, bien que classique, est tranquillement dans le ton. Ce n'est pas un film de grande envergure sur le papier mais il s'en dégage une telle force qu'on est obligé de tomber sous le charme et d'éprouver de grandes émotions.

 

 

1 Commentaire

  1. Lecteur

    « Il a toujours été reconnu que cette communauté fait preuve d’une joie de vivre enivrante » nous dit Aymeric Engelhard. La fête, ça n’est pas forcément la joie. On lira à cet égard l’excellent, mais profondément triste, livre de Frédéric Mitterrand intitulé « La mauvaise vie ».

    Réponse

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