Par Nadine Fageol
Spécial n°100 – Les créateurs de Lyon People se sont rencontrés au milieu des années 80 et ne se sont jamais perdus de vue. Jusqu’au jour où ils ont créé leur média d’abord sur le net mais c’est la version magazine qui impose le concept qui fête ses dix ans. Album collector.
Marco et Nico sont dans un bateau ; qui tombe à L’eau ? Nico, parce ce que pour Marco le simple fait de monter à bord constitue un début d’événement alors autant le transformer en farce en faisant tanguer la barque et chavirer Nico, le tout en costard dans une eau vaseuse sous les fenêtres du Progrès et d’Espace Group au Confluent. Chez Lyon Pipolo, le quotidien est affectueux, le grain de folie apprécié, l’ennemi considéré, la provocation provoquée, et le client (devient généralement) ami au point de former ce que d’aucuns appellent l’amicale Lyon People. Décrié par certains ou inconnu d’autres, Lyon People fait partie intégrante de la vie lyonnaise segment pioux-pioux à lire entre les lignes, chroniques partisanes et photos de déjantées à légendées. Lu en haut lieu comme chez le coiffeur des beaux quartiers. Ils ne pouvaient se rencontrer que dans leur milieu naturel, un bar du quartier d’Ainay. Après les Maristes, Marco traîne ses guêtres en AES à Lyon III. Nico est considéré comme perdu. « Comment donner à boire à un âne qui n’a plus soif ! » explique Monsieur Pochon, le directeur du Cours Pithiot à sa mère effondrée. La suite en forme d’échappées belles : veilleurs de nuit saisonniers, l’hiver aux Ménuires et à Méribel, l’été au Touquet et à la Rochelle !!! Ils partagent tout d’autant qu’ils n’ont rien, à l’exception d’origines marquées. Sang bleu du côté de Marco que l’on aurait volontiers imaginé seigneur marivaudant au château et fomentant à la cour. Bourgeoises -industriel du poids lourd- chez Nico qui, à l’évidence, préfère l’autonomie à la blondeur incarnée. « On était tout de même logé ! » Dans leur résidence hôtelière PV, les jours de départ des touristes, c’est Byzance. Ils passent les appartements au crible avant l’arrivée du personnel d’entretien « pour racler les frigos ». L’été suivant, en conflit avec sa patronne, Marco ne fait pas deux mois à Port du Crouesty. Illico, il se rapatrie à La Rochelle dans la résidence de Nico. De nuit, ils veillent en réception (l’un à l’Océanide, l’autre aux Minimes). De jour, le tandem part en goguette sur l’île de Ré, dormant à la belle sous les fenêtres des Bastion de la mer (Saint Martin de Ré), leur nuit de congé. A la fin de la saison, les ardoises sont telles dans les bars et le casino de la ville qu’ils doivent vendre leurs véhicules et rentrer à Lyon en voiture de location. Direction l’armée. Contingent 89/10. Marco en chauffeur 38 tonnes dans la Brigade Franco-Allemande écrit de longues missives à Nico en poste chez les CRS à Metz !
Au retour, les parents de Marco inquiets devant son maigre bagage lui ordonnent de reprendre les études. Il s’inscrit à l’IDRAC, école de commerce, avec Denis de Benazé comme enseignant. En vieux major, il pouponne Laurette, Guillaume Targe, Jean-Claude Navallon, Lionel Véricel et Nicolas Balaÿ. On frôle le pire quand Nico hésite à faire carrière sur la suggestion de son supérieur : policier. Et de se reprendre, « Non, chef ! J’ai une copine qui vit à New York ». Le pandore s’étouffe et Marco glousse : « Je ne te donne pas deux mois pour que tu rentres ». Par l’entremise de Florence Roset, Nico passe ses nuits au Copacabana (à côté de Central Park) d’abord au vestiaire puis au service. Sans visa de travail, il vit dans une chambre de 12 m2 au-dessus d’une boutique de pianos sous un faux nom emprunté dans un film. Il s’invente encore un numéro de « sécurité sociale » et chaque fin de semaine Larry Garret échange sa lettre-chèque contre du liquide au bar de la boîte appartenant à la Mafia. Passe une petite année borderline, et retour à la réalité lyonnaise. En 1991, l’amie Agnès le tuyaute sur un job de délégué commercial chez Chorus – Jet Tour. Mission, prospecter les agences afin de préconiser le catalogue voyages du tour-operator. Jackpot, Larry Garret devient Danny Wilde qui s’envole dès le premier mois pour l’Ile Maurice et va visiter le monde en bonne compagnie à raison d’un voyage par trimestre. Marco, alias Lord Brett Sinclair, qui n’a pas dit son dernier mot conforte son diplôme idracien d’un séjour de trois mois en Chine puis entre en normalité à la Comareg à Grenoble, commercial pour Le 38 puis pour Le 69 à Villeurbanne. Et se prend enfin au jeu, cultive son carnet d’adresses. Se passionnant pour le métier de la presse gratuite, « le baron » peaufine le montage de cahiers emploi et formation. Lui qui se voyait flic ou moniteur d’auto-école, bref fouineur ou glandeur, a une marotte : les journaux, les bouquins, l’Histoire et les petites histoires. « J’ai toujours pensé qu’un jour j’aurai mon journal ; ça doit être inscrit dans mes gênes », qu’il raconte. « Même en Grèce, il lisait le journal, mais dans l’autre sens » s’amuse Nico. Chef de pub à la Comareg, Marco démarre sous le manteau la version Internet de Lyon People avec Fabrice Mirabel comme associé responsable commercial. Dans un studio de Caluire, Nico rejoint l’équipe pour prendre en main la partie webmaster. Marco se lance dans la pêche à l’info. Inconnu du landernau presse lyonnais, il enfonce les portes quitte à passer par l’entrée de service ou soudoyer un vigile pour accéder à l’inauguration du Pharaon. « Alors, on vient piller les buffets ? » Marco contrecarre le missile de Carole Dufour par un de ses regards charmeurs dont il abuse sans vergogne. De ses frasques vont naître nombre d’amitiés et un solide répertoire téléphonique.
Alimenté en rumeurs de toutes sortes, le site commence à faire parler de lui. « On a explosé la fréquentation avec Le 115, quand Caro, Auclair et Trompette se parlaient uniquement par lettres recommandées ». Seulement à la pub, le client se fait prier. Il faut renflouer le navire tout juste lancé. On est en pleine période bulle Internet et business-angels, ce qui n’a pas échappé à Laurette, la copine de promo devenue port d’attache de Marco et maman de Louis et Charles. Laurette présente Marco à Albert Artiaco (co-fondateur d’Ecco TT) qui, à son tour, lui présente Jean-Marc Requien, ponte de la pub à l’âme d’artiste et mécène de la presse lyonnaise. Les deux se plaisent. « Jean-Marc a pris 4% du capital d’une société qui fera maigre pitance pendant des années ». En fonds, l’équipe déménage pour de vrais bureaux au 25, rue Vendôme. Informatique, mobilier… six mois plus tard plus un sou en caisse. Mais dans ses pérégrinations, Marco a remarqué Françoise Petit, rédac chef éminemment mondaine du Figaro Magazine Rhône-Alpes. Quand il apprend son licenciement – le Fig Mag géré à la va comme je te pousse par un vieillard depuis Paris finit par plonger – Marco et Nico lancent leur canne à pêche, moulinent, moulinent encore et transforment les indemnités de licenciement de la dame en capital lyonpipodantesque. Petit étant un nom de part trop républicain, Françoise titrée baronne, hérite d’une chronique à vie et de l’affection inconditionnelle des deux lascars. « Dans les années 2000, il y avait pléthore de sites Internet et de gratuits, personne ne croyait en Lyon People jusqu’à nos amis qui prédisaient notre fin ». En 2001, le site Lyonpeople.com se double d’une version papier qui va peu à peu s’imposer dans le paysage lyonnais. Tout le monde connaît la suite, des jolies filles en devenir à la une, Marco drague par grand fond toute la ville jusqu’aux élus et autres grands commandeurs de la cité. Et quand il remonte un gros poisson d’humeur joyeuse, il le plonge dans une baignoire voir dans un spa. Autrefois prescripteur, Nico enchaîne avec bonheur sur du pur commerce tant et si bien que le magazine regorge d’annonceurs, à vous dégoutter la concurrence. Farces, attrapes et chasse à courre, dix ans que ça dure et l’amitié toujours au beau fixe entre les deux « biquets » comme dit Marco qui se bichonnent de vibrantes petites escapades gourmandes chez Blanc avec Pierre-Yves et Christian (Sainte Foy Immobilier). A propos, ces tandems ont d’autres clones : Thierry et Pierre de l’àKGB, Laurent et Charles de Hit & Sport, Philippe et Olivier (Ivanohé) ou encore Paulo et Marc (Le First)… Des quadras qui ne la jouent pas perso !
Le making of du reportage
Entrepôt de Delta Nautic à Saint-Priest. Livraison de la barque par Stéphane Siranossian himself.
7h – Place des Terreaux
Le pitch : Sous les fenêtres de Gégé et l’œil narquois de Jeanne et Léon, Marco dégaine son téléphone rose pour établir le contact avec le sénateur-maire socialiste.
La place des Jacobins, page suivante
8h – Place des Jacobins
Fontaine des Jacobins au cœur du triangle d’or. Zone très poissonneuse et terre de prédilection pour Nico qui y soigne ses plus gros annonceurs. Depuis 2001, c’est la pêche miraculeuse !
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Le pitch : Bataille navale au confluent. Sur une idée de Nadine, Marco et Nico ont délibérément sorti leurs cannes à pêche dans les eaux territoriales du Progrès et du groupe Espace. Tous deux nouveaux convertis (malgré eux) à la cause du people.
Rendez-vous dans 10 ans !
énooorme ou Nico et Marco comme on les aime ! bizz de deux autres clones… Thierry et Pierre de l’àKGB
Top le magazine ! Top la vidéo ! Top votre équipe ! Changez rien, longue vie à LP ! La bise et joyeux anniversaire !
Hello les amis 9/9/2010 à marquer d’une Pierre Blanche. Toutes mes félicitations pour avoir su en 100 nô donner à Lyon et aux Lyonnais le « mag incontournable des Lyonnais qui vivent leur ville » Avec toute mon amitié
Pêcher en eaux troubles, vous avez fait ça toute votre vie les gars ! Continuez !