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Par Emmanuel Stern
« Des collages pour les oiseaux de Prévert ! », Je suis certain que le poète comme l’artiste me pardonneront ce jeu de mots sans doute un peu facile, eux qui tout au long de leur vie n’ont cessé de jouer avec les mots comme avec les images.
Chacun sait l’importance des oiseaux dans l’œuvre de Jacques Prévert. Qui a oublié le fameux « pour faire le portrait d’un oiseau »répété à l’envi dans toutes les écoles de France ? Nombreux sont les Lyonnais qui connaissent également le goût pour les zoizos de Jean-Marc Requien. On se rappelle le succès qu’il avait obtenu lorsqu’il les avait exposés, il y a deux ans, à Paris, à la galerie la Capitale ou encore l’année dernière, à Lyon, à la galerie Gilbert Riou.
Jacques Prévert, en digne héritier des surréalistes a réalisé de nombreux collages même s’ils sont moins connus que ses poèmes. Rien d’étonnant donc, à ce que Jean Marc Requien, dont on connaît les collages plein de poésie et d’humour ait imaginé une série de collages illustrant les poèmes de l’auteur des feuilles mortes. Il les présente à la galerie de la Charité, en face du Musée des tissus, du 19 novembre au 8 décembre.
En réalité, il a commencé ce travail au début des années 60, alors qu’il était élève à l’Ecole Nationale des Beaux-arts. Un travail encouragé par son professeur Henri Vieilly. Un travail poursuivi au fil du temps et de l’inspiration mais jamais achevé. On sait en effet, que Jean-Marc Requien n’aime pas la contrainte. Début 2015, au retour de la rétrospective consacrée à son maître Philibert Charrin, il décide de s’y remettre afin d’exposer à Lyon en novembre 2015. Pari tenu . Et bien tenu ! Ceux qui apprécient la poésie qui se dégage des collages de Requien ne seront pas déçus. Parmi les 24 collages en effet, il y a quelques petits trésors qui valent le détour.
Entre deux voyages dans son petit paradis de Mirleft, au Maroc, où il continue d’assembler ses fameux zoizos en volume qu’il expose à Marrakech, il a complété et peaufiné sa série de collages-illustrations. Il s’agit presque d’une rétrospective tant Il est amusant de mesurer l’évolution de son travail et de constater l’influence qu’a pu avoir la publicité dans son travail tout au long de ces cinquante années.
Yves Combet qui expose régulièrement les grands maîtres de la peinture lyonnaise, Truphémus, Fusaro, Cottavoz, Morisot, Ravier, ne s’est pas trompé en organisant dans sa belle galerie de la rue de la Charité en face du Musée des tissus, cette nouvelle expo de Jean-Marc Requien qui, comme le regrettent Alain Vollerin et Bernard Gouttenoire – exceptionnellement d’accord – aurait peut-être dû choisir plus tôt de se consacrer à une œuvre déjà très riche mais qui aurait été évidemment plus dense si notre touche-à-tout n’avait pas préféré s’éparpiller dans la publicité, l’écriture ou pire dans les couloirs et les coulisses de la politique.
Quoi qu’il en soit, quand on visite son atelier de Saint Didier au Mont d’Or et que l’on découvre l’amoncellement hétérogène de morceaux de papier et de carton, de branchages et autres bouts de ficelle, véritables reliques – car chaque trouvaille à une histoire – on sait qu’il n’a pas fini de nous surprendre et de nous donner d’autres rendez-vous pour nous montrer, comme disait Paul Valéry, qu’une image est toujours plus que la chose dont elle est l’image ou comme il le dit lui-même que, contrairement à l’adage, les images ne sont jamais sages.
Du 19 novembre au 8 décembre 2015
Vernissage jeudi 19 novembre à 18h30
Galerie de la Charité
15, rue de la Charité – Lyon 2
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