The Theatre Bizarre

24 mai, 2012 | CINEMA | 0 commentaires

the-theatre-bizarre.jpg Par Aymeric Engelhard

 

Un film à sketch annoncé comme particulièrement extrême, voilà qui peut attirer et peut-être enfin contenter les esprits déviants de la communauté cinéphile. En grand hommage au fameux Grand-Guignol parisien, « The Theatre Bizarre » propose sept court-métrages glauques, gores, osés. De l’horreur dégénérée. Enfin c’est ce que la promotion a vendu. Le résultat s’avère tout autre.

                           

Le Grand-Guignol c’est un théâtre qui ouvrit ses portes au XIXeme siècle à Paris. Proposant des spectacles à la fois horrifiques et drôles, les spectateurs venaient en masse des différentes classes sociales. Fermé en 1963, le lieu a laissé place en 2004 à l’International Visual Theatre. Dans une volonté d’hommage, sept metteurs en scène sous la houlette de divers producteurs issus du monde de l’horreur underground (tel que Jean-Pierre Putters, fondateur du magazine Mad Movies) signent sept petites œuvres rappelant les spectacles grand-guignolesques. C’est ce qui est marqué sur le papier. Mais outre le segment de Jeremy Kasten servant de base à l’œuvre (Udo Kier y présente chacun des autres court-métrages), bien peu s’appuient sur l’hommage qu’ils sont censés rendre. Pire, certains apparaissent complètement hors-sujet. Là où l’on espérait assister à un spectacle furieux et extrême, rempli de sang, de chair et de sexe saupoudré d’un humour bien noir, c’est un enchaînement de petites histoires bavardes et pas si osées que ça dans lesquelles le manque de moyen saute particulièrement aux yeux. « I love you » par exemple marque par son côté trop sérieux. Un couple se sépare violemment. Mais c’est bien dans les dialogues que se trouve cette violence, et non dans les images. Trop dramatique. Tout comme « The Accident », magnifique dans sa mise en scène, poétique, excellemment interprété mais encore une fois trop bavard et pas assez démonstratif. Loin des promesses hard de l’anthologie. Pourtant la mise en bouche avec le « Mother of Toads » de l’attachant foldingue qu’est Richard Stanley laissait entrevoir le meilleur. Prenant appui sur l’œuvre de Lovecraft et les séries B monstrueuses des années 80, ce segment est le seul à proposer quelques frissons, du rire (involontaire cependant) ainsi qu’une histoire réellement intéressante. Reste que la mise en scène n’égale que celle d’un mauvais téléfilm allemand et que les acteurs sont aussi expressifs qu’un mur. Comme « Visions Stains » en soi. Sauf que celui-ci propose une histoire vraiment originale à défaut d’être bien traitée et qu’il apparaît comme plutôt choquant. Des piquouzes dans les yeux, ça impressionne, surtout quand c’est répété plusieurs fois jusque dans un final où une barre métallique remplace l’aiguille. Enfin du déviant ! Même si une fois n’est pas coutume, ça parle trop. Même constat inébranlable dans « Sweets », segment bavard mais heureusement bien dégoûtant. On a enfin des promesses tenues, bien que courtes. Visuellement exceptionnel, ce court s’achève dans une orgie cannibale assez savoureuse qui peut enfin s’apparenter à du grand-guignol. Mais au final, celui que l’on retiendra le plus reste le « Wet Dreams » du célèbre Tom Savini (maquilleur et responsable des effets spéciaux sur des films cultes tels que « Vendredi 13 » ou « Zombie »). Cet outrageux plaisir onirique bien trashy offre un délire gore constant. Il mérite amplement sa place dans « The Theatre Bizarre », anthologie décevante car en deçà des attentes suscitées. Bavard, sérieux, à des années lumières de ce à quoi il rend hommage mais réservant cependant quelques morceaux de bravoures bienvenus.

 

 

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