Par Stina Masson
A l’occasion de la décennie d’existence du casino de la cité internationale, son président Guy Benhamou revient avec nous sur les moments forts, les coups durs, les remises en question et l’avenir de l’établissement.
En France, l’exploitation des casinos était réservée aux stations balnéaires, thermales et climatiques. Il faudra attendre 1988 et l’ « amendement Chaban » pour étendre la législation aux villes touristiques de plus de 500 000 habitants disposant d’un centre dramatique national ou d’une scène financée pour plus de 40% par la ville ou, le cas échéant, avec d’autres collectivités territoriales. L’hôtel Hilton voit le jour en 1999, s’ensuit le casino Le Pharaon un an plus tard, suite à l’appel d’offre lancé par la Ville de Lyon et raflé par le Groupe Partouche. « Ça a bien tourné dès le début » explique Guy Benhamou. Le casino de la Cité Internationale bénéficie d’un emplacement stratégique et parvient ainsi à drainer une clientèle variée, des ménagères aux retraités, des professions libérales aux restaurateurs venant jouer une fois leurs établissements fermés. De plus, ajoute M. Benhamou, « le Palais des Congrès est un vecteur de clients opportunistes, qui passent à l’hôtel et en profitent pour se divertir au casino ». Mais les trois dernières années ont été difficiles. Plusieurs causes à ce ralentissement: en premier lieu, le contrôle d’identité systématique à l’entrée. « Cela en a refroidi plus d’un » explique le président, « on a beau eu communiqué qu’il ne s’agissait en aucun cas d’un fichage de la clientèle, ça a fait peur à certains ». S’ensuit la loi sur l’interdiction de fumer dans les lieux publics, applicable en 2008 pour les établissements de jeux, véritable « coup de massue » ajoute-t-il. Ajoutez à cela l’avènement des jeux en ligne, sur lesquels « nous n’avons pas encore assez de recul » (mais tout de même), et la crise financière, le casino a ainsi vu une chute de son chiffre d’affaire de 20%, « comme tous les casinotiers d’ailleurs ». Guy Benhamou en tire les conséquences : « Tout ceci nous a amené à revoir notre modèle économique, à opérer une vraie remise en question sur notre métier ». Comment procéder ? « En faisant des économies sur les charges, sur les embauches, et surtout en mettant en place une stratégie de fidélisation de la clientèle par des cartes de membres et une politique événementielle ». Le casino élargit aussi son offre en proposant des « jackpot multi-sites » et bientôt des machines à sous à 1 centime d’euros !
Malgré un avenir incertain, Guy Benhamou se veut optimiste, et observe « un petit sursaut depuis 2 mois », tout en restant réaliste « on en a fini avec la progression à deux chiffres, on travaille dorénavant sur du linéaire ». Et de revenir sur les jeux en ligne en espérant que « les gens se découvrent une âme de parieur en ligne et aient envie de tester ça dans le réel ». Alors que le Groupe Partouche vient de se voir renouveler par la ville de Lyon le contrat de délégation de service public qui lui octroie l’exploitation du casino, M. Benhamou insiste sur sa contribution « au développement culturel et sportif de la ville » (15% du produit des jeux sont destiné à la Ville, et le casino participe au financement de nombreuses manifestations, telles la Biennale de la Danse, pour un montant total de 850 000€). On a appris entre-temps que le Groupe Partouche – en association avec un pôle de promoteurs (Jackpot au casino) faisait partie des candidats à l’acquisition des prisons Saint-Paul et Saint-Joseph, situées à Perrache. Si le projet était retenu Le Pharaon (15,7 millions d’euros de produit brut de jeux en 2009 et 130 salariés) se verrait être délocalisé pour un investissement qui avoisinerait selon Guy Benhamou «les 30 millions d’euros ». Une piste qui permettrait au Groupe Partouche de se projeter dans l’avenir en créant un vaste ensemble de 7000m2 avec une salle de spectacles, cinq restaurants et bien sûr des salles de jeux. Guy Benhamou veut croire que l’univers des casinos va trouver un nouveau souffle « en créant des temples du divertissement pour tous ». Verdict le 15 décembre 2010.
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