Le modèle lyonnais à l’épreuve du feu

19 mai, 2008 | TRIBUNE LIBRE | 5 commentaires

gerard_collomb Par Philippe Dibilio

 

Dimanche lors de l'élection cantonale dans le Vème arrondissement le « modèle lyonnais » cher à Gérard Collomb sera à l'épreuve du feu. Et il prendra une forme particulière avec le soutien d'un candidat centriste en lieu et place d'un candidat socialiste.

 

Jusqu'alors, en effet, ce fameux modèle que le maire de Lyon se dit prêt à proposer au PS comme une perspective politique pour le pays s'entendait comme l'élargissement de l'offre politique socialiste à la mouvance centriste disposée à y adhérer. Dimanche c'est donc un pas supplémentaire qui est franchi. Certes Thomas Rudigoz a été élu sur la liste Collomb de cet arrondissement mais cette fois sa candidature n'a pas fait l'unanimité dans le camp socialiste malgré les accords de sommet. Reste maintenant l'échéance et surtout le résultat seul juge de paix en politique. A ce sujet, rien n'est évident. Thomas Rudigoz, Modem collombo-compatible et proche d'Anne-Marie Comparini, dont on ne peut pas dire qu'elle ne fût jamais de gauche, devra donc gagner à droite tout en rassemblant à gauche. Vaste programme d'autant plus difficile à réaliser lors d'une élection de ce type. Une cantonale partielle en milieu urbain représente l'élection qui mobilise le moins les électeurs. C'est donc d'abord à un taux d'abstention record qu'il faut s'attendre. Dès lors, c'est le camp qui réveille le mieux ses troupes qui a l'avantage. Qui rassemblera celles de Rudigoz ? Gérard Collomb qui s'investît en première ligne dans la campagne bien sûr mais que fera la section socialiste du secteur qui, certes, a accepté de retirer son candidat mais qui devra maintenant passer à une attitude positive. Bref, l'enjeu est de taille pour le maire de Lyon dont le « modèle lyonnais » est fortement raillé par ses pairs à Paris ce qui transformerait tout échec de son candidat en enterrement du dit modèle. En pleine période de préparation du Congrès socialiste de novembre durant laquelle le positionnement de Gérard Collomb n'est pas des plus évidents, cette cantonale partielle prend une importance que l'on n'attendait pas à gauche. La parole est maintenant aux électeurs socialistes et centristes qui voudront bien se déplacer.

 

Inutile

Eric Besson, secrétaire d'Etat mais aussi l'homme politique qui tourne plus rapidement sa veste qu'il ne l'enfile, s'intéresse au football professionnel français, on craint le pire ! Ce touche à tout insignifiant à coté d'un Jacques Attali, cherche surtout à remplir un peu son portefeuille ministériel inutile et ses idées sur le foot relèvent carrément du café du commerce. « Le football français veut rester compétitif tout en gardant sa spécificité : la solidarité avec le football amateur. On peut se demander si ce modèle est encore viable » déclare-t-il à l'hebdomadaire Challenges. Ben voyons, il n'y a guère que lui pour ignorer le réservoir de talents que constitue ce foot du week-end sans oublier ce qu'il représente comme lien social dans tout le pays. Et puis où les clubs dits formateurs iraient-ils puiser leur recrutement sans le foot amateur ? Besson poursuit en évoquant le modèle anglais et ses grandes capacités de « merchandising » et il ajoute comme une découverte la nécessité de la propriété des stades par les  clubs. En fait des pistes que le foot professionnel et ses clubs, dont Lyon, n'ont pas attendu pour explorer. En revanche lorsqu'il s'agît de la participation de l'Etat à l'évolution de la compétitivité des clubs, le sous secrétaire d'Etat est moins déterminé ; s'agissant de la question récurrente du taux d'imposition des joueurs professionnels, il affirme que « la dimension fiscale n'y occupera pas une place centrale, parce que les contraintes fiscales pesant sur les finances publiques sont fortes ». Voilà qui est clair. En fait si le foot français n'a besoin de rien, il peut demander à Besson ce qui prouve bien que ce ministre ne sert à rien et que sa charge n'est que le fruit d'une opportune trahison.

 

Direct

J'ai été, comme on disait à gauche dans les années 70, interpellé dans mon vécu, par le texte d'une jeune fille adressé à Tribune de Lyon dans le cadre d'un échange sur Mai 68. « Cette année on fait un tapage autour de cet anniversaire alors que Mai 68 n'a apporté  que perte de valeurs et décadence de la jeunesse, tout ça parce que leurs parents, conquérants de la liberté ont cru bon de ne pas donner de limites à leurs enfants et de les laisser livrés à eux mêmes. Maintenant, à cause de ça, les jeunes n'ont plus d'idéaux ni de rêves. S'il faut aujourd'hui se souvenir de quelque chose c'est de l'avant 68, lorsqu'on avait encore des valeurs et qu'on n'était pas dans une société obsédée par l'argent. »A dix huit ans, c'est son âge, rien d'étonnant qu'un langage aussi direct ; tant qu'elle le gardera, elle restera jeune dans sa tête. Si je ne me sens pas particulièrement visé car 68 restera d'abord pour moi la grande grève et les résultats qu'elle a apporté au monde ouvrier et que je n'ai pas sombré dans les rêves petits bourgeois sur l'éducation débridée qui n'était qu'un délire de riches, il reste que cette façon de vider le bébé avec l'eau sale m'interroge. Si je partage son souhait de retrouver une société avec des valeurs autres que celles du fric et où renaissent rêve et utopie, je ne pense pas qu'il faille effacer ce temps fort que fût 68 qui a révélé à la société nombre des ses points faibles et de ses limites. Et puis quel dommage que ce soit une jeune fille qui fasse l'impasse sur l'évolution de la condition féminine qu'a engendré ce mois de mai. Enfin, je pense qu'il n'est pas nécessaire de faire table rase du passé pour faire revivre une utopie mobilisatrice. Aussi ma chère Christine, c'est son prénom, je ne crois pas qu'il faille tenter de revenir à l'avant 68 mais je comprends que ta génération soit déprimée. Alors une cure s'impose, une cure comme la concevait Lacan et dont l'enjeu est « d'élever l'impuissance à l'impossible » en se fixant un but, un point à atteindre, un point porteur de rêve. Et c'est dans la société d'aujourd'hui qu'il faut le définir.

 

En bref

Je n'ouvrirai pas de polémique avec mon ami André Soulier qui a gentiment répondu à mes propos de la semaine dernière à propos du Grand Stade de Décines. Il me dit qu'il a, par son courrier, seulement voulu mettre en évidence la charge de la preuve ? Dont acte et je n'en doutais pas, c'est plus à l'évocation d'éventuelles suites juridiques voire judiciaires que je faisais référence pour parler de conseil hasardeux. Quant à mon attachement à la dialectique, si je respecte Hegel il y longtemps que je me réfère à celle de Marx sans d'ailleurs en débattre avec André Gerin.

5 Commentaires

  1. ERREUR

    Pour info je crois que la section PS du 5ème n’a pas retiré sa candidature. Merci de vérifier vos sources

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  2. électrice

    André Pelletier s’est bien retiré, mais ce n’était pas le candidat choisi par les militants du 5e. Daniel Malicier, lui, reste en course et ne s’est en aucune façon retiré de cette élection! Les militants PS du 5e ne feront en aucun cas la campagne de M. Rudigoz.

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  3. MEMBRES DU COMITE DE SOUTIEN D

    Les membres du comité de soutien « EN AVANT LE 5EME CANTON AVEC LES SOCIALISTES ET DEMOCRATES » apportent un démenti formel à cette annonce mensongère citée au milieu de votre premier paragraphe. En effet, le candidat Daniel MALICIER soutenus par les militants du 5ème n’a jamais eu l’intention de se retirer. Le comité de soutien s’insurge contre de tels procédés qui pourraient provoquer la confusion chez les électeurs. Nous demandons au rédacteur et responsable de cette fausse nouvelle de diffuser à réception de ce commentaire un démenti formel. Une conférence de presse s’est tenue ce jour même 19 mai 2008 afin d’expliquer les raisons de cette candidature.

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  4. Socialiste

    Le candidat Daniel Malicier, socialiste est toujours en course pour les cantonnales. Rudigoz est un candidat « fabriqué » alors vérifier un peu vos infos!!!!!

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  5. Philippe Dibilio

    Il y a un certain nombre de réactions à la suite de mon approche de l’élection cantonale du 5ème arrondissement. Je noterai seulement que je n’ai pas fait une revue de détail des candidats en présence mais n’en ai cité qu’un seul pour ce qu’il représente comme choix politique de la part de Gérard Collomb et des instances du PS. Les remarques, qui vont toutes dans le même sens, me reprochent de ne pas avoir fait état de la candidature de Daniel Malicier, membre du parti socialiste que des militants socialistes du Vème et son comité de soutien présentent comme le candidat socialiste. Je me garderai bien de juger l’engagement de Daniel Malicier, ni l’authenticité de sa qualité de socialiste. Mais qu’ai-je écris ? Que la section socialiste avait accepté de retirer son candidat. Et je constate que Daniel Malicier n’a eu ni l’aval de Gérard Collomb, ni de la Fédération, ni des instances nationales qui attribuent les investitures. Sans aller chercher si loin, j’ai aussi lu sur le blog de Jean-Yves Secheresse, militant avéré du Vème et président du groupe PS au conseil municipal les mots suivants : « Aujourd’hui mon ami Daniel Malicier maintient sa candidature malgré le soutien du PS à Thomas Rudigoz. Je le regrette…» Alors dans cette situation que je ne juge pas, je constate que oui Daniel Malicier est socialiste et candidat mais candidat dissident. Ceci dit, il n’était pas de mon propos de prendre parti mais d’évoquer le modèle lyonnais de Gérars Collomb qui prend ici une tournure particulière.

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