Par Philippe Dibilio
Il est une rumeur qui reprend vigueur, c'est celle consistant à prévoir pour la seconde partie du mois de janvier le remaniement ministériel tant attendu par Michel Mercier. Mais pourquoi y prêter plus d'attention aujourd'hui qu'hier, me direz-vous ? Peut-être parce que, comme on le dit dans le langage policier, des éléments concordants apparaissent à l'horizon du calendrier politique.
En effet, c'est en janvier que la France passera la main de la présidence de l'Union Européenne ce qui ramènera l'attention sur la situation politique intérieure. Par ailleurs, le Congrès de l'UMP aura lieu dans les mêmes eaux et, on le sait Nicolas Sarkozy veut débarquer Devedjian du Secrétariat général au prétexte qu'il a du mal à faire tourner la machine, notamment face à un Jean-François Coppé qui s'appuie avec efficacité sur le groupe à l'Assemblée nationale, qu'il préside, pour occuper le terrain. Dans le même temps Sarkozy veut faire un peu de ménage dans un gouvernement où la cacophonie est de mise et l'art de la boulette aussi. C'est donc en s'appuyant sur ses sept super ministres que le Président de la République va jeter les bases de l'ossature de son prochain conseil des ministres. Mais ce sera aussi le temps des récompenses. Et Michel Mercier attend la sienne eu-égard aux bons et loyaux services qu'il a rendus en sa qualité de président du groupe centriste au Sénat au moment du vote de la réforme constitutionnelle en particulier. Et, là encore, l'opportunité est au rendez-vous puisque la loi qui autorise un sénateur devenu ministre à retrouver son poste au terme de son passage au gouvernement rentrera en vigueur également autour du vingt janvier. Les voilà donc les éléments concordants. Michel Mercier le sait et force le destin en donnant de sérieux gages à Nicolas Sarkozy. Sur la réforme des collectivités tout d'abord dont il apparaît soudainement comme un partisan, y compris sur le point consistant à réduire le champ des départements. Sur le plan de l'organisation politique également. Quand François Bayrou fait pencher son discours à gauche en déclarant à Roubaix : « Sarkozy assume le capitalisme, moi je ne pense pas que c'est un modèle pour la France, je ne crois pas dans la distinction entre un capitalisme financier mauvais et un capitalisme industriel vertueux. Mon modèle est humaniste. Tout ne se résume pas à la production et à la consommation ». Qui dit mieux ! Mercier tient absolument à se distinguer de tels propos, c'est pourquoi il s'est approprié l'idée de Jean-Luc Da Passano de créer dans le Rhône le Rassemblement des Démocrates, une structure refuge pour tous les centristes qui ne tiennent pas à s'identifier au Modem de Bayrou et qui conservent ainsi leur positionnement à droite. Bref, Mercier est prêt. Seul problème pour lui, il aura du mal à avoir le ministère de la Justice qui risque de revenir à Devedjian, Sarkozy lui devant bien ça.
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« Le modèle social-démocrate est un modèle périmé ! » Ce n'est pas moi qui le dis mais Ségolène Royal pour qui il ne faut certainement pas revenir aux idées de la social démocratie et encore moins aux idées libérales mais aller vers un socialisme du XXIème siècle. Ce qui suppose, pour elle : « un Etat préventif qui change les rapports de forces et non pas, comme en social-démocratie, un Etat secouriste qui ne met pas en cause le système. » Voilà bien là une nouvelle pierre dans le jardin de Gérard Collomb, social démocrate convaincu et qui l'avait clairement affiché dans le texte de sa contribution : la ligne claire justement. Il est vrai que depuis cette période les contorsions n'ont pas manquées. Le maire de Lyon, en effet, avait lancé sa motion en affichant la volonté qu'elle ne soit pas conduite par présidentiable, Pierre Moscovici a fait l'affaire… l'espace d'un instant avant de rejoindre Delanoë. Alors, pour ne pas être trop seul il s'est résigné à accueillir Ségolène dès lors qu'elle promettait de ne pas briguer le secrétariat du PS afin de respecter le vœu de Collomb. La dite motion est néanmoins vite devenue la motion Royal et comme elle semble dès lors prendre une bonne place dans les intentions de vote des militants, Sego commence à laisser entendre qu'elle sortirait volontiers du frigo, où elle l'avait enfermée, sa candidature à la tête du PS. Et voilà que maintenant elle affiche une position de fond différente de celle des initiateurs du texte en le faisant glisser à gauche ce qui, à gauche comme à droite, est bien dans l'air du temps. Voilà donc le dernier avatar subi par Gérard Collomb dans son périple national de préparation du Congrès Socialiste. Ce ne sera certainement pas le dernier car après le vote des militants, viendra le temps des alliances ce qui veut dire des compromis quitte à tordre encore un peu ce qui fût au début la ligne claire. Seule consolation, tout ça se termine bientôt.
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