Par Philippe Dibilio
Les partisans du Grand Stade de Décines se sont peut-être réjouis trop vite après l'annonce de l'adoption de l'amendement Mercier par le Sénat la semaine dernière. Un texte qui aurait permis une sensible accélération du calendrier de réalisation du Stade.
Seulement voilà le parcours d'un texte parlementaire est particulièrement compliqué et il a été fatal au fameux amendement. Petit retour en arrière. Au moment du passage au Sénat de la loi dite « anti-crise » car elle fixe les objectifs de dépenses des 26 milliards d'euros injectés par l'Etat afin de résister à la mauvaise conjoncture ; à ce moment donc Michel Mercier dépose un amendement qui propose que les équipements sportifs initiés par des sociétés privées mais affiliées à des fédérations sportives soient considérés d'utilité publique et que, dès lors, les collectivités publiques peuvent en financer les moyens d'accès notamment. Bref un texte tout à fait adapté pour l'OL-Land de Décines. Approuvé par le gouvernement, présenté par le groupe centriste, présidé par Michel Mercier, le texte est adopté mais il déclenche la grande fureur des députés UMP du Rhône opposés au projet. Et à ce moment là le texte n'en a pas fini avec son parcours parlementaire. En effet, un texte adopté par le Sénat sans être passé par l'Assemblée et qui n'a donc pas été vu par les députés, doit, avant de revenir en deuxième lecture pour adoption définitive être approuvé par une commission mixte paritaire qui comme son nom l'indique est composée de sept sénateurs et sept députés. C'est cette étape qui a été fatale au dit amendement. Avant que ne se réunisse la commission les députés Philippe Cochet, Philippe Meunier et Michel Terrot ont pris leur bâton de pèlerin et fait le lobbying nécessaire pour bloquer le texte. Il est vrai que dans le contexte de l'atmosphère délétère qui règne entre les députés de la majorité d'une part : le gouvernement et l'Elysée de l'autre, leur tache a été facilitée. Leur président de groupe lui-même peu enclin à faire plaisir au Château et à faire avaler trop de couleuvres à ses troupes ne risquait pas de se mouiller dans cette affaire lyonno-lyonnaise.
La pression fût si forte qu'Elisabeth Lamure, sénatrice du Rhône qui a rapporté la loi concernée devant le Sénat et qui avait voté l'amendement s'y est opposée en commission mixte sous prétexte qu'au Sénat les élus UMP l'approuvaient mais pas ceux de l'Assemblée Nationale, bonjour la cohérence. Il ne faut pas pour autant tomber dans un clivage gauche droite trop facile car deux députés socialistes et un sénateur radical de gauche n'ont pas voté ce texte, certes ils ne sont pas de la région mais on ne sait pas si leur motivation relève d'un désaccord de fond ou d'une lutte de tendances au PS. S'il en est un qui pourtant avait mouillé le maillot c'est bien Michel Mercier. Au départ en effet, c'est Gérard Collomb qui devait déposer un amendement mais ses services juridiques internes et externes au Grand Lyon ont pondu un texte tellement brillant qu'il contrevenait à la Constitution. Rejeté par la commission du Sénat, il n'est de fait pas venu en débat. C'est donc en catastrophe que Michel Mercier et son entourage, tous juristes il est vrai, ont pris la plume pour sauver la situation. Une opération qui aurait réussi dans un contexte plus apaisé à droite. IL faut donc maintenant revenir au processus de départ et attendre qu'un projet de loi du gouvernement soit inscrit à l'ordre du jour de l'Assemblée et que le groupe UMP accepte de le voter. Ce sera fait avant l'été nous dit Bernard Laporte le secrétaire d'Etat aux sports dont le poids au gouvernement est pour le moins relatif. De toute façon, ces nouvelles vicissitudes donnent du grain à moudre aux opposants au stade et rend plus difficile l'adoption de la modification du PLU prévue pour la séance publique du Grand Lyon de la semaine prochaine. Décidément il semble écrit que ce Grand Stade enfantera dans la douleur.
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