Par Philippe Dibilio

Il suffit que s'annonce l'échéance d'une élection à caractère régional et voilà que, tel le diable, Azouz Bégag sort de sa boite.

La première fois c'était en 1992, les événements de Vaulx-en-Velin marquaient encore les esprits et il avait tenté de s'y faire une petite notoriété ; ce fût raté les jeunes Vaudais ayant vite compris ce qu'il cherchait. Qu'importe, l'auteur du « Gône du Chaaba » ne pût résister à la tentation des élections régionales qui approchaient. André Vianès montait une liste en réaction au traitement que lui avait réservé le PS en ne le retenant pas comme candidat alors qu'il était président sortant du groupe socialiste. Sans complexe, Bégag est venu le voir pour lui dire tout le bien qu'il pensait de cette initiative tout en lui expliquant que le meilleur candidat tête de liste c'était Bégag lui-même. L'aventure s'est arrêtée là mais Bégag avait expérimenté sa méthode. Il la répétera chaque fois : j'arrive, je suis le meilleur donc je suis tête liste et il ne sera jamais candidat sauf aux élections législatives à Lyon où il a rassemblé 16% dans son quartier de la Place du Pont et alentours. Certes, il faut lui reconnaître un grand talent pour exister dans l'univers médiatique et c'est certainement ce qui lui a permis d'être coopté au gouvernement par son ami Dominique de Villepin. Mais sur le plan politique, il n'aura jamais dépassé le statut du trublion qui brouille les cartes et que les partis voient arriver avec beaucoup de circonspection. Gérard Collomb a, semble-t-il, abandonné l'idée de le prendre dans ses rangs ; quant à l'UMP son anti-sarkozysme lui ferme toutes les portes. Reste donc le Modem, cette formation qu'il a vouée aux gémonies lors des dernières municipales. Et pourtant ! Puisque les prochaines élections régionales s'annoncent, il fait amande honorable et fait don de sa personne pour l'échéance de 2010. Après avoir traité Michel Mercier de tous les noms, fustigé Christophe Geourgeon qui ne l'avait pas soutenu comme tête de liste, il pardonne et annonce doctement qu'il est, bien évidemment, le mieux placé pour faire gagner cette formation. Du Bégag dans le texte. Voilà une annonce qui ne va pas amuser beaucoup la formation de François Bayrou au moment où ce dernier avec son livre esquisse enfin une vision politique cohérente et argumentée. Alors, pas de chance mais il est dit qu'il ne peut y avoir d'élection sans Bégag, du moins c'est ce que pense l'intéressé.