Par Philippe Dibilio
Faire présenter l'émission consacrée aux 20 ans de la chaîne par Régis Guillet était une gageure. TLM l'a fait. Le rédacteur en chef de la télé locale, au demeurant bon journaliste, n'a pas les mêmes talents de présentateur.
Les interviews qu'il conduit d'habitude visage fermé, un peu comme un Buster Keaton sans l'humour, ne font pas de lui un animateur de soirée anniversaire. En fait, il s'agissait de la retransmission de la fête qui se déroulait au Transbordeur à l'occasion des vingt ans de la chaîne. Une soirée people à la lyonnaise dont les téléspectateurs auront eu une vague idée entrecoupée de flash back sur les grands moments de TLM, ce qui en une heure moins la pub et les animations ne laisse pas grand chose. Mais on a vu le maire de Lyon et même un ex, Michel Noir, le président du conseil régional, Michel Mercier lui devait être absent et Laurent Gerra la vedette de la soirée, Begag lui devait déjà être au Mexique. Quant aux animations, ce n'était pas le pied non plus : des comiques qui ne faisaient pas rire et un Jazz Band de gens de mon âge, c'est à dire plus tout à fait très jeunes. Bref une soirée qui ne pouvait pas effacer la réalité, TLM vit ses derniers jours de véritable télé locale et s'apprête à mourir à 20 ans ce qui ne prédispose pas à la grosse fête. Le Progrès, en effet, est aujourd'hui l'actionnaire de référence de la télé lyonnaise, un Progrès détenu par une banque, le Crédit Mutuel. Or un banquier ça peut, à la limite, accepter de perdre de l'argent dans une tentative de spéculation comme nous l'a montré l'actualité mais pas de manière récurrente et l'évidence est là. TLM perd de l'argent depuis sa création et rien n'annonce des perspectives inverses. La raison principale de cette situation est connue, il y a vingt ans au moment de son lancement, on attendait déjà et de manière imminente l'autorisation d'accéder au marché de la publicité pour la grande distribution et… on l'attendra longtemps. Cela, le Crédit Mutuel le sait d'autant mieux que ce sont les quotidiens de la presse régionale qui bloquent cette libéralisation qui leur retirerait une manne importante dont ils ont, c'est vrai, particulièrement besoin. Placé au cœur de cette contradiction (c'est pour cela que les initiateurs de TLM avaient refusé la participation du journal au capital de départ de la chaîne, il y est venu bien plus tard) le Progrès a pris la décision souhaitée par son actionnaire, il vend la majorité des parts de la chaîne. A l'heure d'aujourd'hui trois candidats s'annoncent : les groupes NRJ et Bolloré (Direct 8) et l'Olympique Lyonnais. Si l'arrivée de Jean-Michel Aulas est peu probable, eu égard aux réticences de ses actionnaires, celle d'un groupe national est inévitable. Dès lors TLM deviendra la franchise locale d'une chaîne nationale et perdra son véritable statut de télé de proximité. Dommage pour l'équipe qui avait, à sa manière, prolongé l'aventure commencée en 1989. Quant aux téléspectateurs, pas sûr qu'ils y gagnent grand chose. Cette triste perspective, en tout cas, a lourdement pesé sur la fête anniversaire.
Euh… quelqu’un peut prévenir Philippe Débilio que le secteur de la grande distribution est désormais ouvert aux chaînes de télévision, et ce depuis plus de trois ans ? Remettez-le dans la naphtaline, plutôt…