Par Erick Roux de Bézieux
Voici une information qui n’a pas fait frémir d’intérêt le monde journalistique lyonnais : le Medef et la CGPME ne feront pas l’union pour les élections des représentants des entreprises à la Chambre de Commerce et d’Industrie de Lyon. Etonnant. Quoique…
Le communiqué du Medef, signé de son président départemental Bernard Fontanel, est tombé le 24 septembre dans la journée… Il est très clair, réaffirmant la nécessité du rassemblement postélectoral (ça risque d’être marrant lorsque l’on connaît les rancœurs des uns et des autres) et l’impératif d’une campagne propre, privilégiant « le fond sur la forme » comme le rappelait la tête de liste du Medef, Benoit Soury :
« François Turcas (ndlr : président de la CGPME) et moi-même nous sommes rencontrés ce vendredi 24 septembre 2010 pour définir nos positions concernant les élections à la Chambre de Commerce et d’Industrie de Lyon. Nos organisations patronales convergent sur beaucoup de points, notamment la volonté d’être unis pour une mission de défense des intérêts des entrepreneurs du Rhône, et celle de promouvoir une image du patronat lyonnais à la hauteur des attentes de notre environnement local. Il y a, entre le Président de la CGPME du Rhône et moi-même, des relations d’amitié anciennes et sincères ayant permis ce matin d’avoir une nouvelle fois un échange franc, direct et chaleureux. Pour autant, compte tenu du contexte et de points de divergences dans la construction d’une liste commune, nous avons convenu de présenter des listes séparées. J’ai insisté auprès de François Turcas pour que cette campagne soit digne et constructive afin qu’une fois rendu le verdict des urnes, l’union patronale reste notre principal objectif pour travailler efficacement aux projets futurs, ce dont il a convenu sans réserve. »
En fait, il semblerait que la négociation se soit cristallisée sur deux noms : Guy Mathiolon, président sortant, CGPME, dont le Medef ne veut plus et Benoit Soury, 1er vice-président sortant, et dont la CGPME ne veut plus. Bref, au lieu d’un petit meurtre entre amis, ils partiront désunis. Sachant que la CGPME peut exécuter froidement Mathiolon en l’éjectant de ses listes. Si la presse locale a fait ses choux gras de la récente garde à vue de Guy Mathiolon, là pas un mot, mis à part Le Progrès. Le site internet du quotidien lyonnais nous a révélé d’ailleurs peu avant midi que Guy Mathiolon devrait être convoqué en janvier devant le tribunal correctionnel pour détournement de fonds publics et prise illégale d’intérêts. De quoi obérer qu’il se succède à lui même car, même si la présomption d’innocence doit en l’espèce être respectée, il est difficile de gérer en parallèle une campagne électorale et des affaires judiciaires. Alors, pourquoi ce silence de la presse ? Peut être parce que la Chambre de Commerce et d’Industrie ne pèse plus autant qu’avant dans le landernau lyonnais. Un ancien haut fonctionnaire du Grand Lyon me confiait vendredi dernier que la CCI était devenue au fil des ans la dernière roue du carrosse pour les politiques. Bien loin du « bras armé de l’Etat » espéré par notre Préfet Jacques Gérault.
Un grand silence, et pourtant, cette élection* sera déterminante. D’abord parce qu’il faudra choisir entre deux listes, celle de la CGPME et celle du Medef afin d’élire les membres de la CCI de Lyon (60 sièges), dont 27 d’entre eux siègeront à la future CCI de Région, et les délégués consulaires (grands électeurs des juges des Tribunaux de Commerce). Et qui dit deux listes, dit deux programmes. Ensuite parce qu’elle donnera, par la participation, un signe fort de l’utilité visible de la CCI pour les entrepreneurs. En l’espèce, ils ne jugeront sûrement pas l’utilité réelle de la CCI (qui pourtant intervient de façon très efficace dans la formation, l’accompagnement des créateurs et des chefs d’entreprise…), mais bien l’impression qu’ils ont de cette utilité. Tiens, d’ailleurs, pour ceux qui ne savent pas à quoi sert une CCI, un petit doc rapide à lire en cliquant ici La-CCI-ça-sert-à-ça… Utilité et ambition, car j’espère que les deux syndicats patronaux vont innover et apporter un peu de souffle dans cette institution.
J’attends avec impatience les projets et, surtout, l’ambition affichée pour la CCI. Car même si ce scrutin mobilise rarement les chefs d’entreprise (15 à 20% de participation), cette institution devra impérativement jouer un rôle majeur dans les prochaines années, tant au niveau de Lyon que de l’aire économique lyonnaise. Mais j’aurai l’occasion de vous en reparler au fil de la publication des projets…
* du 25 novembre au 8 décembre 2010, vote par internet ou correspondance, électeurs : les chefs d’entreprises ou leurs mandataires sociaux
Et chaque semaine, les états d’âme du prince Erick sur www.rouxdebezieux.org
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