Par Saint Pothin

C'était grand fête parée, ce vendredi 31 octobre, dans les salons de l'Hôtel de Ville de Lyon qui n'avait, une fois de plus, pas usurpé son adresse de place de la comédie. On ne fêtait pas l'anniversaire de l'arrestation du Docteur Petiot. Il y avait bien trop de médecins dans l'assemblée pour que l'on ose l'allusion… Ni même la saint Quentin. Notre bon maire, Gérard Collomb, recevait pour la très anglo-saxonne fête d'Halloween…

A l'image des bonnes familles lyonnaises d'Ainay, l'équipe d'Isabelle Sabran, la très distinguée Chef du Protocole, avait dévissé deux ampoules sur trois sur les grand lustres. Mais pas par radinerie cette fois. On disait d'un côté que c'était pour l'intimité, de l'autre pour être à l'unisson des restrictions budgétaires, suggérant même que l'on ferait cette année le 8 décembre à la bougie, comme autrefois. La couleur orange permettait aux quelques courges venues faire la claque de ne pas se sentir isolées. Une couleur de feu autorisant aussi la duplicité du paraître entre le moine bouddhiste, ascète de la finance, et l'orange caméléon du MoDem qui permet, par exemple, à Christophe Geourjon, Anne-Sophie Condemine ou à Thomas Rudigoz de changer de couleur en fonction de leur interlocuteur, passant in-petto de l'orange, au rose puis au bleu. Leur emplacement protocolaire, près de la sono, suffisait largement à éclairer de mille feux les nombreux danseurs au rythme de la sono que se partageaient les deux DJ stars, Hubert Julien-Laferrière et Thierry Braillard.

Les toiles d'araignées, poussiéreuses à souhait, aveint été prêtées par le musée de la Banque et de l'Imprimerie. L'agencement était signé Thierry Ehrmann, vénérable de la maison du Chaos, que l'on ne voit plus beaucoup dans les salons depuis quelques années. Aucun squelette n'était de la fête, on ne veut pas d'os dans la vie municipale, mais les figures sans maquillage avaient quand même de grandes cernes, des airs de revenants et un peu d'écume aux lèvres, liés, on l'a appris plus tard dans la soirée, aux lectures répétées du plan de mandat et des coupes sombres et cruelles du grand argentier Richard Brumm. Même Gérard Collomb traînait un "teint cadavérique à faire peur" tout à fait de circonstance. Les quelques artistes faméliques, venus quémander des sucreries ou promettant de jeter un sort, ont eu leurs lots de bonbons acidulés enrobés de suffisamment de sucre pour chopper des chicots. Les costumes étaient, somme toute, relativement sobres et il semblait que chacun n'eut que son habit de ville. En effet, à part Bernard Rivalta, tout le monde était venu en transport en commun, en Vélo'v ou en Ferrari. Seule absente, Najat Valaud-Belkacem pour cause d'accouchement de jumeaux.

A minuit, un frisson endiablé parcouru l'assemblée lorsque, dans une valse infernale, Nadine Gelas et Yves Fournel ont ouvert le bal. Ils ont été unanimement sacrés reine et roi d'Halloween. Le tableau était tout simplement parfait. Béryl Maillard applaudissait des deux mains, seule bronzée parmi ces faces lunaires. Dans un coin sombre, d'où il pouvait tout observer sans être vu des fâcheux, Jean-François Lanneluc n'en perdait pas une miette en lissant sa courte barbe. Dans la partie droite du buffet, Denis Broliquier faisait salon, entouré d'une maigre cour animée par François-Napoléon Royer, tout en se gavant, une fois de plus, de bonbons. Peut-être fêtait-il l'ultime défaite de Dominique Perben, dont les recours contre ceux qui aiment Lyon venaient d'être retoqués par la justice. Non loin de lui, Gilles Buna, exceptionnellement vêtu d'une combinaison vert-crapeau, était au piquet, sommé par un Etienne Tête toujours aussi cadavérique. Il avait beau expliquer à qui voulait l'entendre que "le vert est une couleur complémentaire", personne ne prêtait attention à ses incantations, croyant voir un troll sorti des jardins municipaux.

Sinon, Jacques Boucaud du Progrès, Frédéric Poignard, du Figaro, et Gérard Angel, des Potins d'Angèle, sont parti à l'aube à la queue-leu-leu, fin bourrés. Il faut dire que c'est Robert Marmoz, ex-activiste et ex-journaliste du Nouvel Obs, reconverti en gardien de l'agenda de Gérard Collomb, qui servait les cocktails d'eau-de-vie de Potiron. Vous ne trouverez donc aucun compte-rendu du bal des courges dans vos journaux préférés ! Pire, on a retrouvé samedi matin en cellule de dégrisement Erick Roux de Bézieux, Olivier Bertrand et Romain Blachier, qui, n'étant plus en état de conduire, avaient emprunté les balais mités d'Alexandrine Pesson, Evelyne Haguenauer et Jeanne d'Anglejan, pour faire des loopings place des Terreaux. Vous ne trouverez donc rien non plus sur les blogs ! Heureusement, Saint Pothin, de son nuage, voyait tout.

Pendant que La Chose notait tout ! A moins que je ne me sois endormi et ai rêvé cette belle fête. Qui sait…