Par Jean-Alain Fonlupt
Le street art essaime aujourd’hui sa créativité débridée sur les murs de nos villes comme autant de gestes artistiques éphémères et de témoignages sur l’urgence de montrer et partager sans contraintes.
Du modeste pochoir récurrent aux célèbres silhouettes signées par le mystérieux Bansky, « l’art de rue » multiplie les commentaires anonymes sur nos sociétés déboussolées et révèle aussi parfois l’âme intime de son créateur… A Lyon, nous avons CAJ – puisque c’est derrière ces trois initiales que se « cache » notre artiste – pour nous alerter sur nos trajectoires incertaines et dévoiler, malgré lui, l’aléatoire de l’itinéraire qu’il emprunte… Car c’est « droit dans le mur » que concrètement et métaphoriquement il nous projette… Corps tronqué, à moitié englouti, aspiré, avalé par la pierre, dont seules les jambes encore en mouvement signalent la déroutante présence…
Accident, disparition programmée, plongeon salvateur de l’autre côté du miroir vers une autre ville, une autre vie, un autre monde… toutes les intentions peuvent ici être lues et imaginées… Le « réalisme poétique » du corps émergé, habillé d’un jean et de baskets, joue la proximité avec le passant qui le découvre et l’observe… Et la rencontre est souvent joyeuse, teintée de l’humour bon enfant du « Passe muraille » de Marcel Aymé, ou déstabilisante comme un avertissement définitif sur notre prochain engloutissement… A vous de les débusquer pour juger sur pièce de leur effet… Essayez du côté de Saint-Polycarpe et de la place Fernand Rey (ou pour les plus voyageurs quelque part dans Paris et Bruxelles)… Leur soudaine apparition ne devrait pas vous laisser… de marbre.
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