Photos © Julien Smati – Smart Angel Media

Par Benjamin Solly

L’eurodéputée inaugurait jeudi 17 janvier 2013 sa permanence parlementaire du 6e arrondissement de Lyon avec en guest-star l’ancien ministre Xavier Bertrand.

Il régnait jeudi soir, au n°62 de la rue Ney, une chaleur inversement proportionnelle au froid glacial qui pétrifie Lyon depuis plusieurs jours. Certes, le bec de gaz installé pour l’occasion devant la permanence parlementaire de Nora Berra y était pour quelque chose. Mais pas seulement.

Qu’on se le dise, la Lyonnaise a réussi un joli tour de force. Vouée aux gémonies par ses camarades de la droite lyonnaise après sa tentative de putsch raté sur la 4e circonscription du Rhône, l’inauguration de sa permanence parlementaire a attiré une foule nombreuse, parfois réduite à se contenter d’un bout de trottoir au regard de l’exigüité du local.

Romain G. (dont nous préservons ici sciemment l’anonymat malgré son immense notoriété lyonno-lyonnaise), propriétaire du lieu et témoin du manège, préfère prendre la tangente. « Avec tout ce monde, il va y avoir du bris, j’ai peur que Nora me demande de faire des travaux », s’esclaffe-t-il.

Même le président de la fédération UMP du Rhône, Philippe Cochet, ne parvient pas à rallier la permanence. Laure Dagorne a plus de chance. La conseillère communautaire s’est fixée sur la marche devant l’entrée. Le président par intérim du Conseil général du Rhône Michel Forissier est lui déjà bien au chaud.

A l’intérieur, Xavier Bertrand, ancien ministre de tutelle de l’ex-secrétaire d’Etat à la Santé, a déjà commencé son discours, sous l’œil de son ancien collaborateur Jérémy Thien, devenu conseiller régional en lieu et place de… Nora Berra en 2011.

Au tour de l’élue lyonnaise d’emprunter le micro. « Le triomphe des démagogies n’est que passager », emprunte-t-elle à Charles Peguy. Le tableau est dressé. Le Collomb bashing peut commencer. «  Il existe un autre avenir pour Lyon que celui d’être condamné à subir un troisième mandat de Gérard Collomb », explique-t-elle. A cet instant, une oreille se fait plus attentive que les autres.

C’est celle de Michel Havard, le leader de l’opposition municipale, qui se rêve en tête de liste de la droite aux municipales de 2014. Il aura sans doute remarqué la présence de Jean-Paul Mauduy et de Bernard Fontanel. Le Medef du Rhône roule-t-il pour Nora Berra ? On verra si à l’occasion des vœux de l’ex-parlementaire du Rhône, prévus le 31 janvier prochain à la salle de la Ficelle, une délégation du syndicat patronal fera le déplacement.

Car l’idée des primaires pour désigner le candidat fait son chemin. L’exercice doit permettre « d’additionner les talents », selon Berra. Des primaires vraisemblablement restreintes à l’UMP, où la Lyonnaise ne « s’interdit rien. »  La présence remarquée du député de la 11e circonscription du Rhône Georges Fenech, très actif depuis quelques semaines sur les affaires lyonnaises, tend à prouver que la capitale des Gaules suscite bien des convoitises à droite.

Du côté des convives, cette perspective suscite des réactions contrastées. Le psychodrame des primaires pour la présidence de l’UMP est encore prégnant. On craint vraisemblablement le retour des artilleries lourdes et des querelles internes. Pourtant, la méthode devrait faire école dans les villes de plus de 100 000 habitants, comme le souhaite le président proclamé du parti Jean-François Copé.

Les grands gagnants pourraient bien être Havard et Berra. En effet, on imagine mal les instances nationales – plus particulièrement la commission nationale d’investiture de l’UMP – dérouler le tapis rouge à un député défait et à celle qui a semé la discorde à Lyon lors des législatives de juin 2012. Les primaires doivent permettre de régler cette question localement. Encore faut-il que les ambitieux de la droite lyonnaise s’entendent pour ne pas faire de cet exercice un pugilat.

A en croire les indiscrétions du soir, la concorde est en marche. Elle a d’ailleurs commencé dans le TGV qui a amené Xavier Bertrand à Lyon, où se sont retrouvés par hasard Michel Havard et les collaborateurs de Berra, en l’occurrence son assistant parlementaire Lionel Moisy de Cala et Lionel Rimoux, son ancien directeur de cabinet au ministère. Une feuille de route pour 2014 fixée dans la voiture-bar !

Mieux, la députée de la 4e circonscription du Rhône Dominique Nachury a fait le déplacement. Rivale honnie de Nora Berra pour les législatives, sa seule présence jeudi a valeur de signal. La droite lyonnaise prépare l’union pour 2014.

La soirée s’est prolongée jusqu’à 1h30 du matin à la Brasserie des Brotteaux pour une trentaine de happy-fews. Avec quelques jours d’avance, les plus proches collaborateurs de Nora Berra avaient préparé l’anniversaire-surprise de l’eurodéputée. Gros gâteau et larmes pour Nora, avec en prime une toile de l’artiste Patrick Marquès offerte par ses amis.