Stéphane Ogier. Le vigneron de Côte-Rôtie prend du galon

19 janvier, 2018 | BRUITS DE BOUCHONS | 0 commentaires

Par Yves Espaignet

Il est homme à relever le défi de savoir présenter un vin de pays comme sa renommée cuvée « La Rosine » à des prix attractifs et de « ciseler » des vins d’exception, parmi lesquels sa cuvée « La Belle Hélène » en Côte Rôtie a décroché la notation « parkérienne » tant recherchée sur les cinq continents de 100 sur 100 (pour ses millésimes 1999, 2009 et 2010). Stéphane Ogier témoigne du dynamisme et de l’audace d’une nouvelle génération de vignerons en Côte-Rôtie.

Le secret de la réussite du domaine Ogier ne se trouve pas seulement dans le magnifique chai de vinification, dont l’organisation spatiale traduit toute la maîtrise de l’élaboration et l’élevage des vins. En effet, s’il ne veut rien laisser au hasard à l’exception de la capricieuse météo, Stéphane Ogier a voulu travailler avec un ensemble de 45 cuves de petites contenances pour avoir une totale maîtrise de son action avec le choix des dates pour des vendanges à parfaite maturité et la réalisation de vinification parcellaire.

Pour le comprendre, les regards doivent s’éloigner de ce chai à l’esthétique soigné et aux volumes révélant l’ambition de « ciseler des grands vins » et le découvrir dans ses vignes. Quand il confie que désormais, il fait travailler la terre par un labour à cheval à l’ancienne, il est aisé de mesurer la minutie de sa démarche. En effet, la terre est son élément, il lui tient de parcourir ses vignes pour suivre leur évolution dans chacun des 20 lieux-dits où se trouvent les parcelles constituant le domaine. Cette passion lui demande de l’énergie et du temps mais il l’explique en quelques mots, voulant privilégier « la philosophie à l’étiquette » !

Ainsi lorsqu’un grand millésime se dévoile comme celui de 2015, il ne réalise pas moins de douze cuvées de Côte-Rôtie que les amoureux du cépage syrah retrouveront dans sa caisse baptisée « Sélection de Lieux-dits ». Il vinifie la vendange de chaque parcelle séparément, puis procède aux assemblages : « il est indispensable d’échanger avec mes cavistes. Nous dégustons à l’aveugle pour mieux établir les qualités et mais la  prise de décision est mienne. » Le travail en équipe constitue « l’esprit de la maison » et il insiste sur la chance d’avoir des collaborateurs motivés et efficaces.

Stéphane Ogier fait travailler la terre par un labour à cheval à l’ancienne, réalisé par Jean Marc Teixeira


Résister à la tentation d’aller se faire voir ailleurs

Il aurait pu tenter l’aventure des vins du nouveau monde, des terres australes. Les sollicitations n’ont pas manqué tant son expertise est reconnue dans l’expression de la syrah, devenue désormais un cépage international. Il est allé et il a vu, apprécié ses vignobles et travaillé avec des vignerons passionnés. Mais Stéphane Ogier a compris qu’il ne pouvait se réaliser pleinement « loin de la vallée du Rhône et des versants d’Ampuis ». Dès lors, il s’est attaché à étendre le domaine familial en acquérant des parcelles à Seyssuel (L’Ame Sœur), en Côtes-du-Rhône (le Temps est venu), Saint-Joseph, Condrieu et surtout en Côte-Rôtie.

Aujourd’hui, il commercialise 300 000 bouteilles et sa démarche révèle aussi un sens entrepreneurial affirmé car il lui faut gérer 14 personnes à temps plein. Il peut mesurer le chemin parcouru depuis 2001 où il n’avait qu’un employé ! Comme cela ne lui suffisait pas, il est également président de l’association « Vitis Vienna », regroupant les vignerons qui se sont lancés à la reconquête des terroirs de « la Rome antique » disparus. Ils sont maintenant 18 à planter et à travailler les versants de la rive gauche du Rhône entre Seyssuel et Vienne. Il confie son espoir de voir aboutir cette année le complexe dossier de l’appellation déposée pour la qualification en Côtes-du-Rhône. L’Isère rejoindrait alors la « Rhône wine valley » connue dans le monde entier !

Désormais avec Laure Amoroso, sa compagne sommelière, se prépare le grand rendez-vous des journées portes ouvertes de son domaine qui attirent 3 000 visiteurs. Elles se déroulent pendant les quatre journées du Marché aux vins d’Ampuis, qui rassemblent tous les crus septentrionaux. La 90ème édition devrait susciter une affluence supérieure à celle (déjà remarquable) de 2017 avec 15.000 personnes accueillies (voir encadré). Prise par l’esprit d’initiative du domaine, Laure avec son amie Laure Noinski seront à Ampuis pour lancer un caveau baptisé « De l’or en Côte-Rôtie » où il sera possible d’apprécier tous les vins des vignerons rhodaniens et surtout la plupart des cuvées de Côte-Rôtie. Ce terroir est leur passion partagée !

Stéphane Ogier au milieu de son team :
Chef d’équipe vignes : Marie-Claude GARRET-FLAUDY et Bruno DA COSTA PEREIRA
Maitre de chai : Graeme BOTT (qui vient de monter son propre domaine) remplacé par Sam ROUSE et Benjamin GRANGE
Administrations des ventes : Laura LECLERE
Comptabilité : Virginie LEMOINE

 

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Marco Polisson

Rédacteur en chef
Co-fondateur du magazine.
En charge de la rédaction et responsable des partenariats.
Délégué à la protection des données RGPD

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