Le Barthologue de Michel Neyret. « Je suis passé pour le pire des mafieux ! »

26 novembre, 2018 | LES GENS | 0 commentaires

Chaque mois, une personnalité s’allonge sur le divan de l’infirmier Barth, ancien interné des hôpitaux de Lyon qui délaisse caméras et micros pour enfiler blouse blanche et stéthoscope. L’ex commissaire se prête au jeu ce mois-ci sur le divan du Voyou.

Barth : Un film sur ta vie au cinéma en 2019 réalisé par Olivier Marchal, c’est une revanche ?
Michel Neyret : Non, c’est le prolongement de mon livre. Ma vie de flic, c’est 32 ans de boulot avec 6 mois de « dérive ». Je suis passé pour le pire des mafieux et tout le monde a oublié des résultats plus que corrects.

Si tu avais carte blanche, quel acteur incarnerait le mieux Michel Neyret ?
(Il réfléchit). La relation police / voyou est très bien cernée dans « Heat », vraiment très proche de la réalité. Alors si je peux rêver, De Niro serait très bien.

De manière globale et avec le recul, tu as merdé ?
La justice a considéré que oui. Je m’incline. Je me suis expliqué. J’ai commis des fautes. Je les assume. J’ai payé. Mais n’oublie pas le contexte : c’était seulement et uniquement pour servir mon métier et sans jamais avoir tapé dans la caisse. Il faut que tout le monde comprenne bien cela : je n’ai eu aucune amende pour enrichissement personnel. Peut-être que mes méthodes de travail ont un peu dérapé, je peux l’entendre… A ce moment-là, mes méthodes, c’était un peu « la fin justifie les moyens ».

Les voyous sont-ils personnes fascinantes ?
Ce n’est pas du tout une généralité. Parfois, un peu. L’approche de certains n’est ni haineuse, ni violente. Les voyous aiment le jeu du chat et de la souris. Mais à aucun moment, je ne suis séduit par leur vie.

Comment va finir le trafic de drogue dans les banlieues ?
Cela ne finira jamais. Impossible dans certains quartiers de leur enlever des ressources primordiales et considérables. De plus, les peines de prison ne sont pas assez lourdes pour les gros bonnets. Et puis, ça fait rêver les mômes, c’est là un énorme problème.

Huit mois de placard, 18 heures par jour en cellule… il y a quand même des bons souvenirs ?
Curieusement et rétrospectivement, oui. Je me suis retrouvé seulement avec des gens qui ont fait des erreurs de parcours. J’ai des contacts plutôt réguliers avec des anciens détenus : des rencontres totalement improbables mais de jolies rencontres.

Conseillerais-tu à un jeune de devenir commissaire ?
Aujourd’hui, conseiller à un jeune de devenir commissaire, j’aurais du mal. Le commissaire est devenu un RH, un manager. Il n’a plus le temps ou presque d’être sur le terrain. Je conseillerais plutôt la police judiciaire.

En parlant de police judiciaire, en tant que Directeur-Adjoint de la PJ, à combien s’élevait ton dernier salaire ?
6400 euros net.

Est-ce que tu penses un jour retrouver l’excitation, l’adrénaline d’un « flag » sur une grosse affaire ?
Évidement et malheureusement, non. A l’époque, je me demandai comment j’allais prendre ma retraite. Maintenant, je sais. (Il sourit).

Qu’est-ce qui a profondément changé chez toi après la prison ?
Pendant ces huit mois, j’ai compris beaucoup. J’ai vu la profondeur des gens, la vie… et puis les postures d’intérêt.

Y a-t-il plus de solidarité chez les voyous que chez les flics ?
Pendant 20 ans avec mes équipes, nous étions des machines de solidarité. C’était presque fraternel. Chez les voyous, la solidarité n’existe pas, c’est du cinéma. C’est juste le jeu de celui qui va tordre l’autre, il faut bien comprendre cela.

Si tu étais président, qui serait ministre de l’intérieur ?
Déjà, il faudrait qu’il soit deux. Un technicien et un politique. La connaissance du terrain est indispensable et primordiale.

Tu as déjà volé dans le portefeuille de ta maman ?
Jamais de la vie. (Il est très surpris de la question). Je viens d’une famille très pauvre, même pas en rêve !

Tu es lyonnais d’adoption, est-ce que tu supportes l’O.L ?
Plus jeune, j’étais plutôt fan de Nancy quand Platini jouait. Aujourd’hui, je supporte l’O.L. D’ailleurs, tu m’invites quand tu veux. (Il me charrie gentiment).

Que vont dire tes proches en lisant le Barthologue ?
Je n’en sais rien. Peut-être, pourquoi avoir accepté cette interview ?

Maintenant on change, c’est toi qui me poses une question ?
A quel moment as-tu décidé de faire le barthologue avec moi ?

 

Propos recueillis par Barth Ruzza le 13 octobre 2018 au V.O.YO.U

 

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Marco Polisson

Rédacteur en chef
Co-fondateur du magazine.
En charge de la rédaction et responsable des partenariats.
Délégué à la protection des données RGPD

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