Par Marc Polisson Nos envoyés spéciaux ont accompagné la délégation de l'Union des Consuls Honoraires en France emmenée par Roland Roux de Chavanes qui s'est rendue à Rome pour trois jours de visites diplomatiques en présence du Cardinal Barbarin. Avec en point d'orgue, l'audience générale de sa Sainteté le pape Benoit XVI.
Les consuls de la capitale des Gaules dans la ville des César ! Trois ans après notre reportage sur l'exil romain de Charles Millon (Lyonpeople n° 52), Lyonpeople est de retour dans la capitale de la dolce vita traversée au pas de l'oie ! C'est un véritable marathon qui attendait la délégation des 140 consuls honoraires venus de toute la France (dont 15 Lyonnais emmenés par Gérard Herrbach). Jugez-en plutôt. Au programme de ces quatre jours : réception à l'Ambassade de France près le Saint Siège, en présence de l'Ambassadeur Stanislas de Laboulaye ; visite de la basilique St Paul hors les murs; réception à la FAO (auprès de laquelle Charles Millon fut ambassadeur de France); messe à la Trinité des Monts avec le Cardinal Philippe Barbarin puis visite et réception à la Villa Médicis, avant l'audience générale de Benoit XVI. Nous prenons la direction de Rome via Easy Jet (je vous parlerai un autre jour de ces drôles d'oiseaux), pour atterrir dans l'hôtel de la délégation où, accueillis à l'apéro par Giovanni, un pittoresque barman francophile bonifié de 70 ans d'âge, nous faisons honneur à sa cuvée Rémy Martin en compagnie d'une petite délégation de consuls sud-américains. Notre reportage débute le lendemain par la messe privée (idéal pour se remettre les vapeurs en place) célébrée par Monseigneur Barbarin en l'église de la Trinité des Monts, sa paroisse romaine. C'est en effet une tradition que les archevêques lyonnais soient nommés curés de cette église fondée en 1495 par le roi de France Charles VIII, alors que les cardinaux parisiens sont, quant à eux, en charge de Saint Louis des Français. Devant l'assemblée des consuls, l'archevêque de Lyon a choisi de célébrer un office intimiste avant de faire le point sur l'affaire des évêques traditionalistes, en expliquant très diplomatiquement la levée de leur excommunication décrétée par le Saint Père. « C'est un intention de prière majeure et une chance ultime pour la réunification de l'Eglise ! » conclut le Primat des Gaules avant d'entraîner les consuls dans la visite du monastère attenant, actuellement occupé par la Fraternité monastique de Jérusalem et dont le cloître recèle les portraits des 70 rois de France, de Paharmond à Charles X. Une antichambre de toute beauté au paradis terrestre qu'est la Villa Médicis. Siège de l'Académie de France (fondée par Louis XIV) depuis 1803, elle accueille en son sein une vingtaine de pensionnaires triés sur le volet qui bénéficient d'une résidence d'un an pour mener à bien leur projet artistique (Florence Verney-Carron – lectrice assumée de la presse people – assure avoir reconnu Christine Angot et Doc Gynéco dans l'embrasement d'une fenêtre). Le temps que le Schiff dégaine son objectif, les oiseaux se sont envolés… mais nous ne perdons pas au change en apercevant sur le perron le maître de maison. Directeur des lieux depuis peu, Frédéric Mitterrand se met à nous conter l'histoire de cette somptueuse demeure de la Renaissance, les actions de ses prédécesseurs et ses projets.
Fermez les yeux et vous êtes devant votre télé. Ouvrez les et vous vous retrouvez au cœur de l'une des plus belles demeures romaines. Fortement marqué par Balthus (qui fut directeur de 1961 à 1977), le neveu de François Mitterrand entend rééquilibrer les activités de l'Académie entre l'art classique et l'art contemporain « pour renouer les courants académiques et novateurs ». Dans ses remerciements, Roland Roux de Chavannes tint à souligner cette osmose ressentie par tous entre le médiatique directeur et l'institution séculaire. « Lorsque vous fûtes nommé ici, je me suis dit que la villa vous attendait. Avec votre voix qui nous est tellement familière et votre sens exquis et romantique dans l'art de nous parler d'histoire, vous avez su rendre les personnages passionnants et humains. » Avant d'adresser au nom des consuls tous ses vœux de réussite au locataire de la villa Médicis, « un des derniers luxes ostentatoires de la République, l'une de ses dernières utopies » et de lui offrir un plateau d'argent. A immortaliser d'urgence par une photo dans son bureau. « C'est le bureau du roi Louis XV ! » s'exclame le Cardinal Barbarin en pénétrant dans les appartements privés du récipiendaire. Un ultime moment privilégié dans les pas de Frédéric Mitterrand qui détaille bibelots, tapisseries et tableaux qui constituent son écrin de chaque jour. « J'espère que je n'ai pas de vanité ou quelque chose comme ça mais il faut incarner cette maison. » Nul doute que vous êtes en phase, monsieur le Directeur ! La Trinité des Monts et la Villa Médicis ont toutes deux la particularité d'être « soignées » par Didier Reppelin, architecte en chef des monuments historiques. Un Lyonnais apprécié du Monsignore comme du directore : « C'est un homme exquis et merveilleux ! Je l'adore ! » conclut Frédéric Mitterrand avant de prendre congé et de nous confier à Alissia, la charmante intendante italienne de la maison qui organise la visite des jardins et bosquets. Durant l'après-midi, les consuls s'égayent librement dans Rome, ces dames en recherche de mantilles, ces messieurs en provision de médailles pour l'audience pontificale du mercredi, point d'orgue de ces trois jours de visite.
Comme la veille, lever aux aurores car il faut être parmi les premiers à arriver au Vatican. En effet, à l'inverse du paradis, ici les premiers sont les premiers. L'audience a lieu dans la salle Paul VI, sise à gauche de la basilique Saint Pierre, un bâtiment moderniste (dans les années 70) que l'on rejoint après avoir passé la frontière virtuelle et les portiques de sécurité bien réels qui séparent l'Italie de la cité céleste. Plusieurs centaines de privilégiés ont la chance d'assister chaque semaine à cette grand' messe où n'entre pas qui veut. Comme à Gerland, l'important est donc d'avoir le bon pass. En l'occurrence ici, il s'agissait du vert, sésame pour les premiers rangs (le club des Cents). Quant au rouge, il est synonyme de virage nord. « Plus près de toi mon Dieu ; plus près de toi ! » ont sans doute chantonné les consuls lyonnais à l'oreille du cardinal Barbarin, et ils ont été entendus ! L'excitation gagne peu à peu l'assistance, alors que la sécurité omniprésente est sur les dents. A côté de celui du Saint Père, le service de protection de Nicolas Sarkozy fait pâle figure. Chef du protocole en smoking, huissiers en jaquette et chaînette, gardes suisses en costume Michel Ange mais avec oreillettes, gardes du corps patibulaires mais presque, gendarmerie vaticane… tous ont la lourde responsabilité de protéger le Saint Père de l'enthousiasme des fidèles. Alors qu'il n'y a aucun risque – tout le monde a été fouillé – ils n'ont pas peur de faire du zèle (notre photographe va l'apprendre à ses dépens). Standing ovation quand Benoit XVI fait son entrée. Parfaitement polyglotte, le successeur de Jean-Paul II adresse ses premiers mots de bienvenue au collège des cardinaux et aux pèlerins venus de Gaule : « Je suis heureux de saluer la délégation de consuls emmenés par Monseigneur Barbarin ! ». Prières, chants, allocutions se succèdent avant la remise du cadeau préparé à son intention par l'UCHF. Et le Saint Père de bénir l'assistance, les couples de jeunes mariés et les malades. L'ambiance est à son comble, digne des plus forts moments des JMJ. « Viva el popo ! » scande la foule enthousiaste, loin des états d'âme franco-français.
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