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Par Alain Vollerin
Poursuivant la politique d’expositions engagée il y a huit ans, LCL recevait en présence de Marie-Andrée Dontenville récemment chargée de la Communication, et de Pascal Pétris directeur des agences de Lyon, de nombreuses personnalités venues honorer le talent de Catherine Lesaffre.
On reconnaissait Lara Rolland présidente de l’Hivernal et Maxime Signaire son président d’honneur, Rolland Ehret avocat, Arlette Dissard représentant l’association des Amis de la Fondation Renaud, Georges Pignat animateur sur Radio Canut, Thérèse Mouquod, Mathilde Guyaud, les peintres Danielle Lassia, Chantal Hayette, Danielle Perge, Danielle Dehoux-Grafmeyer, Macha Belsky, André Llamas, etc. N’oublions pas ses nombreux élèves de la MJC de Villeurbanne : Arlette, André, Geneviève, Claire, Hélène, Sylvette, etc.
Catherine Lesaffre est née le 5 mai 1956, à Toulouse. Elle a d’abord vécu un convivial compagnonnage avec la peinture. Au lycée Antoine Charial, elle croisa un professeur de dessin, Mr Dujardin, qui prit conscience de sa passion. En 1975, elle entra à l’Atelier des Trois Soleils fondé par Anne-Marie Schneider, qui formait selon des principes très participatifs dans un climat hérité des bouleversements hiérarchiques de 1968. Les Trois Soleils étaient situés dans la rue Eugène Pons, au bas des pentes de la Croix-Rousse, à quelques mètres du dernier atelier de Pierre Combet-Descombes. Catherine vivra deux ans en Ardèche, près d’un village communautaire. En 1982, elle dirigea le Centre Social d’Heyrieux qui fonctionnait sous la forme expérimentale d’une bourse d’échanges de connaissances et de savoirs, animé par des bénévoles. Elle fut embauchée en 1993, à la direction de la Maison du Citoyen, une expérience exemplaire en France, inaugurée par le maire de Villeurbanne Gilbert Chabroux, en liaison avec Claire Chazal en direct sur TF1, pour le journal de treize heures.
Quatorze ans plus tard, en 2007, elle fut désavouée, et dut quitter cet emploi vécu comme une vocation. Le choc fut brutal. Après une période de doute profond, Catherine renaîtra peu à peu par la peinture. Contrairement à ceux qui feignent un engagement dans l’art singulier, Catherine Lesaffre révélera son appartenance indiscutable à cet univers. Elle expose désormais au Salon de l’Hivernal, où je la découvris, il y a quelques années. J’écrivis alors : Les plus humbles s’extasient à voix haute. Ils ne peuvent retenir leur joie. Elle éclate. Elle est communicative. Elle fait l’unanimité. Et pourtant, en regardant bien, on découvre un autre aspect du monde de Catherine Lesaffre. Où, les couleurs ne sont pas si franches qu’il paraît, pas si rieuses, pas si rassurantes. Au contraire. Dans une de ses premières toiles, une fresque intitulée « Melancolia » Catherine Lesaffre, agissant comme un disciple de l’Art Brut, cher à Jean Dubuffet et à Michel Ragon, nous disait, dissimulée derrière des constructions éclatantes de lumière, ses vertiges, ses nausées, son amnésie, la perte de confiance en son image, depuis que le droit à la normalité lui avait été refusé, par ceux qu’elle considérait comme sa famille, comme partie de son clan.
Heureusement, il y a aussi le Baobab, la Cathédrale Saint-Jean ou le Rosier. Au centre des toiles de Catherine Lesaffre, figure toujours un arbre, comme une représentation d’elle-même. Dans ses racines prodigieusement mouvantes, dans son tronc porteur de sève primordiale, dans ses branches fébrilement tournées vers les cieux prometteurs, dans toute cette puissance de vie, un espoir, une multitude d’accomplissements et de rencontres inouïes. Une communion avec la Nature, sans concession, qui nous interroge, sans parvenir à nous rassurer. « La Forêt luxuriante » de Catherine Lesaffre doit être vue avec du recul. Heureusement, car, il est question de lire une destinée peu commune. Mezzanine LCL. 18 rue de la République. Lyon 2e. Entrée libre. Lundi au vendredi 9h15-17h45. Jusqu’au 8 mars 2013
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