Coronavirus Lyon. Marie Rigaud contrainte d’annuler le Printemps de Pérouges 2020

15 avril, 2020 | LES SPECTACLES | 1 commentaire

Propos recueillis par Morgan Couturier

Supposée accueillir Sting et 35 000 festivaliers en juin prochain au Printemps de Pérouges – la plus importante manifestation culturelle du département de l’Ain – Marie Rigaud accuse le coup de l’annulation des festivals de l’été et se concentre déjà sur l’avenir. Frustrée mais lucide, elle préfère y voir « une leçon de sagesse » et d’humilité collective.

LP : Comment vivez-vous le confinement à titre personnel ?
Marie Rigaud : Je suis confinée chez moi, à la campagne avec mes deux filles et ça se passe plutôt dans la bonne humeur. On vit la situation avec respect strict et humilité. Ce moment est grave et il ne faut pas le prendre à la légère. Ça swingue parfois à la maison, et il faut se réadapter à une vie familiale totale, en immersion, du matin au soir, avec un certain instinct grégaire. Pas toujours simple, mais dans le fond, on se recentre sur l’essentiel et on développe notre créativité. Rester à la maison, ça a du bon aussi.

Etes-vous accro à l’info en ce moment ?
Je suis beaucoup l’actualité et notamment internationale. Ce qui se passe est autant effrayant que passionnant. La planète à l’arrêt par la faute d’un minuscule virus dévastateur, il y a de quoi disserter, philosopher, réfléchir. Et puis cette solidarité et fraternité que l’on peut sentir dans chacun de ces petits actes qui s’organisent depuis des semaines, comme les applaudissements de 20h, les entreprises qui redistribuent et aident à la logistique de ceux qui œuvrent encore sur le terrain. Et bien sûr cette compassion totale que nous avons pour les soignants, les pompiers, et tous ceux qui sont en première ligne.

Quel sentiment cette crise vous inspire-t-elle ?
Nous vivons là une page majeure de notre histoire contemporaine, à l’échelle du monde, qui laissera des traces et influera sur de nouveaux comportements et notamment lors des prochains rassemblements que nous pourrons faire… mais qui sont encore lointain… je pense.

Vous êtes une grande amatrice de musique. Vous permet-elle de mieux vivre la contrainte du confinement ?
Je n’ai pas le temps de trouver le temps long. J’ai deux jeunes enfants à la maison donc ça occupe bien la journée du matin au soir, sans véritable temps-morts. Il n’y a pas de place pour l’ennui. C’est aussi une histoire de tempérament. Lorsque j’ai un petit peu de temps, c’est l’occasion de mettre des playlists en famille. Mes filles, Ashley et Quitterie, écoutent aussi beaucoup de musique, donc c’est une bonne occasion pour chanter et faire pas mal de vidéos où je mets en scène mes filles sur les sujets du confinement. C’est assez rigolo. On revient à une vie familiale basique et on y prend plaisir.

L’annulation des festivals d’été est désormais officielle. Quelle est votre réaction ?
Pour suivre l’actualité de près depuis plusieurs semaines, il était illusoire et irresponsable d’imaginer que l’on puisse se rassembler aussi vite. C’est une immense frustration bien sûr pour l’ensemble de l’équipe de ne pas accueillir de public et d’artistes. La finalité de notre métier, c’est l’idée du rassemblement, un sujet qui, aujourd’hui, nous manque déjà cruellement. Mais c’est une nécessité et nous le pressentions bien.

Tout votre environnement artistique est impacté…
Cette crise sanitaire, sans précédent, nous touche tous et nous effraie aussi. Ça nous ramène à notre vulnérabilité et à la case départ, en quelque sorte. Je pense aussi surtout à l’ensemble des acteurs avec lesquels nous collaborons, nos partenaires qui sont aussi dans cette tourmente économique, nos prestataires et fournisseurs très impactés également, nos bénévoles, les intermittents du spectacle. C’est un « petit monde » qui se met en sommeil avec son lot de frustration, mais au-delà de ce sentiment naturel de déception, nous devons prendre soin avant tout de notre public. La santé publique est maître et fixe le timing, c’est bien normal.

L’évènement était prévu du 11 au 28 juin. Aviez-vous l’espoir quant à son maintien ?
Depuis plusieurs semaines, ça n’était vraiment pas réaliste de remixer les populations alors que l’épidémie est encore en pleine expansion, et qu’aucun outil de protection ou presque n’est mis en place à l’heure où l’on se parle. Ne soyons pas égoïstes, nous les organisateurs d’événements, même si on est évidemment contrariés avec tout ce que cela va induire. Ne soyons pas uniquement centrés sur nos business et soyons réalistes, on ne va pas pouvoir se réunir demain pour faire une fête qui ne serait pas responsable. Et on ne va pas pouvoir se réunir massivement et avant longtemps. Pas tant que COvid 19 met la Terre à l’envers, la planète à l’arrêt ou quasi.

Un report plus tard dans l’année serait-il envisageable ?
Le report de certaines dates est une option possible. Mais c’est une histoire de jeux de mots. On ne souhaite pas pour l’heure parler d’annulation totale mais plutôt d’un report de festival. Ça voudrait dire qu’on reste en sommeil jusqu’en 2021. Pour 2020, on voulait également mettre en place notre cabaret prévu avant la fin de l’année et dès que les rassemblements seront à nouveau autorisés.

Quel est le concept de ce cabaret ?
« The Blonde Circus » nous met en scène moi et mes deux sœurs, en mesdames loyales, entourées de circassiens, et de musiciens live. Une revue sur mesure entre cabaret, cirque, et sous forme d’un diner-spectacle. Pendant le confinement, ça peut presque se travailler, donc si on peut se réunir dans l’année, on a toujours cette option de monter notre chapiteau de cirque et de présenter ce diner-spectacle. Cela aura le mérite de ne pas se perdre de vue, réunir public et partenaires avant la fin de l’année et peut-être même se faire un big hug !

Depuis 24 ans, le festival participe à la dynamique de Pérouges et de la plaine de l’Ain. Quelles sont les conséquences de cette annulation ?
Sur la ville, aucune, parce que nous sommes complètement indépendants, mais ça aura évidemment des conséquences sur notre association. On fait partie des festivals quasiment pas subventionnés, donc à 95% indépendants. C’est donc lourd de conséquence pour nous. Comment allons-nous tenir jusqu’en 2021 ?

Quel est le manque à gagner pour votre structure ?
C’est une année blanche qui s’annonce et ça va être compliqué économiquement, c’est certain. Je ne peux pas vraiment parler de chiffres, mais ce que je sais, c’est que l’on va essayer de monter un fond de soutien complètement local, et de cibler notre réseau. Il y a un hashtag qui s’est créé en Italie, #jenemefaispasremboursermonbillet, et à l’image de ce projet, il va falloir que l’on imagine des solutions de soutien. On va peut-être monter un merchandising sur notre site par exemple, avec le lancement d’une ligne de masques, plus nos sweet, nos t-shirts qui n’auront pas été vendus. L’heure est à la solidarité plus qu’à la division.

Le public aurait-il droit à une double dose de concerts en 2021 ?
C’est possible. 2021 est une année fléchée pour nous. L’année prochaine, nous fêtons nos 25 ans. C’est important. On était déjà en train de préparer une année un peu symbole et un peu forte. On risque d’avoir du temps d’avance, alors on pourra déjà se mobiliser sur un 25e anniversaire qui sera d’autant plus retentissant. 2021 sera vraiment l’année « libérées, délivrées (rires) ! » On y est déjà à vrai dire et l’on va avoir le temps d’y penser et d’y travailler…

Mise à jour du 16 avril 2020
Le festival a d’ores et déjà obtenu un report pour le concert de Sting (initialement prévu le 25/06) : le rendez-vous est pris le 30 juin 2021 au Polo Club de la Plaine de l’Ain, à l’occasion du 25e anniversaire du festival.

 

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Marco Polisson

Rédacteur en chef
Co-fondateur du magazine.
En charge de la rédaction et responsable des partenariats.
Délégué à la protection des données RGPD

1 Commentaire

  1. Anonyme

    Si elle pouvait être tous les jours comme ça la directrice marie rigaud: faire preuve de sagesse et d’humilité ca serait le bonheur☝ en tout cas cette crise nous évitera d’assister à cette tragédie « The Blonde Circus »

    Réponse

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