La tribune libre de Marco Polisson
Lors d’une conférence de presse ce dimanche, le Premier Ministre était censé développer les principes du plan du déconfinement sur lesquels travaille son gouvernement. Mais les téléspectateurs se sont infusés deux heures et quart de lieux communs.
Après avoir présenté les statistiques du déplacement réalisées par l’entreprise américaine Google Community Mobility report, et s’être félicité de l’attitude respectueuse des Français vis-à-vis du confinement, Edouard Philippe s’est longuement attardé sur la pénurie de masques en tentant de masquer les lacunes et l’imprévoyance de son gouvernement en la matière. Et de se réjouir d’avoir pu relancer les importations chinoises, un comble pour un premier ministre… français. En deux slides, il a avoué notre dépendance quasi-totale vis-à-vis de la Chine. On le savait déjà.
Bien entendu, aucune auto-critique sur cette perte de souveraineté et sur les ravages de la mondialisation dont lui et Emmanuel Macron sont des partisans avérés.
Edouard Philippe a ensuite donné la parole au ministre isérois de la Santé Olivier Veran pour exposer les défis à relever et ils sont nombreux. A commencer par la pénurie de charlottes, de surblouses et de médicaments, pénuries directement liées aux politiques de délocalisation massive encouragée depuis plusieurs décennies par les gouvernements de gauche comme de droite. Et le ministre d’avouer son impuissance quant à l’approvisionnement des hôpitaux et des Ehpad… Le personnel soignant le savait déjà.
« La maladie n’est peut-être pas immunisante ! »
Invitée au pupitre, le professeur Florence Hader, infectiologue de l’hôpital de la Croix-Rousse (Lyon 4) a heureusement relevé le niveau. La carte d’identité du virus est désormais connue tout comme la chronologie de la maladie. Néanmoins, elle a humblement reconnu que de nombreuses questions restent sans réponses : l’inégalité ou la disparité homme – femme face au Covid19 ; la gravité de la maladie pour les uns et pas pour les autres ; l’impact pour l’enfant et surtout la rechute des personnes infectées une première fois. Là encore, la communauté médicale est en train de faire marche arrière !
Je vous ferai grâce du reste de la conférence de presse, qui aura duré plus de 2 heures et au cours de laquelle ont été rabâchés des lieux communs : « La population n’est pas immunisée et il n’y aura pas de vaccins avant 2021 » ou encore « Il n’y a pas de traitement » en forme de tacle subliminal adressé au professeur Raoult. Seule annonce formulée clairement de façon à préparer psychologiquement les Français : la mise à l’isolement des personnes infectées à l’hôtel ou chez elles. « Ce ne sera pas la vie d’avant le confinement » conclut le premier ministre. On s’en doutait déjà.
Parler pour ne rien dire… un concept que Raymond Devos a parfaitement illustré chez Bernard Pivot. Cette vidéo désopilante est vraiment d’actualité. Il faudra attendre 15 jours, soit fin avril, pour connaitre les conditions du déconfinement… que tout le monde attendait ce soir.
- La situation sanitaire
On observe une lente décrue épidémique avec à ce jour 30 610 malades hospitalisés (+ de 5000 dans un état grave) au 19 avril 2020. Au total : 19 718 décès au cours de ces 7 dernières semaines.
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