Par Morgan Couturier
À l’initiative du Synpase, le syndicat de prestataires techniques du spectacle, Euro Sono s’est habillé de rouge de façon à mettre en lumière ses difficultés actuelles et alerter les pouvoirs publics sur la nécessité de sauver un secteur d’activité particulièrement frappé par la crise.
Alerte rouge ! Par son nom de code, le mouvement contestataire initié par le Synpase est de nature à effrayer. À juste titre. Et même si cette appellation a de quoi rappeler certains titres de Mission Impossible, le syndicat dédié aux entreprises techniques articulées autour du spectacle et de l’événementiel, se refuse à croire la mission sauvetage impossible.
Euro Sono et Alexandre Jeannerod non plus, bien que comme tous ses confrères impactés, l’entreprise irignoise vit actuellement au gré des pièges tendus par le virus. « On ne voit pas la lumière au bout du tunnel », glisse-t-il. Et pourtant, question lumières, Euro Sono n’a cessé de s’éclairer ces derniers jours, les locaux de la société et de son parc d’activités ayant été teints en… rouge une semaine durant, du 14 au 18 septembre dernier.
Après les gilets jaunes, le Covid-19
« Il fallait alerter les pouvoirs publics sur la nature de notre sinistre », poursuit le directeur général qui, comme dans tout épisode de la superproduction américaine, s’interdit d’échouer dans la mission qu’est la sienne : survivre.
« Il faut faire le dos rond et que l’on tienne », argue le directeur général d’Euro Sono. Comme le Synpase, le spécialiste de la location et l’installation de matériel de son et lumière mise ainsi sur les interrogations générées par cette mise en lumière pour se faire entendre et sauver « les oubliés du spectacle ».
« Pour l’instant, on tient le coup parce qu’on a des fonds propres, une structure pérenne. Mais on ne réalise que 15 à 20% de notre chiffre d’affaires habituel. On a eu des reports, des annulations, on a perdu du monde. On avait beaucoup de demandes pour septembre et octobre et finalement, on n’en a eu qu’un tiers.
À partir de là, vivre sur les PGE, ce n’est pas souhaitable », assure Alexandre Jeannerod. Hélas, le contexte actuel, alourdi par les dernières décisions du préfet annulant les foires et salons ont renforcé le scénario catastrophe et rendu les perspectives d’avenir encore plus périlleuses.
Une prestation organisée en octobre, contre quarante en temps normal
« Le préfet a intimidé les gens. Les entreprises sont tétanisées. Elles ont peur de se projeter, de ne rien faire. Moi, vis-à-vis du virus, je prône le vivons avec », argue le dirigeant. Pour l’heure, son établissement toujours en alerte rouge, ce dernier espère désormais trouver la solution miracle vouée à l’aider à se sortir d’affaire et désamorcer la bombe.
« J’espère un redémarrage en février, même si au fond de moi, je n’y crois pas énormément », finit-il par avouer. Les récentes annonces d’Olivier Véran ne devraient pas aider. Alexandre Jeannerod n’en a que faire. « Je ne regarde plus les chaines info, ça me dégoûte ».
En attendant, l’heure tourne et la mission reste la même. Sera-t-elle impossible ? Réponse à la fin de la pandémie. Dans l’optique d’une conclusion heureuse, Euro Sono a promis de se battre. Et de rien lâcher.
Pas sûr néanmoins que ce type d’action confidentielle et indolore ne suffise à faire bouger les pouvoirs publics. « Encercler et bloquer durablement la préfecture avec nos camions serait sans doute beaucoup plus payant ! » assure un autre chef d’entreprise de l’évènementiel, dégouté par l’attentisme de la profession.
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