Texte : Morgan Couturier – Pris dans les travaux menés par la municipalité, le bistrot Le Lafayette est privé de terrasse. En cause, la réfection du réseau électrique souhaitée par la Ville dans le cadre de la future piétonisation de la presqu’ile.

Alors que les ouvrages devaient finir en février 2025, la situation s’éternise, rue Ferrandière. Ce ne devait être qu’un mauvais moment à passer, une mélodie disgracieuse que la fin de l’hiver emporterait avec elle. Hélas, si les ouvriers et les machines ont bel et bien plié bagages, Le Lafayette vit toujours au contact des travaux.

Séquence amateurisme de haut vol

En effet, deux mois après le terminus programmé des travaux (au 21 février, ndlr), le bistrot, cher à Yves Cardonne, doit encore jongler avec un trou béant sur le trottoir voisin et une chaussée défigurée. Résultat, impossible pour le restaurateur d’installer sa traditionnelle terrasse de 38 couverts. Et ce, alors que ses confrères restaurateurs peuvent jouir tranquillement des premières chaleurs du Printemps.

Comment en est-on arrivé là ? Restez bien assis, vous n’allez pas le croire : « Au bout d’un mois, ils se sont rendu compte qu’ils avaient creusé du mauvais côté de la rue », révèle, en riant nerveusement ce bon vivant, surnommé « La Yvette » par ses habitués. Impuissant et décontenancé, ce dernier a bien tenté de joindre la mairie de Lyon. Et là encore, ça a viré au quiproquo.

Aucune indemnité annoncée

« Ils m’ont dit : on va vous offrir la terrasse et un mange debout », raconte-t-il. Problème, ces mange-debout ont, depuis, été interdits par la mairie. On en rirait si les effets économiques de cet amateurisme manifeste n’étaient pas aussi importants. D’autant que les indemnités ne sont jamais arrivées.

La terrasse chantier du Lafayette. Port du casque obligatoire.

« On t’empêche de travailler et on ne te donne rien. Ils pensaient que l’on avait installé une terrasse en bois mais ce n’est pas possible ! Vu le décor, qui va venir manger ? Ils sont 3 en poste pour statuer sur les critères des terrasses et ils ne se déplacent jamais. Mais si tu mets une table de plus, ils te tombent dessus », regrette-t-il.

Un décor loin d’être appétissant

Il faut dire qu’entre les panneaux, les barrières et ce cratère disgracieux, difficile d’attirer une quelconque clientèle. Dès lors, même les propositions de partager un emplacement, formulées généreusement par son voisin de commerce, le Bistrot Nectar, ne peuvent sauver son désarroi.

Pire, alors que le 27 avril lui a été présenté, comme une date potentielle pour mettre fin à son supplice, le restaurateur n’a depuis, aucune garantie. En attendant, Yves Cardonne doit donc vivre avec ce décor et un… trou dans sa trésorerie. Mais que la clientèle se rassure, l’intéressé n’a pas l’intention de se départir de son inimitable sens de l’accueil. Faute de mieux…