Texte : Morgan Couturier – Propriétaire, avec sa femme, de la Faute aux Ours, David Chaperon captive également les Lyonnais depuis son speakeasy du 7e arrondissement. Derrière sa façade imperceptible, la Baignoire dévoile un bar secret, où les cocktails font, en toute discrétion, le bonheur des clients.
Ce peut être un paradoxe, mais il n’y pas à chercher : la beauté d’un speakeasy tient dans cette surprise s’esquissant sous bien des formes. Car avant même d’avoir goûté à l’ivresse des cocktails de la maison, la frénésie de l’exploration suffit à alimenter la soif de découverte. À titiller la curiosité aussi, alors que dénicher le bar La Baignoire relève de l’alléchant défi. On se prend même à douter, à regretter de devoir rebrousser chemin, lorsque l’adresse indiquée nous embarque devant une devanture sans charme, sur laquelle la mention « bar restaurant » vieille de nombreuses années, n’inspire que très peu confiance.
Pour autant, abandonner cette escapade serait bien regrettable. La Baignoire serait regrettée aussi, tant une fois la porte poussée, l’établissement lève le voile sur un impressionnant complexe. À son bord, le propriétaire, David Chaperon, évidemment satisfait de son invention. De sa référence à l’histoire également, alors que la Baignoire ramène inexorablement au 18e siècle et à cette improbable prohibition du gin du côté de nos voisins britanniques.
« À l’époque, tout le monde buvait du gin à outrance », expose le maître des lieux. Alors pour contourner l’interdiction, « des petits malins créaient des gins en douce dans des baignoires ».
Cet été, « love is in the air »
Trois siècles plus tard, le concept semble inchangé, fidèle à cette histoire. Mais si une baignoire siège bien en plein cœur du fumoir, en guise de décoration, David Chaperon livre bel et bien ses secrets du côté du bar, derrière ce comptoir où il renouvelle la carte des cocktails « tous les quatre mois ». « En général, on crée quinze nouveaux cocktails », dévoile cet autodidacte, riche de… quinze années d’expérience.
Un atout de poids, à l’heure de plancher avec ses collaborateurs, sur les contours de ses recettes. « Les gens aiment le rhum, le gin, quelque chose de sucré. Mais nous, on va plutôt mettre de la Tequila, du Calvados et les amener vers autre chose. Sans trop de prétention, on peut dire que l’on vient un peu éduquer leur palais », avance-t-il encore.
Tous les mardis, La Baignoire invite à la dégustation de cocktails tiki
D’autant que si les cocktails, épurés, mais ô combien visuels, charment inexorablement les internautes, les apprécier relève d’un tout autre délice. D’une tout autre surprise. Car l’intéressé n’est pas du genre à verser dans les généralités. Créer, chercher, interroger sont un challenge sempiternel.
« Je lis beaucoup de bouquins sur les personnes qui imaginent des cocktails. Puis il y a Instagram. Ça fait déjà une grosse base de créativité. Puis après, tu te mets à mélanger les cocktails, à revisiter les classiques. Il y a aussi la contrainte des goûts des clients. Alors tu te fais plaisir sur un ou deux cocktails, tu fais des essais et au bout d’un moment, il y a une certaine cohérence qui arrive », expose David Chaperon.
Vient enfin, l’exercice favori du Lyonnais, à savoir la recherche d’intitulés, aussi délicate que l’édification des recettes. « J’adore faire ça », poursuit-il. Pour preuve, ces différentes thématiques imaginées à chaque conception de la carte. L’été propice à la mise en valeur des corps, la Baignoire s’imprègne ainsi d’une ambiance « love is in the air ». Au vu du succès des lieux, cette atmosphère semble bien partie pour durer. Après tout, un bon bain est fait pour traîner. En toute détente. Avec un petit Gin en complément ?
La recette :
Tsunami 2.0
– Rhum ambré
– Saké
– Curaçao bleu
– Citron vert
– Spécial pacific syrup
– Deux sprays de Pastis
La Baignoire
11 rue des 3 Rois – 69007 Lyon
Ouvert du mardi au samedi de 19h à 1h. Tél. 06 46 85 82 54.
>Plus d’informations sur www.barlabaignoire.fr
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