Texte : Marco Polisson – Le procès de l’ancien président du Conseil général du Rhône s’est conclu jeudi 10 novembre 2022 à Paris par une douche froide pour Michel Mercier, son épouse Joëlle et sa fille Delphine, poursuivis pour détournement de fonds publics et emplois fictifs.
C’est dans une relative indifférence que s’est tenu ce procès pourtant peu commun. Le principal accusé, âgé de 75 ans est en effet l’ancien garde des sceaux de Nicolas Sarkozy, jugé par les magistrats qu’il a dirigés pendant presque deux ans. A Lyon où il a régné pendant 14 ans (1990-2013) à la tête du Département du Rhône, Michel Mercier reste néanmoins un inconnu, excepté pour le microcosme.
Cela explique sans doute la faible couverture médiatique locale de son procès. Seul Le Progrès a dépêché sur place une envoyée spéciale à plein temps, en la personne de Sophie Majou, qui a passé toutes ses journées au Palais de Justice, très souvent esseulée. On retiendra de ses comptes-rendus très fournis et au ton délicieusement caustique que la présence à ses côtés d’avocats de haut vol – Maître André Soulier et deux confrères parisiens dont Eric Dezeuze – ne suffira pas à sauver le soldat Mercier.
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Il ressort en effet, qu’à l’issue de l’enquête menée depuis 2017 sur des soupçons d’emplois fictifs et de détournement d’argent public, la famille Mercier s’est présentée à poil au tribunal ! Incapable de fournir la moindre trace du travail de collaboratrice parlementaire au Sénat qu’occupa pendant des années Joelle Mercier, idem pour sa fille Delphine pendant deux ans au Département. Aucun rapport, aucune note produite, c’est totalement hallucinatoire… comme ce le fut, à l’époque, pour Pénélope Fillon.
Il ressort du réquisitoire du procureur que toute la famille Mercier (père, mère, fille…) s’est fait rincer par le contribuable, dans le cadre d’une entreprise familiale d’emplois fictifs parfaitement huilée (mais pas assumée), et ce pendant des années. Sans verser dans le moralisme, on peut s’interroger sur leur absence de scrupules, de fierté, à l’idée de toucher indûment des salaires encaissés avec de l’argent public sans contrepartie d’un quelconque travail…
Un témoin de moralité au-dessus de tout soupçon ?
Il ressort également que l’âme damnée de Michel Mercier, le sieur Pierre Jamet, sans aucun doute le véritable patron du Département du Rhône pendant que Michel Mercier siégeait au Sénat, va passer entre les gouttes, se présentant comme témoin de moralité à la barre pour tenter d’absoudre son ancien patron dont il connaissait parfaitement les combines en tentant d’emporter dans la tourmente Caroline Collomb, qui a promis de laver l’affront avec une plainte pour diffamation.
Quant aux sorties organisées par Joëlle Mercier dans le cadre de son statut de première dame du Département, on retiendra que la défense très fluctuante de la principale intéressée l’a totalement discréditée. Faire connaître aux épouses de hauts fonctionnaires ou de consuls nouvellement nommés les richesses du département qui les accueille n’a rien de répréhensible. Mais dire que ces activités relevaient de son travail de collaboratrice parlementaire, puis infirmer quelques temps plus tard, a causé sa perte *…
C’est pour toutes ces raisons que les deux procureurs du parquet national financier ont requis 4 ans d’emprisonnement dont 3 assortis du sursis pour Michel Mercier, auquel s’ajoutent 50 000 euros d’amende, 10 ans d’inégalité et 5 ans d’interdiction de toutes fonctions publiques. A l’encontre de son épouse Joëlle, le parquet réclame deux ans de prison avec sursis et 50 000 euros d’amende (ce qui parait faible si l’on additionne les salaires injustement perçus).
Pour leur fille Delphine, historienne en art désormais marquée à la peinture rouge, le vice-procureur Sébastien de la Touanne a réclamé une peine de 18 mois d’emprisonnement avec sursis et 10 000 euros d’amende… Le jugement a été mis en délibéré au 23 janvier 2023, ce qui signifie des fêtes de Noël compliquées pour la famille Mercier.
*Le Département du Rhône, aujourd’hui présidé par Christophe Guilloteau s’est porté partie civile durant le procès. Par la voix de son avocat, Maître Levant Saban, la collectivité réclame le remboursement des sommes allouées à ces sorties auxquelles près de 90 femmes ont participé, soit 106 000 euros.
Après avoir bénéficié des dorures de la république, j’aurais aimé qu’il profite des belles soirées à la Santé sans aménagements
« 10 ans d’inégalité » : étrange lapsus 😉
selon que vous soyez puissants ou misérables les jugements de cours vous rendrons blancs ou noirs. dixit LAFONTAINE. En plusieurs siècles nous n’avons pas beaucoup évolué n est ce pas
Selon que vous soyez puissants ou misérables les jugements de cours vous rendrons blancs ou noirs. des siècles passent les inégalités restent.