CANTONALES 2004
Patrick Bertrand, un poids lourd
dans la 6ème
De notre correspondant Arnaud Curt
Alors que le 6ème canton
est devenu très médiatique grâce à
Dominique Perben, un
outsider de poids se présente en la
personne de Patrick Bertrand.
Candidature pour le moins étrange
puisqu’il ne va courir pour aucun
parti politique connu, mais pour un
mouvement qu’il a créé, le GRAD.
Patrick Bertrand se distingue dans la
vie lyonnaise au début des années 80,
faste époque où il occupait le
fauteuil de directeur régional du
Crédit Lyonnais et gérait plus de 3
000 personnes. Contrairement à ce que
pourrait laisser croire sa fonction,
il n’est pas issu d’une grande école
de commerce mais de Polytechnique.
Entre deux cours, il passa la majeure
partie de sa vie étudiante à la
cinémathèque où il côtoyait Godard
et Truffaut en se passionnant
pour le cinéma muet et les œuvres
suédoises. Ces dernières l’ont
fortement encouragé a passer de
nombreuses vacances en Suède.
Malheureusement, il n’avait pas encore
trouvé la recette magique avec les
filles et recensa peu de conquêtes
blondes aux yeux bleus (l’apprenti
séducteur s’est bien rattrapé depuis
puisqu’on lui attribue trois
mariages).
Malgré une tentative ratée pour
intégrer le service cinéma des armées
(depuis ses deux fils l’ont vengé
puisqu’ils exercent des professions
artistiques), il se dirigea avec
regret vers les professions bancaires.
Ceci jusqu’au 1er avril
1990, date à laquelle il démissionna
du Crédit Lyonnais (et ce n’était pas
un poisson !) et racheta la société
Mecatiss (une PMI qui fabriquait
des système de protection massif
contre les incendies). Il contribua à
son internationalisation en obtenant
des marchés importants en Chine,
Corée, Bulgarie, ou aux Etats-Unis.
L’entreprise fut reprise par le groupe
Vinci qui lui offrit le statut de
cadre au sein du groupe. Mais comme le
fait d’être dirigé ne lui convenait
guère, il préféra s’écarter de la vie
professionnelle pour se consacrer à la
politique.
Peu nombreux sont ceux qui attendent
la cinquantaine pour s’engager dans la
vie publique. Il a bien flirté un
temps avec Raymond Barre (il
collabora avec son staff pour les
élections de 88) dont il suivait les
cours d’économie. Ensuite, il a refusé
les avances de Francisque Collomb
ou de Michel Noir ne
voulant mélanger son statut de manager
avec les affaires politiques. Dégagé
de toutes obligations professionnelles
importantes, il décide de s’engager
dans la bataille des municipales de
2001 au côté de Gérard Collomb
qu’il « cabotait » depuis le début des
années 80 grâce à des connaissances
communes. Il posa trois conditions à
leur alliance : une politique de
développement du Grand Lyon, pas
d’assistanat (il reprit à sa guise la
maxime de Mao « apprendre à
pêcher plutôt que leur donner du
poisson »), et aucune hausse
fiscale. Avec la victoire du candidat
socialiste, il obtient un poste de
vice-président du Grand Lyon.
Considérant qu’aucune chapelle
politique ne lui convenait, il décida
de créer la même année avec des amis
tels que Nadine Gelas,
Jean-Paul Colin ou Gérard
Gerbelot, le GRAD. Cette formation
réformiste, dont les principales
réflexions se concentrent autour du
statut de l’élu (contre le cumul des
mandats et les réélections), compte
aujourd’hui plus de 200 adhérents.
Sa candidature dans le 6ème
canton n’est pas anodine puisque le
garde des Sceaux représente
l’archétype de ce que Bertrand combat.
Quant à son adversaire socialiste « jolie
avec des qualités de jeunesse »,
il considère « qu’elle souffre
d’un véritable déficit de
notoriété. Malgré le fait que Lyon Mag
lui fasse sa promotion, elle n’est
connue que dans son immeuble, et
encore ! ». Son ami, le maire de
Lyon lui avait proposé de retirer sa
candidature en l’échange d’une
position éligible aux régionales. Mais
notre homme n’a rien voulu savoir.
Depuis plusieurs mois, il va de porte
en porte et sillonne les marchés pour
rencontrer les habitants de son
canton, selon un planning de visite
très méthodique. Ses passages dans les
restaurants où il a ses habitudes
comme « la tante Alice » ou
chez Pierre Orsi sont de grands
moments de serrages de louches. Bien
que les apparatchiks ne lui prédisent
pas plus de 5% d’intentions de vote,
il espère bien battre Perben ! Dans le
cas contraire, il passera plus de
temps à s’occuper de sa propriété
agricole près de Morestel ou de ses
activités immobilières ainsi que de sa
villa à Chrystal River près de Tampa
en Floride où il lézarde au moins une
semaine par trimestre.
A
suivre,
Le meilleur but marqué contre son camp…
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