Art Building. Marc Pigeroulet : « Nous avons projeté cet immeuble dans le XXIème siècle sans le dénaturer »

19 mars, 2025 | Actualités Culturelles / patrimoine | 0 commentaires

Propos recueillis par Marc de Jouvencel et Margaux Nourry – La réhabilitation de l’immeuble de Tony Garnier, à côté du Musée Guimet, a été menée par Marc Pigeroulet, président d’Arioste Immobilier. Interview.

LP : Cette réhabilitation a-t-elle été une épopée pour les équipes d’Arioste ?
Marc Pigeroulet
: Bien sûr, le résultat va être très pur et apparaître très simple. La réhabilitation a consisté à projeter cet immeuble emblématique dans le XXIème siècle sans transfigurer et dénaturer l’œuvre de Tony Garnier.

Quelles ont été les étapes-clé du chantier ?
Tout a commencé avec une immense exposition de Street Art réunissant 160 artistes. Puis le désamiantage qui a duré plus d’un an. Suivi du démontage de la couverture et de la charpente qui ont été utilisées en réemploi sur un autre chantier. Enfin, sur l’aile Boileau le rez-de-chaussée accueillait au début du XXème siècle les ateliers de l’entreprise de menuiserie, Mercier & Chaleyssin, commanditaire de l’immeuble. La façade sur cour, après avoir été largement modifiée dans le temps, a nécessité sa démolition puis sa reconstruction pour venir en parfaite symétrie avec la façade de l’aile Barème. Avec la finalité d’avoir toujours été là depuis l’origine. Pour finir, des menuiseries particulièrement soignées afin de redonner l’esprit et la finesse d’origine.

La nouvelle entrée est spectaculaire…
Oui, nous avons cherché à lui redonner de sa superbe à la hauteur de cet immeuble ! Donner du volume avec une plus grande hauteur, en supprimant les cinq marches à l’entrée du bâtiment. De notre point de vue, cela a magnifié l’entrée, rendant également le bâtiment accessible aux personnes à mobilité réduite.

L’entrée en travaux et son escalier monumental remastérisé pendant Art show ZOO XXL

Le tout en obtenant les accords des différentes administrations dont les ABF. Cette partie-là a-t-elle été compliquée ? Ce projet a-t-il fait consensus ?
Le projet a fait assez rapidement consensus. Avec le concours de nos architectes Cécile Remond et Maurice Azoulay, nous avons travaillé pour lui redonner sa beauté historique. De plus, nous avons proposé de reconstituer l’édicule du bâtiment dessiné par Tony Garnier mais jamais construit.

Quelle est la genèse de votre rencontre avec cet immeuble emblématique ? Avez-vous eu le coup de foudre ?
Lors de l’appel d’offres que nous avons remporté, j’ai eu un coup de coeur immédiat, cet immeuble correspondait parfaitement à mon ADN… rénover des bâtiments tertiaires avec un fort enjeu patrimonial.

Sur le boulevard des Belges, c’est une adresse prestigieuse à côté du Musée Guimet. Comment avez-vous fait la différence avec vos confrères promoteurs ou marchands de biens pour remporter ce marché ?
L’appel d’offre était essentiellement lié au prix et aux conditions d’acquisition et également au projet. Sur cette opération nous avons pris le parti de garder la destination d’origine en bureaux, plutôt que de l’imaginer en habitation. Afin de na pas travestir l’œuvre initiale de Tony Garnier. Notre projet a donc séduit les vendeurs.

Le résultat est-il à la hauteur de vos espérances ?
En effet, l’immeuble avec son édicule a retrouvé sa place et vient mettre en valeur la tour octogonale de l’entrée du bâtiment au 26, boulevard des Belges. J’ai hâte de voir son achèvement pour janvier 2026.

On imagine que cet édicule et la rénovation globale ont un coût important. Comment avez-vous pu la financer ?
Nous avons financé cette opération grâce au concours de la Caisse d’Épargne Rhône-Alpes qui nous a accompagné dans cette démarche.

En pleine crise immobilière, comment reconsidérez-vous la prise de risque que suppose ce type d’opération ? Aucun regret malgré la conjoncture difficile ?
Les paradigmes économiques et immobiliers ont changé depuis deux ans. Bien évidemment qu’aujourd’hui nous n’aborderions pas les choses de la même manière. Pour autant, nous avons confiance dans la qualité de notre rénovation et dans la pertinence de cet actif dans son marché, pour mener à son terme cette opération.

Avez-vous trouvé preneur pour cet immeuble emblématique ?
Nous travaillons actuellement avec des prospects.

Réhabilité par Arioste, l’ancien immeuble de la Croix Rouge, situé derrière l’église de la Rédemption a été surélevé de trois étages

On sait que le 6ème arrondissement est l’un de vos terrains de chasse favoris. Derrière l’église de la Rédemption, vous avez également réhabilité et surélevé l’immeuble de la Croix-Rouge.
Comme évoqué, cet immeuble correspondait tout-à-fait à notre ADN. Ce projet était délicat car nous amenions quelque chose de relativement différent avec une surélévation de trois étages. Les démarches et les accords ont été plus longs pour arriver aujourd’hui à un immeuble de qualité bien intégré dans son environnement. Nous l’avons vendu au fonds d’investissement Aquasourça.

Quel défi majeur avez-vous relevé ?
Le défi majeur de ce bâtiment de la Croix-Rouge était son étroitesse. La difficulté technique de l’opération a été de conserver les façades existantes, de l’évider, de creuser un parking en sous-sol qui n’existait pas et, ensuite, de le reconstruire. Un exercice pas si courant à Lyon !

Parmi les projets en cours, la restauration de la Villa Debrousse, à Sainte Foy les Lyon

Autre bâtisse historique en cours de restauration, la Villa Debrousse, à Sainte Foy les Lyon, dans le parc de l’ancien hôpital éponyme.
La villa Debrousse est une bâtisse remplie d’histoire bénéficiant d’une vue sur tout Lyon et intégrée dans un parc exceptionnel. Aujourd’hui les travaux extérieurs sont achevés, ainsi que les façades. Quant aux travaux intérieurs, ils sont en cours. La livraison est prévue pour la fin de l’année 2025.

Quels sont les autres projets dans lesquels vous êtes engagé aujourd’hui ?
Nous sommes engagés dans une opération qui se situe à l’angle de la rue de Sévigné et de la rue de la Part-Dieu. Il s’agit d’un ancien dispensaire qui fera l’objet de travaux importants dont nous pourrons vous parler très prochainement. Également l’immeuble situé rue Tupin à Lyon 2e, abritant le parking Central Parc. Ce bâtiment est à l’origine une glacière, il va subir une transformation lourde pour devenir un immeuble de bureaux.

Spécialisée dans la rénovation premium, votre société a soufflé ses 20 bougies en 2024. Quel est le top 3 des plus beaux projets de réhabilitation menés par Arioste ?
Au cours des 20 années, notre expertise a progressivement évolué. L’opération « Art Buiding » est certainement celle dont nous sommes le plus fiers et qui est assez emblématique. Tout autant que la reconversion du collège Serin, quai de Saône, que nous avons menée avec notre partenaire Promoval. Je citerai aussi l’immeuble de l’ancien siège de la Croix-Rouge que nous venons d’évoquer et, enfin, un très bel immeuble du XIXe siècle sur le quai Jean Moulin.

Le projet de rénovation du bâtiment « Green Factory » situé à Vaise dans le 9ème arrondissement de Lyon, est lauréat international des « Green Solutions Awards » et a reçu le grand prix de la rénovation durable.

Votre ADN reste la rénovation de bâtiments à caractère patrimoniaux, en écoresponsabilité.
C’est là que ma formation d’architecte prend tout son sens. Notre intérêt éco-constructif n’est pas une posture récente. Pour la rénovation de nos propres bureaux qui date de 2012, nous avons été primés et référents de l’ADEME. Nous avons également reçu le grand prix international des « Green Solutions Awards » à Glasgow pendant la COP26 pour le projet « Green Factory », à Lyon 9e. Nous avons aussi eu trois prix pour notre immeuble « Vela Verde » quai du Rhône dans le 7e arrondissement, dans lequel nous avons installé une école. Et enfin, notre passion se caractérise aussi par l’art à travers trois expositions de Street Art : le Zoo Art Show 1 et 2, et le Zoo XXL.

<a href="https://www.lyonpeople.com/author/marc-de-jouvencel" target="_self">Marc de Jouvencel</a>

Marc de Jouvencel

Consultant Patrimoine
De son ancêtre Pierre de Jouvencel, premier échevin de Lyon en 1737, Marc de Jouvencel cultive la nostalgie d’un art de vivre aujourd’hui disparu, et dont les seuls vestiges sont de pierre bâtis. Un patrimoine à sauvegarder qu’il s’attache à promouvoir sur notre antenne numérique et sur papier glacé (avec nos magazines collectors).

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