Propos recueillis par Philippe Lecoq
LP : Quelle est la genèse de ce spectacle Lumières au parc des Oiseaux de fin novembre à mars ? Qu’est-ce qui vous a décidé à vous lancer dans une telle opération ?
EV : Une nécessité et une opportunité. D’abord la nécessité de désaisonnaliser l’exploitation du Parc, liée notamment aux épisodes caniculaires que nous avons connus. Pendant ces épisodes les habitants de la région et les touristes préfèrent rester chez eux. Et comme les projections sur le climat montrent que le nombre de jours de forte chaleur va fortement augmenter d’ici 2050, nous avons décidé de sortir de l’été-dépendance et d’ouvrir progressivement notre Parc en automne-hiver. Il faut se préparer.
Voilà pour la nécessité, vous avez évoqué une opportunité ?
En fait, il y en a trois. La première, nous avons un projet ambitieux de création d’un parc d’hébergement touristique contiguë au Parc, et créer une activité hivernale va fortement augmenter le nombre de jours d’exploitation, donc la rentabilité de l’investissement. La deuxième opportunité, en miroir avec ce que nous avons évoqué, est que nous traversons de plus en plus d’automnes et d’hivers agréables, propices à la visite. Et puis la troisième, c’est l’appétence des équipes du Parc des Oiseaux à innover et à sortir du quotidien. Elles ont une rare capacité d’adaptation qui a notamment fait ses preuves dans le développement des « Musicales du Parc », entièrement organisées en interne. C’est une véritable opportunité de pouvoir compter sur ce capital humain.
Justement, combien de salariés avez-vous sur le parc ?
55 employés permanents. Au mois d’août, avec la saison estivale et les Musicales, nous montons à environ 150 fiches de paie. La particularité de notre structure est de compter plus de trente-cinq métiers différents. Malgré notre dimension modeste en comparaison des grands parcs français, nous avons fait le choix de préserver en interne les fonctions les plus essentielles d’une entreprise traditionnelle de loisirs.
Alors, pourquoi avoir choisi un spectacle Lumières ?
Nous avions déjà créé deux événements lumières pendant la période estivale en 2017 et 2019, en partenariat avec la Fête des Lumières de Lyon. Il s’agissait en 2017 d’une déambulation dans le parc, la nuit tombée, au milieu de décors lumineux, à laquelle a été ajouté un spectacle sur écran d’eau en 2019. Avec ces deux éditions nous avons pu vérifier que le Parc était adapté à de tels événements, mais elles n’avaient pas apporté de fréquentation supplétive. Pour deux raisons : l’été est déjà une période haute de fréquentation ; et la nuit tombe vraiment tard.
Vous avez tout de suite opté pour une déambulation dans le parc ?
La déambulation est évidente dans notre Parc. Il est fait pour. Nous avons la chance d’avoir un chemin en enrobé, plat, sécurisé. Il est conçu pour faciliter la gestion de flux, ce qui est essentiel en hiver et en nocturne. Donc oui, le cheminement a toujours été notre objectif. Et puis, second point, je voulais un événement festif et léger car l’hiver est synonyme de fête et de ressourcement positif.
» Au parc, il n’est pas possible de rompre avec la condition du bien-être des oiseaux « .
Vous évoquez les oiseaux, j’imagine que vous avez aussi des exigences pour ne pas que les lumières, le bruit, puissent les déranger ?
Au parc, il n’est pas possible de rompre avec la condition du bien-être des oiseaux. C’est dans notre ADN, le départ de toute réflexion et de toute innovation. Aussi bien pour les oiseaux dits en captivité, que pour les oiseaux sauvages qui vivent sur le parc. Dans le cahier des charges de l’appel d’offres, il y avait un certain nombre de sites exclus pour ne pas les déranger. Et lorsque nous avons reçu les réponses des candidats, j’ai aussitôt envoyé les propositions à notre vétérinaire et notre responsable animalier pour validation, et aussi à la Ligue de protection des oiseaux puisqu’une moitié du parc est labellisée refuge LPO. Des adaptations ont été apportées au projet initial à la suite de ces consultations. Comme par le passé pour les Musicales, les équipes du parc adhérent à ce projet car elles savent que nous sommes très vigilants sur ce sujet.
Cela dit c’est l’hiver, les oiseaux sauvages ont migré, non ?
En hiver, oui, il y a beaucoup moins d’oiseaux sauvages sur le site, et la plupart des oiseaux captifs sont dans leurs abris. Un tel événement au printemps serait impossible au Parc car susceptible de déranger la période de reproduction.
C’est le projet de Gilbert Coudène qui a été retenu. Au-delà des exigences dues aux oiseaux présents sur le site, êtes-vous intervenu sur le scénario ?
Pendant l’été nous avons surtout discuté avec Gilbert Coudène du principe du parcours, de l’emplacement de certaines scènes et des moyens à mettre en œuvre pour réussir les principales séquences. Nous avons également échangé sur les choix musicaux car nous avons la même sensibilité sur ce sujet essentiel à la réussite du projet. Nous avons eu de nombreux échanges techniques sur la scène du bal, autre enjeu extrêmement important. Mais je lui laisse son parti pris artistique. Chacun son métier. Je crois que nous partageons deux valeurs essentielles à la concrétisation d’un tel projet : l’ambition et l’exigence.
Il y a quatorze sites « Lumières », dont sept de vidéo-mapping. C’est « énorme » techniquement mais aussi en amont pour la partie création. Quel est le budget du spectacle ?
Un million d’euros. Il s’agit d’un événement entièrement financé par la billetterie, sans subventions des collectivités ou mécénat. Il nous faudra donc accueillir entre 50 et 60 000 visiteurs pour équilibrer l’exploitation. C’est une première édition, avec beaucoup d’innovations dont un écran de 17 000 m2. La création d’un événement de cette dimension dans la région est un défi collectif important pour le Parc des Oiseaux. Un défi qui rentre dans une stratégie maitrisée qui va agir comme un tremplin pour le développement futur de notre entreprise.
Comme toujours avec Gilbert Coudène, le spectacle s’inscrit dans le territoire…
Oui, la Dombes sera omniprésente dans le récit de Carpulet et Chantaigu. Les artistes, artisans et techniciens sont les principaux ambassadeurs d’une région Auvergne–Rhône-Alpes qui a élevé les Lumières parmi ses domaines d’excellence. C’est la première édition d’un événement qui peut vraiment prendre une envergure nationale dans les prochaines années. Je suis confiant et convaincu que le bouche à oreille fera notre succès !
- Les Nuits du Parc
Ouverture à la tombée de la nuit
Du 28 novembre 2024 au 10 mars 2025, selon calendrier
Tel 04 74 98 05 54
Plus d’infos sur parcdesoiseaux.com
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