Texte : Morgan Couturier avec MP – En guerre avec la mairie depuis près d’un an concernant l’installation de sa terrasse, Christophe Cédat est menacé de fermeture administrative pour « nuisances à l’ordre public ». Pourtant, le propriétaire du Café 203, est catégorique : personne ne s’est plaint de son activité depuis son installation en 2017. Pour le commerçant, ce dernier paye sa farouche opposition à la politique écologiste de destruction de Lyon.
Son activité tient à un fil ou plutôt à un courrier de la Préfecture qu’il redoute de recevoir. En effet, depuis un mois, la menace d’une fermeture administrative flotte au-dessus du Café 203, situé au cœur de la maison Blanchon, à l’angle du quai Fulchiron et de la rue Monsiegneur Lavarenne.
Si le verdict n’a pas encore été livré, Christophe Cédat peut néanmoins se réjouir de résister encore et toujours à l’envahisseur. Ou du moins à la Ville de Lyon et son adjoint au maire, Valentin Lungenstrass, délégué aux Espaces Publics.
En guerre ouverte depuis près d’un an, au sujet de l’installation et des dimensions de la terrasse dudit restaurant, les deux hommes ne semblent pas prêts à plier l’échine. À ce jeu, le bras droit de Grégory Doucet a choisi de passer à l’attaque, en utilisant tous les moyens et les coups les plus bas, dont la dénonciation.
Par une lettre adressée à la Préfecture du Rhône (ci-dessus), ce dernier somme ainsi la Préfète, Fabienne Buccio, de fermer administrativement le Café 203 pour « non-respect des arrêtés d’occupation commerciale » et pour nuisances à l’ordre public. Rien de moins.
« C’est un comportement abusif et une forme d’acharnement de la mairie », regrette Christophe Cédat, régulièrement en première ligne pour contester les absurdités de la mairie écologiste. Avant de poursuivre : « Une fermeture administrative, c’est la mort assurée d’un commerce ».
Trouble à l’ordre public ? Le restaurant lance un sondage et prouve le contraire
Si l’intéressé reconnaît que sa terrasse s’étend au-delà des délimitations autorisées, celui-ci conteste toute atteinte à « la qualité de vie des habitants locaux et des usagers de cette zone piétonne ». Et encore moins de porter atteinte à l’ordre public. D’ailleurs, depuis son installation en 2017, le commerçant lyonnais l’assure, il n’a jamais reçu de plaintes du voisinage.

Hypocrisie. Malgré la mention « pose illicite », la Ville de Lyon facture la terrasse incriminée et encaisse ses redevances majorées.
Mieux, le Café 203 bénéficie du soutien de ce dernier. Le lancement d’un sondage sur le rôle positif ou non de la terrasse est venu rendre un verdict implacable : plus d’une centaine de clients et habitants du quartier la trouve bien intégrée au quartier et nécessaire toute l’année.
Il faut dire qu’en huit années d’existence, le Café 203 du Vieux-Lyon est devenu « un lieu d’accueil multigénérationnel », salué pour ses multiples engagements auprès de la jeunesse (dont le goûter de Noël pour les enfants de l’école primaire Fulchiron) et des plus démunis.
Gérer au cas par cas l’utilisation des terrasses
« On a besoin de bon sens aujourd’hui, parce qu’on est tous dans la souffrance. Tout le monde est d’accord avec cette terrasse, sauf eux. On demande une adaptation au cas par cas », évoque le gérant, sa terrasse représentant entre « 30 et 35% de chiffre d’affaires à l’année ».
D’autant que l’entrepreneur en est persuadé, l’installation de la terrasse, saluée pour ses décorations florales, est venue apporter un peu de gaieté au quartier. « Le 203 a créé un pôle de restauration. Ça valorise le quartier Saint-Georges dont on veut redorer l’image », dépeint Fabienne Trolat, guide touristique indépendante.
« C’est quasiment plus une décoration qu’une terrasse. C’est attractif pour les gens qui passent dans la rue et ça amène des clients aux autres commerces, parce que rien n’indique qu’il y a des restaurants dans la rue. C’est un biotope économique », se défend-il.
Une persécution politique
Membre du collectif des défenseurs de Lyon, le Lyonnais en même persuadé : il a la main bien plus verte que les élus écologistes. Pour preuve, ces plantations installées par la municipalité sur la place Benoit Crepu, dont il dit avoir longtemps pris à sa charge l’entretien, faute d’action de la part des employés de la mairie (cette dernière est censée assurer l’arrosage pendant 3 ans, ndlr).
Pire, selon Christophe Cédat, l’exécutif verrait d’un mauvais œil l’installation de plantes en pot, celles-ci réclamant un arrosage régulier. Sur ce point, divers commerçants du quartier auraient été épinglés pour la hauteur de leurs plantes. « Je veux bien leur donner des conseils », se propose-t-il, prêt à tout pour sauver son commerce.

Alors que des restaurateurs se font taper sur les doigts pour la hauteur de leurs arbres, le guide du parfait jardinier est pourtant clair, la taille de ces derniers est peu recommandée.
Et l’activité économique de sa ville. « Si je reçois une fermeture administrative, il faudra me sortir de mon bar avec des bracelets », assure-t-il, faisant dire à sa compagne, Laure Cédat, que l’issue finale de ces hostilités pourrait être terrible : « Je vous le dis, il y a des commerçants qui vont se suicider » !
Encadré : Des sanctions rudes et rarement discutées
À l’image du Café 203, de nombreux commerçants payent l’intransigeance des élus de la mairie de Lyon, pas forcément très conciliants avec les entrepreneurs lyonnais. Le sujet des terrasses ne cesse d’alimenter le conflit. Et le quartier du Vieux-Lyon n’échappe pas à la règle.
Si certains se font taper sur les doigts pour un… palmier jugé trop haut, d’autres sont privés de leur bien pour quelques centimètres. C’est notamment le cas du restaurant l’Alchimiste, rue Saint-Georges.
En cause, un contrôle de terrasse en avril 2024 au cours duquel les représentants de la mairie ont relevé l’ajout de deux tables supplémentaires. Puis silence radio, jusqu’à la sanction. « Je n’ai pas eu de retour durant de l’année et mi-mars 2025, malgré plusieurs rencontres avec le responsable des terrasses du 5e arrondissement. Sans être averti, j’ai reçu une suspension d’un mois pour le mois d’avril », regrette son propriétaire, Edouard Chevignard.
Avant de poursuivre : « même les pompiers ont validé la non-nuisance de la terrasse et je n’ai eu aucun problème de nuisance sonore ». Hélas, la sanction est tombée. Et la perte de chiffre d’affaires fut bien réelle.
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