Texte : Marco Polisson – Après avoir fait de très bonnes affaires dans le Nord de la France, le chef Marius-Antoine Vettard, et son épouse Marie-Louise Nizot (1899-1990) achètent en 1920 le Café Neuf, place Bellecour.
Ils ont deux enfants : Jean et Marie-Thérèse, future épouse du joaillier Guy Augis. La famille réside dans un vaste appartement au premier étage au-dessus des salons du restaurant. C’est là que Jean et Myrèse grandissent. Ils ont 8 ans d’écart. Ecole Chevreul pour elle, les jésuites de la rue Sainte Hélène pour lui. Leur père Marius qui affiche deux étoiles au guide Michelin est au firmament.
Très copain avec Edouard Herriot, il charge fréquemment sa Delage pour aller ravitailler les banquets parisiens du président du Conseil. En 1960, Myrèse épouse le joaillier Guy Augis et quitte l’appartement familial. Jean, qui a effectué ses stages chez Lucas Carton et au palace de Gstaadt après l’école hôtelière de Lauzanne reprend les rênes de la maison en 1960.
Il va réussir à récupérer les deux étoiles gagnées par son père.
Cinq ans plus tard, il est victime d’un grave accident en allant chercher des feuillettes de beaujolais. Son véhicule dérape sur le verglas. Il en gardera des séquelles toute sa vie. Marius décède à l’âge de 92 ans. A la mort de sa mère en 1990, Myrèse se voit attribuer les murs du restaurant et l’appartement familial. Jean hérite des fonds de commerce et des murs du Café Neuf.
Très prisée par la jeunesse dorée qui en avait fait l’un de ses repaires, l’affaire décline peu à peu à la fin des années 80. Le restaurant est vendu au Loto en 1992, ne reste plus que le Café Neuf. Les difficultés s’accumulent jusqu’au jour tragique où il se donne la mort en juillet 1999. « C’était un garçon adorable, la crème des hommes ! » souligne sa sœur.
« Trois jours auparavant, nous avions déjeuné ensemble. Rien ne laissait deviner son geste ! » renchérissait Guy Augis au micro de Lyon People en 2009. Soucis de santé, difficultés financières… pour nombre de ses amis cuisiniers, « c’est le fisc qui l’a tué ». Après son décès, Chantal Vettard vend les murs et le fond du Café Neuf à une banque qui enterre définitivement l’une des plus emblématiques maisons lyonnaises.
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