Texte : Marco Polisson – Exclusif – Depuis la fermeture du multiplexe bistronomique du Vieux-Lyon, en août 2024, c’est l’omerta autour de Food Traboule qui fait l’objet de toutes les rumeurs. Nous levons le voile sur son avenir.
Nous avions dévoilé à la fin de l’été les coulisses du dépôt de bilan de ce food-court créé par Ludovic et Tabata Mey qui accueillaient 12 corners, 2 bars, 1 coffee shop, 7 salles, 7 ambiances, 1 espace événementiel et 240 places assises réparties sur 660 m2, pour un investissement de 3 millions d’euros.
Le retrait des restaurateurs qui disposaient d’un corner a fini par emporter ce fragile édifice monté en GIE qui a été liquidé le 28 novembre 2024. Depuis la fermeture, seul l’établissement hôtelier MiHôtel poursuit ses activités en louant ses 9 chambres et sa merveilleuse suite baptisée « La Maison rose », popularisée par le nabab Jacques Champion.
Quid du restaurant dont le chef Philippe Chavent a fait un fief gastronomique ?
Les repreneurs potentiels de la Tour Rose ne se sont pas pressés pour reprendre l’établissement à la barre du tribunal de commerce. Les loyers demandés par la SACVL sont importants et ont refroidi les plus résolus, comme l’ami Pépine. Il ne s’est donc rien passé pendant 7 mois, mais les récents travaux engagés, précédés d’un déménagement, ont alerté les riverains et les commerçants.
Il n’en fallait pas moins pour que le microcosme des restaurateurs du Vieux Lyon entre en ébullition. Depuis une quinzaine de jours, les rumeurs les plus folles traboulent par les ruelles de Saint Georges à Saint Paul, et sont remontées jusqu’à nous. On a tout entendu : la Tour Rose allait être transformée en permanence électorale de Grégory Doucet*, en buffet halal géant ou en restaurant végétarien (notez que les trois sont compatibles 😊).
Après enquête, il s’avère que le liquidateur et la SACVL ont en effet trouvé des repreneurs.

La Brasserie Gabriel a pris place sur le parvis de la place Saint Jean
Il s’agit de la famille Gaget (Brasserie Gabriel, ci-dessus) associée à un multi entrepreneur nommé Farid Mezaber, dirigeant du Palais Saint Jean avec Eddy Febure. Ce restaurant du 40, rue Saint Jean, ouvert 7 jours sur 7, se présente comme un « bouchon lyonnais » non labellisé et propose à sa carte des plats végétariens (sic), ce qui m’a permis de le taquiner gentiment lors de notre rencontre, place Neuve.
A 53 ans, Farid Mezaber a roulé sa bosse dans de nombreux business (il a notamment connu l’âge d’or de la téléphonie mobile) avant d’atterrir à Saint Jean où il a repris, depuis un an, par opportunité, ce restaurant en bien mauvaise posture. A force de travail et d’implication, doublés d’une gestion rigoureuse, il a sauvé cette maison et lui a redonné ses lettres de noblesse, avec des pics de fréquentation à plusieurs centaines de couverts par jour en haute saison.

Le Palais Saint Jean est situé à 50 mètres de la Tour Rose
D’où la volonté de tenter une nouvelle aventure dans la restauration avec la reprise du Food Traboule de La Tour Rose qui a laissé derrière lui une montagne de dettes et une réputation sulfureuse, pour ne pas dire maudite. Depuis Philippe Chavent, la maison enchaine les déconvenues avec 4 dépôts de bilan successifs.
Farid Mezaber (ci-contre) est conscient qu’il est attendu au tournant. La seule chose qui le dérange encore est de devoir remiser au vestiaire sa légendaire discrétion. « C’est mon boulot de reprendre des affaires, de les dynamiser et de les développer. » Il va s’entourer d’une équipe de 20 professionnels en salle et en cuisine, chapeautés par un directeur bien connu des Lyonnais festifs qui signera là son grand retour. Il n’ y aura pas non plus de vente à emporter de type Uber eat ou Deliveroo. Dont acte.
Place aux Grands Buffets Lyonnais
Son projet que nous dévoilons au grand jour est bien ficelé : un buffet comme il en existe à Narbonne « mais en plus populaire », proposant les meilleures spécialités lyonnaises et françaises, avec dans l’ancien bar du rez-de-chaussée une rôtisserie géante. Sur le tournebroche : poulets grillés, cochon de lait et jambon braisé, « pas vraiment les spécialités qu’on trouve dans un food court halal ! » sourit le restaurateur, en réponse aux inquiétudes exprimées dans le Vieux Lyon**.
Il faudra compter 29€ à midi et 39€ le soir, pour pouvoir s’attabler et profiter des buffets à volonté d’entrées et de desserts avec toutes sortes de spécialités locales (les négociations sont en cours avec de belles maisons lyonnaises). « Le prix ne doit pas être un frein. Tout le monde doit pouvoir se faire plaisir » conclut le restaurateur qui compte sur une très forte affluence pour équilibrer ses comptes et amortir son investissement.
Si les travaux – notamment les fresques de l’artiste Alex (ci-dessous) – ne prennent pas de retard, les premiers couverts seront servis aux alentours du 15 avril 2025.
* Cette rumeur a également été colportée au local commercial vacant depuis le départ de l’enseigne Guyot, rue Emile Zola.
** Que les riverains inquiets se rassurent : l’établissement mythique ne viendra donc pas s’ajouter à la liste des restaurants sans alcool déjà présents sur le secteur le plus touristique de Lyon, comme L’Authentik (place du Change), ou La Grillardière AVS (4, rue Lainerie).
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