Texte : Morgan Couturier – Passionnée de photo depuis le plus jeune âge, Isabelle Jaravel connaît pour la troisième fois, les joies d’une sélection en Équipe de France de photographie. Retenue dans la catégorie portraitiste, la Lyonnaise, installée dans le 6e arrondissement, espère enfin décrocher la médaille d’or et aider son pays à décrocher le titre mondial. Une juste récompense pour cette femme créative, bercée par la volonté de prouver « que tout le monde est beau ».
La photographie l’a souvent aidé à s’exprimer, dit-elle, en puisant son argumentation jusque dans l’étymologie même de son métier. Et donc, de cet art si particulier… d’écrire avec la lumière. Alors à quelques mois du verdict final du jury mondial (le top 10 sera annoncé en ce mois de janvier et le vainqueur en avril), la photo pourrait à nouveau esquisser l’un des plus beaux récits de sa carrière.
Alors après deux sélections infructueuses en 2018 et 2019, Isabelle Jaravel espère enfin viser juste, jusqu’à décrocher une breloque dorée dans sa catégorie de prédilection : le portrait. Une médaille on ne peut plus précieuse, lorsque cette même Coupe du Monde de photographie laisse apparaître un fonctionnement digne des Jeux Olympiques, où la nation victorieuse est celle décrochant le plus de médailles. Le tout, sur une dizaine de catégories.
« Sortir la femme de son quotidien et lui donner un côté déesse »
« J’ai été sélectionné par la capitaine de l’Équipe de France, la MOF Sylvie Lezier. On est trois photographes par catégorie et chaque candidat a une photo sélectionnée, jugée par les meilleurs photographes mondiaux. Chaque photo a alors une note attribuée par les 40 pays participants », décrit la professionnelle. Au bout, la récompense n’en serait que plus belle et foncièrement méritée pour cette Lyonnaise au talent déjà largement reconnu entre les frontières de l’Hexagone. De fait, pour parvenir à apporter sa contribution et permettre à la France de succéder aux Brésiliens, Isabelle Jaravel est désormais consciente de l’importance des émotions suscitées par ses photos.
« Le critère numéro 1, c’est l’effet whaouh ! La photo doit être graphique et originale », expose-t-elle. Dans ces conditions, la photographe ne pouvait passer outre un peu de fantaisie. Avec à la clé, un cliché assez mystique, où s’affiche une séduisante jeune femme, cheveux argentés, auréolés d’une couronne, habillée d’un body en dentelles, violet, d’un jupon à cerceaux, décoré de roses, le tout embelli d’un corbeau posé sur le bras (voir ci-dessus). « C’est ce que j’aime faire, à savoir sortir la femme de son quotidien et lui donner un côté déesse », justifie celle qui arpente un studio au 32 rue Juliette Récamier, depuis plus de 13 ans.
« Tout le monde est beau et photogénique »
Un temple entier dédié à la prise de vue, où bon nombre de portraits de Lyonnais et Lyonnaises de tout âge, décorent son QG et illustrent sans même un mot, un style développé sur les bancs de l’école primaire. Une initiation à la photo plus loin, complétée plus tard par une faculté d’arts plastiques à Saint-Etienne et Isabelle Jaravel trouva donc cette voie qui est encore la sienne, bien des années plus tard.
« Mes professeurs m’ont poussé à montrer mon travail alors j’ai commencé à pousser les portes. J’ai eu le droit à ma première galerie d’art à 25 ans avant d’exposer au Palais des Congrès à Paris », avance-t-elle fièrement, animée comme souvent, par ces écrits d’Oscar Wilde laissant entendre que « la beauté est dans celui qui regarde ». Cela tombe bien, la Lyonnaise se dit captivée par l’humain, et cette irrémédiable envie de lui prouver sa beauté.
« Souvent, les gens me disent, je n’aime pas les photos, je ne suis pas photogénique. Mais moi, je veux leur montrer que ce ne sont pas eux, le problème. On peut avoir 1000 visages. Tout dépend de la lumière. Moi, j’aime ce rapport humain et la satisfaction du client qui vient me dire ‘‘ah finalement, ce n’est pas mal’’. J’arrive à changer leur prisme. Néanmoins, ce n’est pas moi qui les rends beaux, ils le sont déjà. Je veux simplement qu’ils se voient avec mon regard à moi. Tout le monde est beau et photogénique. Et moi, je me nourris de ce que je peux leur apporter », évoque-t-elle avec philosophie, l’objectif de son appareil d’ores et déjà orienté vers l’avenir. Vers cet éternel apprentissage qui l’aidera à affiner son regard et à chercher les détails.
« Il y a tellement à apprendre », assure-t-elle. De fait, même médaillée ou championne du monde, Isabelle Jaravel ne cessera de pousser le portrait d’une femme ambitieuse et créative. Sûrement l’un de ses plus beaux clichés.
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