Texte : Christophe Magnette – “Raph’ ? C’est un breton…” Olivier Couvin a les yeux goguenards ; sourire, en coin. Gilles Reinhardt acquiesce. Tous deux veillent particulièrement sur ce garçon qui, en retour, confesse “être proche de deux personnes, au sein de la brigade, les chefs.”
Une origine géographique pour présenter un homme donc, ces fameux bretons que l’on dit fiers, courageux, entiers. Pas de doute alors, Raphaël Garel est bel et bien, breton, des Côtes d’Armor : Pontrieux, Quemper-Quézennec, Paimpol comme horizon, depuis sa prime jeunesse, jusqu’aux prémices de l’adolescence.
Une terre rude pour homme fort. Des terriens de peu de mots : tout est dans les yeux et la posture, tête haute, épaule large, rien ne transperce. À l’exception d’émotions, très fortes avec Raphaël : ce garçon a un passé, raison pour laquelle, il a certainement un (grand) avenir.
La cuisine ? Une évidence, “pour faire plaisir aux gens, en dehors de mon travail.”
Le lycée hôtelier de Dinard l’accueille pour cinq ans. Trois années de bac pro, deux ans de BTS. Le même lycée et le même professeur de cuisine – Didier Roques -, qu’un certain Vincent Le Roux… Un prof qui lui ouvre les portes de Collonges. Le voilà en stage. Son bilan est rédigé par Christophe Muller : “Bon stage : pourra être embauché, sous réserve de l’obtention de son BTS.”
Bocuse acte II, Raphaël revient, sans avoir l’impression d’être parti, “j’avais mes habitudes, je savais ce que je devais faire.” Le voilà chef de partie, aux poissons, une expérience de “trois ans et sept mois.” Seulement, il est jeune, mu par l’envie de se confronter à autre chose : direction Eugénie-les-Bains, chez Michel Guérard. Une saison, avant de revenir à Lyon : fin novembre 2018, il œuvre à La Rotonde. Il y reste six mois.
Au printemps 2019, Gilles Reinhardt lui demande de revenir, un poste de second sous-chef junior l’attend
Bocuse acte III : ses nouvelles responsabilités le poussent à maturer sur un objectif précis, le titre de Meilleur Ouvrier de France, “à l’Auberge, un cuisinier doit tout faire pour l’être.” Ainsi, il se forge une destinée, sous l’œil protecteur – et exigeant – des chefs Couvin et Reinhardt.
Il fait ses gammes sur les concours : remporte, en février 2022, le 71e prix culinaire Prosper Montagné, s’entraine pour le Taittinger, s’étoffe, élargit son spectre de compétences, en toile de fond, la prochaine promotion des MOF. Depuis l’été 2023, il est aussi, l’heureux papa de jumeaux.
Raphaël ? Il est bon. Il est breton.
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