Texte : Christophe Magnette – Daniel Abdallah sourit, toujours. À la vie, à Paul Bocuse, à l’Auberge. Au destin.
À cette existence qui s’écoule dans l’océan Indien, aux Comores. Douce enfance, douce adolescence passée, sous le regard attendrissant de sa grand-mère. Car, son père est en métropole, travaillant pour la Ville de Paris. À quinze ans, c’est le grand saut : Daniel doit s’offrir un avenir, ou du moins s’en donner les moyens. À l’instar de la plupart de ses amis, la porte d’entrée sur l’avenir se nomme Marseille, où – historiquement parlant -, a toujours vécu une très forte diaspora comorienne.
“Il fallait que j’apprenne un métier”. Alors, Daniel s’y attelle. CAP mécanique, brevet professionnel en mécanique générale ; il rate son bac pro. “L’Armée m’appelle : j’effectue mon service, sous les drapeaux. Seulement, à mon retour, j’ai une famille à nourrir : je dois travailler.” La solidarité comorienne s’apprête à faire le reste. Des miracles, comme souvent.
“J’apprends par “Momo”, un Comorien qui travaille, à l’époque, à l’Auberge du Pont de Collonges, que le restaurant Paul Bocuse cherche un plongeur. Ni une, ni deux, je dis, banco ! Je prends le train, le 1er janvier 1997, depuis la cité phocéenne et rejoins Lyon. Bocuse ? Connais pas...” La suite relève d’un film de Noël : “J’arrive à Collonges, le 1er janvier au soir. Le restaurant est donc, fermé ! Et il neige ! Mon ami Momo m’héberge dans un bungalow pour la nuit. Le lendemain, le 2 au matin, je suis accueilli par Roger Jaloux. Et je commence…”
Plongeur, immergé dans l’instant. Où l’art d’apprendre en marchant, voire en courant. Pas le choix, ici c’est Bocuse.
“Plongeur ? C’est un poste ingrat. Et pourtant fondamental, a fortiori, dans un établissement étoilé. Une chose cependant, me marque : la considération de Monsieur Paul à mon égard. Cet homme ne faisait aucune distinction parmi son personnel. Il respectait tout le monde… Quant à moi, je me mets au diapason. Il faut bosser. Mais dans mon esprit, mon sentiment est assez clair : je fais quelques mois, le temps de trouver autre chose et je pars. Sauf qu’un beau matin, Jean Fleury et François Pipala me sollicitent.
Le groom vient de partir. Ils me demandent : “Daniel, ça te dirait de faire le groom ?”
De l’ombre à la lumière, Daniel change d’air. Et d’ère. Le voilà tout de rouge vêtu, au côté de son compatriote Natuk au destin présidentiel. On ne voit que lui. Il est la première personne que les convives aperçoivent, depuis le parking, en descendant de leurs voitures rutilantes, notamment au cheval cabré. Il en est la première image, le premier contact physique. Souvent, le premier et l’ultime souvenir d’une expérience pas comme les autres.
Il est onze heures trente, le service de midi s’apprête à commencer. Daniel a revêtu son habit de lumière. Il est rouge de plaisir. Les trois coups peuvent être frappés, la scène va commencer. Acte I, scène I. Plus d’un quart de siècle que ça dure. Et Daniel sourit, toujours.
j’ai travaillé avec lui à la réouverture du Maisieres en Belgique. Grande découvert et 30 ans plus tard mon épouse et moi sommes venu dîner à collonges moment exceptionnel
c’est vrai que monsieur Paul c’était un grand bonhomme que j’ai connu d’abord en tant que client pour anniversaire de ma mère puis pour les naissances des enfants donc c’est une occasion unique et après je suis venu le livrer en gaz de propane et il a contrôlé en personne là livraison c’est bien inoubliable mais bon c’est bien loin déjà Sinon c’est à l’abbaye où on a fêté quelques événements bravo Mr Paul
J’ai eu la chance dans mon parcours de traiteur de travailler avec , Roger jaloux et jean Fleury, quelle chance