Texte : Christophe Magnette – Ce garçon a soif d’apprendre. Se nourrir – intellectuellement parlant -, s’apparente à un besoin viscéral. Ce conteur de liquide, a besoin de solide.
Un socle de connaissances, la maîtrise des fondamentaux, une vision “vieille France”, assumée et revendiquée par ce jeune trentenaire, une passion inextinguible pour la gastronomie en général, la sommellerie attire de sacrés profils. Éduqué, engagé, charismatique, Thibaut Curioz, symbolise à la fois, cette nouvelle génération et surtout une valeur additionnelle, au sein de l’Auberge du Pont de Collonges.
Une valeur ajoutée surtout, tant ce Savoyard de naissance (d’Aix-les-Bains), semble avoir plus qu’un train d’avance… Est-ce son père, cuisinier en restauration collective ? Est-ce ce grand-père, vigneron ? Est-ce cette volonté “de servir”, dès son plus jeune âge ? Toujours est-il que la volonté “de partir en restauration” n’a jamais fait l’objet de la moindre hésitation.
Direction Thonon-les-Bains, trois ans en BTS hôtellerie.
Thibault aspire à apprendre la cuisine ; une passion soudaine pour le service en salle, en décide autrement. Une évidence : “Cette prestance, le devoir de prendre soin des gens, de les aimer…” Rien qu’à l’écouter, d’aucuns comprennent que ce garçon est quelque peu différent. Il se dit “fou de théâtre, de philosophie et de géopolitique”, passe son temps libre à deux choses : fréquenter des tables – “étoilées ou non”-, et se constituer une bibliothèque.
Se nourrir, au sens propre comme au sens figuré, une constante, chez Thibault. Qui via un brevet en sommellerie, trouve un levier pour satisfaire son intellect. Épicurien patenté, “amoureux de la France, son terroir, sa gastronomie et bien sûr, du vin”, il aime à conter une histoire à chaque service. Tantôt orateur, tantôt magicien, son cœur balance, mais toujours du même côté, vers les autres.
Un équilibre qu’il a, pourtant, un temps, souhaité rompre.
Durant quatre, cinq ans, le voilà caviste, dans le Vaucluse. Une disgression pour mieux revenir : “J’aspirais à voir autre chose (il réfléchit) Peut-être, avais-je besoin de cet intermède pour me persuader que mon choix initial était le bon.” En janvier 2019, il arrive à l’Auberge du Pont de Collonges. À l’entendre, “tout est question de curiosité, d’éveil, d’envie.”
Ce garçon est en formation quasi-continue. Une éponge en quête de savoir, en quête des autres, de lui-même… Qui se dit bluffer par “l’érudition de certains clients”, et enclin à être au plus près d’une nouvelle clientèle, “25-45 ans, davantage éduquée, à la culture du vin.” Entre tradition et modernité, Thibault a trouvé un terrain d’expression idéal. La vie est un apprentissage permanent : Thibault le sait. Il continue à se nourrir. C’est sa raison d’être. Et de vivre.
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