Texte : Philippe Lecoq – La dernière apparition publique de l’homme d’affaires lyonnais Bruno Rousset remonte à juin 2022.
Au Musée des Confluences où Evolem fête ses 25 ans, son fils aîné Nicolas qui préside à l’époque le family office depuis 2020 – son frère Guillaume vient de lui succéder – lui demande de monter sur scène pour rejoindre l’équipe mais aussi ses autres enfants qui siègent au conseil de surveillance. Le moment est symbolique. Une photo fige ce jour hommage. Dernier acte de la transmission, ci-dessous.
Le fondateur de la célèbre société d’assurances April vendue à CVC Capital Partners en 2019 pour environ 900 millions d’euros – et revendue deux ans plus tard 2,4 milliards € au fonds d’investissement KKR and Co ! – fondateur d’Evolem et de la Fondation Entrepreneurs de la Cité, est ramené à son hôtel particulier de Lyon 6.
Depuis cette photo familiale, plus de nouvelles. En vérité, plus de nouvelles depuis la soirée des vingt ans de Lyon People en février 2020 où Bruno Rousset – souriant, l’œil vif, jean gris, veste noire sur chemise blanche et cravate assortie – s’affiche aux côtés de Vanessa Rousset – robe noire et veste rouge éclatante (photo ci-dessous).
Alors, qu’est donc devenu Bruno Rousset, l’un des plus emblématiques entrepreneurs de la ville, patron réputé « social », à la réussite spectaculaire, investi par le biais de ses fondations et/ou ses fonds de dotation dans l’aide à l’emploi des jeunes, l’insertion sociale, ou encore la transition écologique ? Perdu de vue.
Jusqu’à l’autre jour, avec un post de Vanessa Rousset, son ex-épouse, sur LinkedIn.
« Mon ex-mari, le fondateur d’April, est enfermé chez lui sans ordinateur et sans téléphone depuis plus de quatre ans. Il souffre d’une maladie neuro dégénérative : la démence fronto-temporale mais il est encore lucide. La Justice saisie par anticipation par ses enfants l’a placé hâtivement sous curatelle renforcée, en désignant contre sa volonté ses enfants comme curateurs (Bruno voulait signer un mandat de protection future et à défaut, il voulait comme curatrice à la personne sa sœur Brigitte, infirmière). Depuis le jugement, Bruno est enfermé chez lui, il n’a plus accès à ses amis, il n’a plus de téléphone, il n’a plus d’ordinateur. Il n’a plus le droit de sortir déjeuner ou dîner dans son restaurant favori « le Président », même en étant invité ».
Bon sang ! Si les informations livrées par Madame Rousset aux lecteurs de LinkedIn pouvaient se vérifier, la charge est lourde. On apprend d’abord – ou on se le voit confirmé peut-être pour ses amis – que Bruno Rousset est sérieusement malade, une « démence fronto-temporale », et ce depuis plus de quatre ans. Quatre ans ? La soirée de Lyon People a donc été vraiment sa dernière soirée publique ?
Nous apprenons également qu’il serait « enfermé » chez lui, privé de ses amis, en ne disposant plus des outils courants de communication, alors qu’il reste « lucide ». « Enfermé », le mot est fort et sans doute pas choisi au hasard par la présidente d’AMDG, qui a fait – pour mémoire – Polytechnique, les Ponts et Sciences-Po en parallèle. S’il est « lucide », pourquoi le priver de téléphone, de sms, de mels ? Pourquoi le priver de sorties au restaurant ? Et de visites ?
Nous apprenons surtout que cette situation pénible serait due à ses propres enfants
Vanessa Rousset ajoute sans tergiverser : « Personne n’ose le dire mais parfois l’enfermement vient de nos plus proches. Nos propres enfants… » Bref, les enfants de Bruno Rousset auraient décidé de son « enfermement » depuis début 2020 donc, contre l’avis – c’est ce que nous lisons – de Bruno Rousset lui-même « placé hâtivement sous curatelle renforcée, en désignant contre sa volonté ses enfants comme curateurs ».
Mais que s’est-il passé avant février 2020 ? Pourquoi cette curatelle renforcée qu’il n’aurait pas souhaitée ? Pourquoi les enfants sont-ils curateurs et non sa sœur Brigitte s’il l’avait souhaité, pourtant infirmière, que nous n’avons hélas pas pu joindre ? Pourquoi Bruno Rousset n’a pas pu « signer un mandat de protection future » ? Mais peu importe, les histoires de familles sont parfois compliquées et doivent aussi parfois rester « en famille ».
Sauf que. Le post de Vanessa Rousset veut alerter sur une certaine forme de maltraitance. Bruno Rousset serait privé d’amis, de téléphone, et d’ordinateur. Il ne pourrait donc joindre personne à l’extérieur de sa maison.
Il est pourtant entouré d’auxiliaires de vie qui se relaient pour l’aider au quotidien. Une source de son entourage proche nous a même assuré qu’il pourrait sans difficulté sortir au restaurant. « Il se balade au parc de la Tête d’or, accompagné bien sûr, nage dans sa piscine, joue aux échecs… Et déjeune ou dîne comme tout le monde, mais de très mauvais plats préparés livrés à son domicile ».
Bruno Rousset voit de temps en temps ses enfants et sa sœur Brigitte citée dans le post. Il ne parle plus ou presque, mais « comprend très bien tout ce qui se dit », confirme notre source. De son côté, le restaurant « Le Président » dirigé par Christophe et Nicole Marguin n’a, en effet, plus de visites de Bruno Rousset, malgré ses invitations.
Alors, Madame Rousset rend public une situation à forte portée émotionnelle, à laquelle il est malaisé d’assister quand on n’est pas de la famille ou de la justice. Elle lance un appel, un appel à la famille de Bruno Rousset, un appel à ses amis ou anciens amis à demander à le voir, à lui ouvrir en quelque sorte un peu les portes de la liberté.
« Ne l’oubliez pas. Merci pour lui », conclut-elle.
Interrogés par Lyon People, les enfants ont choisi de ne pas répondre directement aux accusations de maltraitance proférées par Vanessa Rousset, comme ils l’ont fait avec notre confrère Lionel Favrot de Mag2Lyon. « Afin de respecter la dignité de notre père et la nécessité d’un contexte apaisé indispensable à son bien-être, tout article de presse mettant en avant sa vie privée n’est pas le bienvenu », nous a indiqué Loïc Rousset par mail, en nous faisant parvenir le communiqué ci-joint :
« Bruno Rousset, fondateur du Groupe APRIL, est atteint d’une maladie incurable, la dégénérescence fronto-temporale (DFT) qui a lui a été diagnostiquée voici maintenant plusieurs années. Ce trouble neurocognitif rare affecte les régions frontale et temporale du cerveau et entraîne progressivement une perte d’autonomie. Il n’existe à ce jour aucun traitement pour cette maladie.
Les mesures de protection et le cadre de prise en charge recommandés par le corps médical ont été mis en place, avec l’accompagnement d’une association spécialisée, et s’adaptent à la progression de la maladie. Dans cette période difficile, la compréhension, la compassion et le respect de la dignité de Bruno Rousset observés par l’ensemble de ses proches constituent un soutien particulièrement précieux pour l’aider à vivre une vie aussi décente et paisible que possible.
Nous remercions celles et ceux qui respecteront notre douleur et notre volonté de discrétion dans cette épreuve et restons naturellement ouverts à toutes les marques de sympathie et d’affection qui voudraient s’exprimer envers Bruno. »
C’était notre intention. Transmettre notre sympathie et notre bon souvenir. Les articles de Mag2Lyon et Lyon People permettront-ils de desserrer l’étau autour de Bruno Rousset ? Nous le saurons très vite. A suivre, donc.
qui dit vrai dans tout ce déballage !