Texte : Séraphin Thérim – « Pour les allocutions laissez faire, mais faites gaffe à la musique ». Cette confidence faite à ses plus proches (le trio du shérif) quelques jours avant que la maladie finisse par l’emporter résume assez bien l’homme que fut Jean-Yves Secheresse.
Elle témoigne de cet humour si particulier dont il a su faire preuve jusqu’au bout. Ce trait de caractère n’a bien évidemment pas échappé à ceux qui, mardi, ont pris la parole – entre deux morceaux de sa play list (les titres choisis jalonnent cet article, ndlr) – pour lui rendre hommage lors de l’émouvante cérémonie organisée salle Jean Couty dans le 9e arrondissement.
De son frère à l’ex-contrôleur général des pompiers Serge Delaigue, en passant par d’anciens collègues enseignants ou élus, chacun a tenu à évoquer l’humanisme de celui qui a su si souvent nouer des liens d’amitié avec celles et ceux que ses multiples vies l’ont amené à croiser. Jean-Yves Secheresse était homme de passions.
Il était curieux ; que ce soit lorsqu’il s’est occupé de sécurité à la mairie de Lyon ou qu’il a présidé le SDMIS (le service des pompiers) et la halle Tony Garnier, il a su se faire apprécier par tous ceux qui n’ont jamais regretté de travailler à ses côtés. Ce n’est pas Thierry Teodori qui dira le contraire.
Si la politique et son militantisme à gauche ont marqué sa vie publique, la musique -surtout le rock- et le foot ont tout autant compté pour lui.
On ne s’étonnera pas dès lors de la diversité de ceux qui étaient présents, mardi. Il y avait là bien sûr les anciens du Parti Socialiste (canal historique) ; notamment Roland Bernard, Jean-Michel Daclin, Jean-louis Touraine, Yvon Deschamps, Georges Kepenekian, Zorah Ait-Matten et quelques autres. On aurait tort de croire que son cercle politique se limitait à ses seuls camarades de parti.
L’opposition était également largement représentée avec l’inoxydable André Soulier qui vient de fêter ses 90 ans et des plus jeunes à l’image du consul Erick Roux de Bezieux, du maire de Mornant Renaud Pfeffer, ou des maires d’arrondissement Pierre Oliver (2) et Pascal Blache (6).
On pourrait encore citer pour les écologistes Bruno Charles ; l’ancien vice-président de la Métropole est aujourd’hui parti prendre l’air du côté du Parc de Miribel Jonage, histoire d’oublier comment il s’est fait doubler par un total inconnu. En l’occurrence Gregory Doucet plébiscité par un quarteron de copains idéologues pour être le candidat écolo pour les municipales de 2020.
A propos du maire de Lyon, on passera sous silence son discours débité avec autant de conviction et de sentiment qu’en dégage un boa constrictor en hibernation.
Il est enfin un autre talent que possédait Sècheresse : le goût de la polémique. Il savait à l’occasion tremper sa plume dans l’encre satirique, preuve que sa fidélité en politique n’a jamais entamé son indépendance d’esprit. Certains se souviennent que, dans les années 90, il s’était amusé à taquiner Gérard Collomb, grand absent de la cérémonie pour cause d’hospitalisation.
Celui qui n’était pas encore maire de Lyon, ni même maire du 9e, avait alors lancé une lettre politique sous le titre « Lyon Confluences ». Avec beaucoup d’humour, un brin d’ironie et pas mal de provocations, Secheresse avait édité une parodie sous le titre « Lyon Influences ». Un quart de siècle plus tard, il s’en amusait encore.
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