Texte : Marco Polisson – Dans un contexte politique marqué par la progression du Rassemblement national, la manifestation syndicale contre l’extrême droite n’a pas rencontré le succès escompté par les organisateurs et leurs amis du Nouveau Front Populaire.
A l’avant du cortège, protégé par un solide service d’ordre de la CGT, le speaker de la camionnette de tête s’époumone, en vain. C’est le même qui l’an dernier, haranguait ses troupes en chantant « l’Internationale ». Des troupes beaucoup plus nombreuses, lors des manifestations contre les retraites. Entre mai et juin 2023, les plus gros rassemblements de l’intersyndicale avaient fédéré jusqu’à 25 000 personnes, selon le bilan chiffré de Tribune de Lyon. On est également très loin des 50 000 manifestants de mai 2002 quand Jean-Marie Le Pen a été qualifié pour le second tour de l’élection présidentielle.
Et autant le thème des retraites est fédérateur auprès des « travailleurs », autant la lutte contre l’extrême droite ne les mobilise pas.
Ce dimanche, il étaient moins de 9600 dans les rues de Lyon. Et pour cause : le parti présidé par Jordan Bardella est en tête chez les ouvriers et les employés quasiment absents de la manifestation lyonnaise, ce qui explique son flop. N’étaient présents dans le cortège que des lycéens et des étudiants d’extrême gauche, des enseignants politisés et des familles écolos venues en vélo cargo des quartiers gentrifiés des pentes et de la Croix-Rousse.
Quant aux syndicalistes présents, il s’agit le plus souvent de professionnels salariés de leurs organisations, de la fonction pûblique ou des grosses entreprises. Ils ont depuis longtemps privilégié la politique politicienne à la défense des salariés qu’ils sont censés représenter, ce qui explique leur non-représentativité dans la classe ouvrière. Ces professionnels du syndicalisme symbolisent la fracture croissante entre les dirigeants et leurs adhérents.
C’est donc en rangs clairsemés que les bobos des beaux quartiers et les rebus de l’ultra gauche accompagnés de militants écologistes ont pris part au rassemblement du jour, place Jean Macé. La tenue des fêtes consulaires, place Bellecour, a contraint les organisateurs à choisir le parcours « rive gauche » qui traboule par les avenues Jean Jaurès, Maréchal de Saxe pour finir place Maréchal Lyautey.
C’est une ville morte que le défilé syndical a traversée
Compte-tenu des manifs de l’an dernier, ce parcours était à haut risque comme nous l’avions annoncé. Prévenus en amont, les Lyonnais ont pris leurs dispositions. Pas question de retrouver leur véhicule incendié ou dégradé. De nombreux commerçants et agences bancaires ont également protégé leurs vitrines, tandis que les habitants ont quitté Lyon avec leurs voitures.
Les manifestants ont donc parcouru les avenues Jean Jaurès et Maréchal de Saxe désertifiées et sans automobiles à casser. C’est une ville morte que le défilé a traversée, encadré par un important et efficace dispositif policier. La Préfecture du Rhône avait mobilisé deux unités de CRS dont la 83 en plus des effectifs locaux et de la BAC qui ont procédé à quatre interpellations pour port d’armes par destination.
Placés en avant-garde, et précédés par les motards du peloton motocycliste, les CRS ont maté les quelques 200 jeunes activistes d’extrême gauche qui avaient pris la tête du cortège, devant la banderole de l’intersyndicale. A chaque provocation, notamment lors des lancers de pétards ou de projectiles, les CRS les ont chargés et arrosés de gaz lacrymogène. Anesthésiés les jeunes révolutionnaires (en herbe) !
Les black-blocks étaient aux abonnés absents. On vous explique pourquoi.
Pris en étau, cernés au Sud par le service d’ordre de la CGT et au Nord par les forces de l’ordre, les jeunes casseurs en couche-culotte, pour la plupart encore la morve au nez, en ont été réduits à marcher, tirant nerveusement sur leurs cigarettes roulées et remplissant leurs poumons de gaz lacrymogène à défaut de gaz hilarant. Après un petit sitting « chez les riches », place Maréchal Lyautey, ils sont rentrés chez papa maman, en Vélo V, dépités. So what ?
L’explication m’a été donnée par Fred, croisé avenue de Saxe. « Les black-blocks sont restés vautrés dans leur canapé en sky, ils font de la politique maintenant ! » analyse cet ancien confrère venu observer la scène désertique. « Chaque action violente accompagnée de vandalisme apporte des voix au RN. Ils sont obligés de mettre la pédale douce, mais on peut craindre le pire le soir du premier et surtout du deuxième tour » pronostique-t-il.
Un désert qui a réduit les efforts propagandistes des manifestants à néant. « Tu parles d’une mobilisation de masse ! On se croirait rue Grenette, bravo pour ta série Lyon écolos ! » m’interpelle Serge D en enfourchant prestement son vélo. Va comprendre, Marco !
Prochain épisode mercredi prochain. Ce sera la 4ème mobilisation (reportages ici) depuis la victoire du Rassemblement National qui continue de caracoler en tête des sondages pour les prochaines élections législatives. So what ?
Bravo Marco, tu me vends du rêve, un très bon écrivain de SF -peut être un peu trop à droite, mais tu as réussi à me faire bien rire.
lol
Bravo Lyon People. Chacun de vos articles bourré de mauvaise foi me fait rire !
Continuez comme ça, vous êtes magiques !
Du vrai travail de poête. Pouet Pouet !!
Bravissimo Marco !
Prends ta lambo et rentre chez toi
Un sacré travail de journaliste. Attention vous citez vos sources ça pourrait être dangereux 😉