Texte : Marco Polisson – Devant plus de 600 personnes réunies à l’Atrium, Pascal Charmot a mis en exergue les multiples réalisations de 2024 avant de se projeter sur le millésime 2025 qui s’annonce rugueux en raison de la conjoncture mais surtout des adversités métropolitaines et préfectorales.
Les communes de Tassin La Demi-Lune et d’Ecully sont voisines mais n’ont jamais réussi à s’accorder sur leurs dates de vœux. Rebelotte donc cette année encore. Alors que Pascal Charmot recevait maires et élus des communes amies (Sainte-Foy les Lyon, Craponne, Bully, Saint Genis les Ollières et Caluire et Cuire), à sa traditionnelle cérémonie des vœux, Sébastien faisait de même à trois kilomètres de là avec ses soutiens LR.
La comparaison ne s’arrête pas là. Si le maire d’Ecully a développé une thématique guerrière envers les élus écologistes de la Métropole de Lyon, son homologue tassulinois n’a pas été en reste durant un discours de vœux qui s’est d’abord voulu tourné vers la France : « Je souhaite que le nouveau gouvernement trouve les ressorts et moyens nécessaires pour redonner un cap et une vision à notre pays. Un pays tant divisé, trop, assiégé par les revendications catégorielles et corporatistes, miné par le communautarisme, gangréné par la délinquance meurtrière et multiformes alors que l’unité est impérative si nous voulons trouver les voies du redressement. »
« Tassin la Demi-Lune, ce n’est pas juste un nom. C’est une ville qui rayonne par son attractivité, son patrimoine, son tissu associatif, son dynamisme. C’est la ville cœur de l’ouest lyonnais, pleine de vies ».
Comme pour toutes les collectivités, « l’année 2024 a été complexe comme du reste l’ensemble de ce mandat sous lequel se sont succédé les crises. Malgré tout, nous avons pu surmonter l’adversité par notre engagement collectif et notre expérience de l’action de proximité. Cette adversité, il est très regrettable qu’elle soit de plus en plus le fait des choix politiques de la Métropole et des logiques d’injonction de l’Etat. Au lieu d’être incitatives elles sont méprisantes et ignorent la volonté locale en définitive. Cela doit changer ! » a tonné Pascal Charmot, avec dans son viseur la Métropole de Lyon (écologiste) et la Préfecture du Rhône.
« Ne pas plier, voici mon combat quotidien »
Avec l’exécutif écologiste de la Métropole, la guérilla est quotidienne. Et ça touche aussi bien la voirie, circulation, mobilité, planification urbaine, tramway TEOL, ZFE, autoroutes à vélos, « cette métropole tellement loin du terrain, tente de s’imposer par la force dans la plupart de nos projets. Le projet de tramway TEOL que je combats pour la vision étriquée de la mobilité qu’il promeut et nous promet, est l’illustration la plus symptomatique. »
« Nous souhaitons un mode de transport durable, visionnaire, véritablement plus écologique et adapté, lorsqu’ils envisagent un projet en demi-teinte et destructeur pour notre cadre de vie, sous prétexte que l’ambition pour le territoire n’est pas nécessaire. La non-mobilité est en vérité préférable à leurs yeux, dans la logique de décroissance qu’ils prônent. En réalité, ils cachent leurs insuffisances techniques et financières derrière le martelage d’arguments écologistes qu’aucun d’entre nous ne peut accepter ».
Et le maire de réaffirmer son soutien aux Tassulinois menacés d’expropriation. « En mairie de Tassin la Demi-Lune, pas une semaine ne se passe sans que je sois interpellé par des habitants inquiets dont la propriété est menacée et qui se sentent laissés pour compte par le Sytral et la Métropole. TEOL, non merci, n’est pas qu’un slogan, c’est l’expression du besoin d’une alternative adaptée pour le territoire et la Métropole, celle d’un plan métro que le Sytral a jeté à la fosse en 2021. »
« La Préfecture ne sait pas mieux faire que nous ! »
Et s’il n’y avait que le dogmatisme des écologistes à affronter ! Mais Tassin la Demi-Lune doit également se frotter à la Préfecture du Rhône qui lui a supprimé l’an dernier la gestion des permis de construire collectifs, pour cause de manque de logements sociaux. Sans tenir compte du fabuleux patrimoine bâti de la commune auquel notre magazine a consacré un numéro de 300 pages, l’an dernier*. « Après une année de reprise par la Préfecture de l’instruction des permis de construire collectifs où en sommes-nous ? » interroge publiquement le maire de Tassin. Et de donner les résultats :
« Sur le papier, 4 permis accordés par la préfecture en 2024. Et seulement 8 logements sociaux qui entreront dans le bilan quantitatif et qualitatif triennal fin 2025. On note zéro logement social dans certains projets. Je vous annonçais l’an dernier que nous attaquions cette décision de nous retirer l’instruction des permis. Les permis accordés par la Préfecture aussi, en cohérence, et dès lors qu’ils sont contraires à notre politique. Celle que vous m’avez confiée de mener. En revanche, nous avons approuvé le permis pour la création de 8 logements en habitat inclusif porté par l’institut Mérieux, projet que nous avions d’ailleurs travaillé dès 2023 et validé. »
Quelle conclusion tirer à ce stade ? « J’en vois une : la Préfecture ne sait pas mieux faire que nous ! Le marché de l’immobilier est en crise. Il l’était encore plus quand nous avions la gestion de l’attribution des permis, notamment entre 2020 et 2023 dans le contexte du Covid et de la guerre en Ukraine, de l’inflation des coûts de l’énergie, etc… Il ne se rétablira pas en 2025, ni en 2026, je le crains. C’est d’ailleurs un souci pour nos finances communales. Les recettes issues des droits de mutation (frais de notaire) ont baissé de 30% en deux ans. Oui, 2024 a été une année laborieuse a bien des égards et pourtant à Tassin la Demi-Lune, nous avons avancé, fait des arbitrages nécessaires dans nos projets, en gardant le cap fixé ! »
Dans l’adversité, et alors que des dizaines de projets sont encore dans les cartons, le maire de Tassin va-t-il rempiler en 2026 ? « S’investir en politique est certes une passion mais c’est aussi un dévouement de chaque instant…. Il impose des sacrifices. La famille en connait les contraintes. Mais sachez que ce dévouement je ne l’imagine pas autrement. Cet engagement pour Tassin la Demi-Lune et les Tassilunois autour de futurs projets, je compte avec vous le poursuivre en 2026. » a-t-il conclu sous les yeux de son principal opposant Julien Ranc et sous les applaudissements de l’assistance.
* Magazine Lyon People « Les secrets de Tassin la Demi-Lune », 300 pages, 10 euros.
Disponible sur simple demande à la Mairie de Tassin
L’Atrium
Jeudi 16 janvier 2024
0 commentaires